Décryptage

La musique dans le jeu vidéo : une histoire venue du Japon

03 octobre 2022
Par Adèle
La musique dans le jeu vidéo : une histoire venue du Japon
©Nintendo

C’est aujourd’hui une culture avec autant d’importance que le cinéma. Et l’art vidéoludique, tout comme le septième art, n’aurait sans doute pas le même impact sans la musique. Au Japon, les plus grandes sagas et les personnages les plus iconiques ont tous leur thème, fruit du travail de compositeurs extrêmement talentueux, comme Koji Kondo, Nobuo Uematsu ou Keiichi Okabe. On décrypte.

Le Japon, ou l’invention de la musique dans les jeux vidéo

Dès 1978, un jeu vidéo est rendu célèbre par son thème musical : dans Space Invaders, sur borne d’arcade, les redoutables extra-terrestres suivent un rythme martial, qui accélère au fur et à mesure qu’ils approchent du canon qu’incarne le joueur. Si cette mélodie reste rudimentaire, l’idée d’utiliser la musique pour dramatiser et illustrer les situations d’un jeu fait leur chemin. Et notamment au sein d’un studio, Nintendo, qui développe au début des années 1980 un jeu dont le scénario a été écrit avant la programmation, Donkey Kong. Première apparition de Mario, qui s’appelle encore Jumpman, à l’époque, ce jeu de plate-forme à défilement vertical contient un thème musical par niveau, ce qui le rend assez iconique et innovant.

Lorsqu’ils conçoivent la première console de salon populaire, la fameuse NES, Nintendo intègre un processeur audio. Celui-ci permet d’exploiter les volumes et comprend un générateur d’ondes. Si la très reconnaissable signature sonore « 8-bits » a longuement influencé la musique electro, ce matériel offre aussi la possibilité de créer des illustrations et des effets sonores polyphoniques. Alors que c’est le réalisateur Shigeru Miyamoto qui avait composé la musique de Donkey Kong, la société japonaise confie la bande originale du premier grand jeu de la NES à un spécialiste : Koji Kondo. Ce dernier a étudié à l’université d’art d’Osaka, et se passionne à la fois pour la composition et la programmation.

Il crée donc la bande sonore de Super Mario Bros, avec trois thèmes parmi les plus célèbres de l’Histoire, dont évidemment le premier niveau, mais aussi les tableaux souterrains et sous-marins du roi des jeux de plate-forme. L’homme, devenu superviseur en chef du son chez Nintendo, offre également quatre mélodies à l’autre titre majeur de la NES, The Legend of Zelda. Dès lors, il donne au rôle du compositeur une importance capitale dans l’univers vidéoludique. Il reste en effet associé à tous les épisodes des deux franchises sortis depuis. Et compte quelques très grandes réussites, comme l’incorporation de l’instrument éponyme dans le gameplay de The Legend of Zelda : Ocarina of Time, ses participations à Super Smash Bros., ou encore son dernier score de légende, pour Super Mario Odyssey sur Switch.

La musique dans le jeu vidéo japonais : une histoire de franchise

Nombreux sont les studios qui, à la suite de Nintendo, comprennent l’importance de la musique dans la mise en place de jeux iconiques, avec des personnages forts. C’est en particulier le cas de deux développeurs spécialisés dans les jeux vidéo narratifs, Square Enix. Ce dernier innove en 1986 en sortant le premier volet de Dragon Quest, adaptant le genre du RPG à l’univers des consoles. Dès lors, le studio définit une esthétique visuelle et sonore qui inspire tous les concepteurs. Square reprend la recette en 1987, avec le premier épisode de la saga Final Fantasy. La firme a, on peut le dire, le nez creux : c’est à Nobuo Uematsu que revient la charge de composer la bande sonore du titre, qui devient rapidement un énorme succès. Avec son thème initial, sa musique de combat, ses mélodies dédiées aux chocobos, fidèles montures des héros, un univers sonore complet accompagne le jeu, et N. Uematsu en reste la figure tutélaire. Il participe ainsi à l’ensemble des épisodes, et délivre notamment le fameux One-Winged Angel, musique du boss final (Sephiroth) de Final Fantasy VII, ou Liberi Fatali, air d’ouverture opératique de Final Fantasy VIII.

En dehors des RPG, d’autres sociétés s’associent à des compositeurs japonais, parfois célèbres avant même leur incursion dans l’industrie vidéoludique. C’est le cas de Sonic : les deux premières bandes originales du hit de Sega proviennent de Masato Nakamura, également star de la J-Pop avec le groupe Dreams Come True. On retrouve d’ailleurs dans la b.o. assez speed des aventures du hérisson bleu le goût de l’homme pour des arrangements rapides et mélodieux. D’autres franchises célèbres ont adopté, par ailleurs, une identité sonore reconnaissable : Megaman, côté Capcom, d’inspiration électronique et rock, Castlevania, chez Konami, plus gothique, ou encore Metroid, fruit notamment du travail de Kenji Yamamoto. 

Aujourd’hui encore, de grands noms associés à la musique de jeux vidéo au Japon

La sortie des consoles 32 et 64 bits a permis d’améliorer la qualité sonore et d’exploiter la musique enregistrée, et non plus synthétique, dans les jeux vidéo. Une étape technologique qui n’a cependant pas mis à l’index les compositeurs des grandes franchises nippones, qui ont pu réorchestrer leurs mélodies les plus célèbres. C’est aussi à cette époque que la musique de jeux vidéo commença à rivaliser avec la musique de films : un titre comme Metal Gear Solid, et ses suites, a laissé une empreinte durable aux joueurs grâce à leur caractère cinématique et grandiose, avec un emploi fort bienvenu de véritables orchestres.

Ces dernières années, de nombreux compositeurs ont ainsi émergé grâce à leur talent dans ce domaine. Motoi Sakuraba, spécialiste du rock progressif, s’est mué en un artisan très polymorphe, avec sa contribution à la franchise Dark Souls, dont il a illustré l’ambiance sombre. Junichi Masuda, fait plus rare, a gagné une grande popularité en étant à la fois le compositeur des principales musiques de la saga Pokémon, et en réalisant certains épisodes. Parmi les plumes les plus intéressantes de ces dernières années, notons enfin le travail de Keiichi Okabe, qui, sur les différents épisodes de Nier, et notamment Nier Automata, semble avoir hérité de la grâce et du lyrisme d’un Nobuo Uematsu.

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