L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. En février, intéressons-nous à la romance et à sa nouvelle ambassadrice, Colleen Hoover.
Tendance romance
Baptiste Liger : « La vogue de la romance a encore frappé avec un phénomène qui porte un nom, Colleen Hoover. On vous en dit plus tout de suite.
Évidemment, voilà un genre littéraire qui a parfois un petit peu mauvaise réputation, qu’on considère comme un peu sirupeux, un peu niais. Mais, toujours est-il que, au fil des siècles, la romance reste un genre plébiscité par les lecteurs et plus précisément par les lectrices.
Les histoires d’amour en littérature, bon, on pourrait les faire remonter jusqu’à l’Antiquité. Mais la romance telle qu’on la connaît aujourd’hui, grosso modo, a été déterminée chez les auteurs anglo saxons, on va dire XVIIIe, XIXe siècle, avec en nom totémique, évidemment, Jane Austen, l’autrice d’Orgueil et Préjugés, auquel d’ailleurs, les auteurs contemporains de romances font généralement référence. Il est toujours assez amusant de pointer ces petits clins d’oeil qui sont très fréquents dans la romance.
Intérêt du public, les éditeurs ont vu là un filon juteux et on a ainsi vu au XXe siècle de nombreuses collections être créées, notamment Harlequin, avec ses collections rose bonbon avec ses fleurs en couverture et ses robes flamboyantes qui ont fait un tabac pendant des années et des années, mais aussi parfois sur des noms d’auteurs dont on se dit qu’ils n’ont peut-être pas tout écrit, il y avait peut-être un collectif d’écrivains, mais qu’importe, Barbara Cartland, Danielle Steel, même si elle met généralement un peu de polar dans celle-ci, ou bien encore plus récemment, Nora Roberts.
L’une des forces de la romance, est certainement de reposer toujours sur le même arc narratif, la même trame, à savoir une histoire d’amour entre un homme et une femme, même si évidemment, le schéma peut bien sûr varier avec un couple masculin, un couple exclusivement féminin, avec un trio ou un quatuor, un quintette, que sais-je, ou même parfois des créatures fantastiques, oui, oui.
Et de faire varier cette histoire très simple avec les codes d’autres genres, puisque la romance se mêle volontiers au polar, à la fantasy, à la SF, aux romans historiques ou bien encore à la comédie. Et c’est ce qui lui permet d’avoir une grande palette, une grande richesse de ton.
Dans les années 2000, la romance a connu un nouvel essor grâce à Internet, grâce aux réseaux sociaux, avec l’émergence de talents souvent sortis de l’auto-édition. E. L. James, avec sa fameuse saga Cinquante nuances de Grey, qui a donné un sacré coup de fouet à la romance. Voilà, ça, c’est fait.
Ou bien encore Stephenie Meyer, avec ses vampires, même si on est peut être un peu plus proche du fantastique, mais qu’importe. Ou Anna Todd, ses livres écrits sur son téléphone, vous savez, la saga After.
L’événement : Colleen Hoover et À tout jamais
Mais celle qui nous intéresse aujourd’hui, c’est celle qui a supplanté en cette rentrée d’hiver en France, Daniel Pennac, Philippe Claudel, Pierre Lemaitre ou bien encore le prince Harry, à savoir Colleen Hoover.
Cette quadragénaire originaire du Texas qui rêvait d’être journaliste et qui a finalement oeuvré dans le social. Au début des années 2010, elle a décidé de prendre son destin en mains, d’assumer sa passion et d’écrire ce qui sera son premier roman. Très bonne idée puisque le succès, d’estime tout du moins, a été immédiatement au rendez vous et n’a cessé de s’amplifier au fil des années.
C’est ainsi qu’en 2016, 2017 arrive une véritable déferlante dans les librairies du monde entier avec l’apparition de ce qui est aujourd’hui le livre de référence dans l’œuvre de Colleen Hoover, à savoir, Jamais plus. Un roman dont le succès doit beaucoup, bien sûr, à son intrigue très efficace, à ses personnages, à son côté très émouvant, mais aussi à une communication extrêmement efficace et très maligne de la part de celle que ses fans appellent CoHo sur un réseau social bien connu et pas n’importe lequel, Tik Tok, ou BookTok pour les intimes…
Les admirateurs, ou plus généralement les admiratrices trépignaient déjà depuis cinq ans. Ça y est, enfin, la suite de Jamais plus est disponible et se retrouve déjà en tête de tous les classements, son titre, À tout jamais. On retrouve donc cette héroïne culte, Lily, désormais mère de famille et séparée de celui qu’elle a tant aimé.Mais voilà, son amour de jeunesse, Atlas, va revenir dans sa vie. Lui, c’est une sorte de restaurateur promis à un très bel avenir. Mais, gare aux fantômes du passé, notamment les violences conjugales, familiales, qui étaient d’ailleurs au cœur du premier volet, Jamais plus et qui avaient valu à cet ouvrage son étiquette de romance sociale.
On tient sans doute là le secret de la singularité de la patte de Colleen Hoover, justement dans cette capacité à raconter une histoire simple sur un ton assez divertissant et plein de rebondissements, tout en posant de véritables questions sociétales bien contemporaines et avoir un regard sur certains de ses maux. Et c’est sans doute ce juste dosage qui plaît tant aux lecteurs du monde entier. À noter d’ailleurs, la très prochaine adaptation en série télé de Jamais plus, avec, dans le rôle principal, Blake Lively. Pardon, madame Blake Lively…
Autant dire que la romance a encore de beaux jours devant elle et quelque chose me dit que l’amie Colleenn’a pas fini de gravir les sommets. »
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