Décryptage

Le cinéma de Justine Triet, du documentaire à la Palme d’or

16 août 2023
Par Lucie
Le cinéma de Justine Triet, du documentaire à la Palme d’or

En mai dernier, le jury du Festival de Cannes remettait la Palme d’or à Justine Triet pour son film Anatomie d’une chute, sur nos écrans le 23 août prochain. La consécration pour la réalisatrice, à la filmographie à la fois exigeante et populaire.

Un cinéma social

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© Getty Images

Justine Triet vient tout d’abord du documentaire. Après les Beaux-Arts, elle se dirige vers la vidéo dans l’optique de filmer le réel. En découleront trois films entre 2007 et 2010, inscrits dans l’actualité. Sur place a été tourné pendant le mouvement social contre le CPE en 2006 ; Solferino a été réalisé entre les deux tours de la présidentielle de 2007 du point de vue du siège du Parti socialiste, situé à l’époque rue de Solferino. Quant à Des ombres de la maison, filmé au Brésil dans un centre social, il montre le quotidien d’une mère de famille en proie à ses addictions.

Forte de ces expériences, Justine Triet s’intéresse à la fiction mais toujours guidée par le naturaliste, avec un court-métrage, Vilaine fille, mauvais garçon, récompensé à la Berlinale de 2012. Il conte l’histoire d’une comédienne et d’un peintre, dans une vie de galères du quotidien. Le clou sera enfoncé avec son premier long, La Bataille de Solferino, prolongement de son documentaire Solferino, mais cette fois-ci pendant la présidentielle de 2012. Le film révèle Vincent Macaigne et Laetitia Dosch, tandis que Justine Triet entre dans le cercle fermé des femmes réalisatrices françaises.

Un cinéma féministe

Féministe dans l’âme, Justine Triet en profite pour mettre les femmes au cœur de son cinéma, en les présentant dans toutes leurs aspérités, bonnes et mauvaises, sans jugement. Dans La Bataille de Solferino, plutôt que toute l’intrigue politique qui sert de fil conducteur au récit, c’est à la vie de son héroïne que la réalisatrice s’intéresse, journaliste de télévision sur le terrain. Dans Victoria, Virginie Efira incarne une avocate mère de famille et célibataire, devant gérer à la fois une affaire complexe et un quotidien tout aussi chaotique. Elle fait alors appel à un jeune homme pour garder ses filles, Vincent Lacoste, dont elle va tomber amoureuse.

Juliette

@ Getty Images

Dans Sybil, Virginie Efira est cette fois-ci une psychothérapeute engagée par une actrice dépressive (Adèle Exarchopoulos) pour l’accompagner sur son dernier tournage. Enfin, dans Anatomie d’une chute, Justine Triet met en scène une femme accusée du meurtre de son mari, avec en toile de fond, les préjugés qui existent toujours concernant les femmes fortes et indépendantes.

Une Palme d’or méritée

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@ Getty Images

Lors de la dernière édition du Festival de Cannes, un film semblait avoir la Palme toute tracée : The Zone of Interest de Jonathan Glazer avec Sandra Hüller en tête d’affiche (tout comme dans Anatomie d’une chute). Mais contre toute attente, il n’a remporté « que » le Grand Prix, laissant la récompense suprême au polar ambigu de Justine Triet. Une Palme historique, puisqu’il s’agit de la troisième obtenue par une réalisatrice (après Jane Campion en 1993 et Julia Ducournau en 2021) et qui synthétise tout le cinéma de Triet : le documentaire (le film est tiré d’un fait divers et la réalisatrice est fascinée par l’affaire Amanda Knox), la portée sociale (un mari et une femme en proie à des disputes perpétuelles) et le féminisme, avec une nouvelle héroïne en figure de proue. Après une telle consécration, qui sait où désormais le cinéma de Justine Triet va nous mener ?

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Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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