Libertin décomplexé, manipulateur patenté, vil séducteur… Le vicomte de Valmont est l’un des anti-héros les plus connus de la littérature. Avec la marquise de Merteuil, il règne en maître dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Lacos et sa réputation sulfureuse perdure jusqu’à nos jours.
Un libertin pris à son propre piège
En 1782, paraît le roman épistolaire Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, composé de 175 lettres rédigées par les deux protagonistes de l’histoire, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont. L’auteur a pris un soin infini pour faire croire qu’il s’agit de lettres authentiques et non de fiction, ce qui a contribué au succès de l’œuvre et à sa renommée à travers le temps.
Libertin revendiqué, adepte des relations sans lendemain, il en est une qui parvient à percer la carapace du vicomte, car elle est de la même eau que lui, son ancienne maîtresse la marquise de Merteuil. Tous deux manipulateurs, ils s’entraînent l’un l’autre dans des machinations perfides. Ce qu’elle souhaite, c’est humilier le comte de Gercourt, un de ses amants, en poussant Valmont à séduire la future jeune épouse de ce dernier, Cécile de Volanges. Mais Valmont préfère de son côté charmer la présidente de Tourvel, éprise de religion. Un défi de taille pour le grand séducteur.
Le début de la fin pour lui : il en tombe amoureux, mais accepte de la quitter suite à un énième défi lancé par la marquise de Merteuil. Mme de Tourvel en développera une maladie funeste et Valmont sera tué lors d’un duel l’opposant à un amant de la marquise.
La définition du pervers narcissique
Laclos ne décrit toutefois pas précisément la vie de son héros. On n’y apprend simplement quelques bribes de son passé, le strict nécessaire : il est un séducteur qui a brisé bien des cœurs. Refusant la moindre attache sentimentale, il affiche avec morgue son physique avantageux et méprise son entourage avec un cynisme dont il est fier. Ce qu’il aime, c’est tout faire pour parvenir à ses fins en matière de charme et abandonner la demoiselle une fois que celle-ci s’est donnée à lui. Alors, il retourne à sa liberté chérie, à la recherche d’une nouvelle proie. Un personnage que l’on qualifierait aujourd’hui de pervers narcissique.
Toutefois, Valmont se trouve également dans la tourmente des sentiments. Il en nourrit toujours pour la marquise de Merteuil qui le tient sous sa coupe, n’hésitant pas à le sacrifier lorsqu’elle s’aperçoit qu’il commence à en aimer une autre. Mais à sa mort, on découvre sa correspondance avec sa cruelle maîtresse, provoquant un vaste scandale dans le milieu de la noblesse.
Un anti-héros populaire
Incarnant le mal qui fascine, le vicomte de Valmont est très rapidement devenu un personnage de littérature populaire. On aime détester les anti-héros et surtout, on raffole de les voir chuter. Sa notoriété a donc dépassé les frontières de la seule littérature, pour gagner le grand écran. Il a ainsi été plusieurs fois incarné au cinéma, notamment par Gérard Philippe chez Roger Vadim, John Malkovich dans Les Liaisons dangereuses de Stephen Frears, Colin Firth dans Valmont de Milos Forman et même en version moderne et rajeunie par Ryan Phillippe dans Sexe Intentions. Le Vicomte n’a pas fini d’étendre sa séduction…