Cinéaste de plus en plus prolifique, pape des pitchs les plus improbables réunissant des castings toujours plus exceptionnels, Quentin Dupieux revient avec une nouvelle comédie dont il a le secret : Daaaaaali !, en salles le 7 février. Portrait d’un réalisateur (et musicien) qui se dédie des conventions avec brio et humour.
Quentin Dupieux : de la musique à la réalisation
À la fin des années 1990, sous le pseudonyme de Mr. Oizo, Quentin Dupieux se lance avec succès dans la musique électronique. Le titre Flat Beat obtient un succès international (plus de trois millions de copies écoulées) et son clip n’y est pas pour rien. On y suit les (més)aventures de la marionnette jaune Flat Eric qu’il a créée pour l’occasion, comme une sorte d’avatar de lui-même. La créature apparaît également dans des publicités et un jeu vidéo. À l’instar de Michel Gondry dont il affectionne le travail, Dupieux affiche un goût certain pour l’expérimental et les images décalées. De 1999 à 2016, il signe plusieurs albums et EP, tout en se consacrant de plus en plus au travail de l’image. Mr. Oizo laisse peu à peu la place à Dupieux.
Quentin Dupieux et ses histoires inattendues
Après Nonfilm en 2001, un premier film mêlant fiction et réalité, Dupieux met en scène Éric Judor et Ramzy Bedia dans Steak, considéré comme l’une de leurs meilleures comédies (bien que la plus expérimentale), un road-movie absurde sur fond de chirurgie esthétique, à la bande-son électro signée Mr. Oizo bien évidemment. Il faudra attendre Rubber en 2010 pour que le style Dupieux s’affine, avec une formule inchangée à ce jour : un pitch ultra-court, étirant une situation inattendue sur 1h20 en moyenne et mêlant plusieurs genres. Si la comédie l’emporte, le fantastique n’est jamais très loin.
Rubber conte ainsi les aventures d’un pneu tueur aux pouvoirs télékinésiques. Dans Wrong, un homme qui a perdu son travail continue de faire comme si de rien n’était. Dans Wrong Cops, des flics dans une société sans crime (!) doivent cacher le cadavre d’un des leurs tué accidentellement. Réalité montre l’envers du décor du cinéma avec un réalisateur à la recherche du meilleur cri pour un film d’horreur. Dans Le Daim, un homme en veste en daim décide que tous les autres blousons doivent disparaître de la circulation, quitte à tuer. Et dans Mandibules, une mouche géante trouvée dans un coffre est dressée par deux losers pour accomplir des méfaits.
Mais Dupieux complexifie toutefois son cinéma, dans des mises en abyme perpétuelles (Au poste ! peut se voir autant comme une comédie policière que comme une pièce de théâtre) ou des histoires plus étoffées. Incroyable mais vrai surprend : ici, le réalisateur s’éloigne de son pitch initial (un couple achète une maison possédant une cave aux pouvoirs spatio-temporels) et développe son histoire, étoffant ses personnages et créant un véritable film méta qui risque de désarçonner son public. Tandis que Fumer fait tousser promet par son regard déphasé sur le genre du super sentaï façon Power Rangers.
Un casting de stars
Si au début, ce sont des inconnus qui jouent dans ses premiers courts et longs-métrages, très vite des acteurs renommés vont vouloir faire partie de son univers lunaire et déjanté. D’abord Éric et Ramzy qui en sont proches. Ils sont ensuite rejoints par des stars de la comédie ou des comédiens césarisés. Alain Chabat ouvre le bal pour Réalité, Benoît Pooelvorde pour Au poste !. Jean Dujardin enfile la veste en daim comme personne dans Le Daim, Adèle Exarchopoulos est nommée au César du meilleur second rôle féminin pour sa prestation en volume maximum dans Mandibules. Et petits derniers à rejoindre cette famille particulière du cinéma : Léa Drucker, Benoît Magimel, Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste et Gilles Lellouche. L’univers de Dupieux n’a pas fini de s’étendre…
Des projets toujours plus imprévisibles
Dupieux ne semble jamais en manque d’inspiration et continue de surprendre avec un cinéma toujours plus inventif. En 2022 ce sont deux longs-métrages qui le mettront en avant. Tout d’abord Incroyable mais vrai, ainsi que Fumer fait tousser. Deux films toujours empreints d’humour absurde qui parviennent à plaire au public. Dupieux sait se renouveler et il le prouve une nouvelle fois un an plus tard avec Yannick, un film surprise annoncé un mois seulement sa sortie en salles. Avec une durée d’une petite heure, Yannick offre une charmante et émouvante critique de la critique artistique à travers le personnage éponyme, brillamment interprété par l’acteur Raphaël Quenard, qui interrompt et réécrit à sa manière une pièce de théâtre. Une véritable réusite pour le réalisateur qui a attiré près de 500 000 spectateurs.
Début 2024, le 7 février, le réalisateur revient avec un nouveau projet intitulé Daaaaaali ! et s’aventure dans l’atmosphère bien particulière du célèbre peintre Salvator Dali. Un thème tout aussi déjanté que la créativité de Dupieux dans lequel ce dernier pourra à n’en point douter laisser libre cours à son imagination débordante. Cette fois-ci, nous pourrons retrouver une nouvelle palette d’acteurs tels qu’Anaïs Demoustier, Edouard Baer et Romain Duris.