Entretien

Le Forum des Lecteurs interview Benoît Philippon

31 mai 2022
Par Anastasia
Le Forum des Lecteurs interview Benoît Philippon

Auteur, réalisateur et scénariste, Benoît Philippon est loin d’en être à son premier coup d’essai. Célèbre pour ses romans noirs aux verbes rythmés par un humour décapant, notre écrivain à la plume franche a permis aux membres du Forum des Lecteurs Fnac de lui poser toutes leurs questions. Une interview riche sur la force de création et sur la naissance des personnages.

Petiote@Yza29 : Avez-vous en tête la trame de votre roman avant de commencer à l’écrire ?


Benoît Philippon : « Ça dépend des projets. Je peux parfois commencer sur des personnages et leur thématique. La trame peut se dérouler dans un second temps. Je peux partir sur une image, une scène, une idée, puis voir où ça me mène. Ce qui était le cas de Cabossé.

Mais en règle générale, oui, j’ai le gros du chemin de fer narratif. Parfois tout est bordé précisément, parfois je me laisse la latitude de digresser, voire de prendre des chemins de traverse en cours de route. C’est les personnages qui mènent le jeu, leur vie. Moi, je lance juste l’impulsion.

@Yza29 : D’où vous vient votre style d’écriture ?


Du scénario, donc du dialogue. J’écris des films depuis que j’ai une vingtaine d’années. Je me suis donc confronté très tôt à l’écriture dialoguée. La construction des personnages, la structure, l’arche narrative aussi évidemment, mais la couleur du style vient des dialogues. J’ai voulu garder cette couleur dans mon approche littéraire, donc dans mes romans.

Ado, je me biberonnais aux films de Bertrand Blier (pour les dialogues), puis le cinéma américain des années 90 (les frères Coen, Tarantino). Le mélange de genres a teinté mon style d’écriture : décalé, humour noir, émotion, tension. Tout ça peut être un joyeux bordel qui se marie bien, si bien dosé.

« Le mélange de genres a teinté mon style d’écriture : décalé, humour noir, émotion, tension. »

@Finskan : Pensez-vous que des études de lettres soient indispensables pour devenir écrivain ? Si non, quel « + » apportent-elles ?

Non, je ne pense pas qu’on apprenne à bien écrire durant des études de lettres. Ça donne un bagage culturel, un esprit d’analyse, une boîte à outils riche dans son rapport à l’histoire de la littérature, aux romans etc… mais pas une plume. Il y a des gens très cultivés qui écrivent mal et inversement.

Il n’y a selon moi pas de règles. En cinéma, beaucoup de professionnels ne sortent pas d’école, ils apprennent sur le plateau. Il faut pratiquer, c’est le plus important. Pour écrire, il faut écrire, beaucoup, se confronter à la page, à l’inspiration, à soi, à ce qu’on a à dire. C’est bien de lire les autres, de les étudier, mais au final, l’écriture c’est un travail très intime et personnel.

@Koko : Quels sont vos moteurs pour écrire ? Comment vous vient l’inspiration ?

Le café ? Non, plus sérieusement le moteur principal c’est les personnages. Une fois que je les ai rencontrés, j’ai envie de les retrouver durant le processus d’écriture pour voyager avec eux, voir où ils m’emmènent. Voir comment ces personnages aux personnalités atypiques peuvent se construire des destins exceptionnels, parce que différents.

Difficile de dire d’où vient l’inspiration. Je dirais de l’écoute, de l’observation. Je me nourris d’ambiances, de couleurs, de films, de livres, de vécu personnel, de celui des autres, et à un moment une idée surgit, je la note. Si elle est assez forte, j’ai envie de tisser autour.

Je convoque ensuite des personnages, je les invite dans l’arène, et que le spectacle commence.

@Nathalie : Chacun de vos romans pourrait donner lieu à un conte : il était une fois une petite vieille dont les hommes qui peuplaient sa vie tombaient comme des mouches… Il était une fois un géant qui rencontrait une lilliputienne… Avez-vous déjà envisagé d’écrire pour un très jeune public et, pourquoi pas de revisiter le genre du conte ?

Ah ça me fait bien plaisir ça. Bon j’écris déjà pour du jeune public via mes films d’animation. Mon film Mune est un conte rempli de personnages oniriques ou féériques.

Mais oui, Cabossé a clairement été écrit sous les préceptes du conte : le centaure et la Luciole. Et je me dis que ça pourrait être intéressant de reprendre la même histoire à hauteur d’enfant en l’illustrant avec des vrais personnages mythologiques, pour incarner le même propos, de façon allégorique. J’adore les univers à la Peter Pan. J’en développe en script, j’aimerais en développer en roman…

Un jour ? Bientôt ? Quand j’aurais le temps…

Caboe   Mune-le-gardien-de-la-lune-DVD

@Maud : J’aimerais savoir comment vous imaginez vos personnages. Avez-vous déjà la personnalité en tête dès le début de l’écriture, ou est-ce que vous les faites évoluer au fur et à mesure que l’écriture avance, afin d’aider l’histoire ?

Les personnages, c’est la chair de l’histoire. C’est ce qui va procurer l’émotion, la force du propos. Une histoire, c’est un squelette. Sans la chair, ça peut vite être creux, efficace mais sans saveur, sans profondeur. C’est les personnages qui apportent ça.

Donc oui, d’abord je commence par leur fiche. Je me crée un document où je les décris, élabore leur personnalité, leur physique, leur historique parfois. Je récolte même des références visuelles, des mélanges d’images qui, mises ensemble, créent l’enveloppe de mon personnage, et m’inspire visuellement. C’est comme faire un casting de comédien en somme.

@Nathalie : Dans vos précédents romans, nous avons rencontré Berthe alias Mamie Luger, Raymond et Guillemette, les charmants Cabossés, Maxine et Jack, les joueurs. Dans Petiote, c’est autour de Gus que se forme une bande de fracassés de la vie, dans le huis-clos du Love Hôtel. La souffrance des individus face à aux injustices de la société est-elle une source d’inspiration ?

Les blessures plus que la souffrance, mais oui, j’aime les personnages cabossés. Déjà parce qu’ils ont un vécu fort, des aspérités, des combats intérieurs, des épreuves encore à mener pour aller vers ce qui m’intéresse le plus d’un point de vue narratif : la reconstruction.

Parler de personnages cabossés, c’est aborder des sujets potentiellement durs (comme avec Berthe, Roy, Fatou etc…) et apporter une touche d’espoir ou de poésie sur cette problématique sociétale qui met en colère.

« L’essence de l’évolution de mes personnages c’est d’aller vers la lumière. Vers une reconstruction, positive, même si on verra toujours leur cicatrice. »


Rédemption, pardon, résilience, ça peut faire tarte à la crème comme ça, mais si c’est abordé avec sincérité, c’est un voyage, une transformation qui peuvent être très beaux, très émouvants. Enfin c’est ce que j’essaie de faire.

Mamie-Luger@Nathalie : Les personnages de vos romans sont bien souvent en marge de la « norme sociétale » : pour exemple de Fatou dans votre dernier roman, jeune femme enceinte, sans papier, ayant connu un parcours migratoire horrible comme tant d’autres femmes seules, ou bien encore Boudu, SDF… Toutes ces situations de vie pourraient donner lieu à un roman noir, très sombre. Pourquoi faire le choix de l’humour et même de la dérision ?


Comme dit dans la réponse ci-dessus, ce qui m’intéresse c’est de tendre vers quelque chose de positif, en tout cas d’optimiste, à partir de cette base volontairement dure. L’humour aide à dépressuriser la tension. Si j’aborde le noir de façon trop frontale, sans respiration, le lecteur va finir par suffoquer.

Mamie Luger est un bon exemple. 102 ans de violence masculine faite aux femmes, c’est douloureux à vivre pour Berthe, ça peut devenir asphyxiant pour le/a lecteur/rice, j’ai besoin de ces ruptures de rythme et de ton pour rendre le parcours supportable.

J’utilise aussi l’émotion, pour ça, pas que l’humour. La tendresse, la délicatesse, la bonté, l’humanité, mes personnages en regorgent pour les mêmes raisons : les rendre émouvants, sans perdre de vue la dénonciation de leurs drames individuels. Au fond je suis une fleur bleue du noir.

@Eliot : D’où vient votre passion pour l’écriture ?

Ma passion est moins l’écriture que la narration. J’aime raconter les histoires, quel que soit le support. Je viens à la base du cinéma, scénario et réalisation, donc. Il y a ensuite eu l’animation, la BD, le roman. Tous ont un aspect narratif différent, mais au final, on revient toujours à la même motivation : raconter une histoire, stimuler des émotions, faire rêver. C’est mon moteur. Embarquer les gens dans un monde et des émotions que j’ai imaginés.

@Eliot : Avez-vous peur de la page blanche ?

Pas vraiment de la page blanche. Je peux écrire quoiqu’il arrive, il y aura des mots. J’ai peur du manque d’inspiration. Que les mots sonnent creux, que les phrases manquent de peps, de personnalités, que la scène ne prenne pas. Comme un gâteau raté. Dans ce cas, je n’insiste pas, je bosse sur autre chose et je reviens sur mon chapitre ou ma séquence, dans le cas d’un film, le lendemain.

« La technique, ça s’apprend, l’inspiration, ça ne se commande pas. Surtout, ça ne se brusque pas. C’est un équilibre. Il faut être disponible dans sa tête, quand on écrit. »

@Finskan : Pouvez-vous parler des différences entre la conception d’un scénario et celle d’un roman ? Est-ce qu’on perd toute liberté dans le 1er cas ? Merci 🙂

La différence principale, c’est le texte, forcément. Un scénario, c’est des indications d’action et des dialogues, un peu comme une pièce de théâtre.

Le roman, il y a le texte, qui est donc la matière littéraire, la chair, qui sera illustrée au cinéma via la caméra, par les décors, les acteurs… Le scénario est la première des trois étapes d’écriture d’un film. Il y a ensuite le tournage, puis le montage. Le scénario c’est la base de l’édifice sur laquelle on va construire le film. Il y a aussi le format. 1 pages pour 1 minute de film, en gros. Tout ça pose des limites, des règles, des cadres à respecter, avec lesquels jouer.

Un roman est plus libre de toutes ces contraintes. Mais beaucoup plus riche et intense dans le processus d’écriture, puisque, une fois de plus, c’est une création unique. Il n’y a plus d’étape après. Le livre est une œuvre finie en soit.

Et non, on ne perd pas forcément toute liberté en script. Il y a des contraintes financières, il faut respecter le budget et l’économie d’un film, les attentes des producteurs, studios, financiers etc… Donc, oui, plus de contraintes industrielles, et contraintes de « marché », mais pas une privation de liberté. C’est aussi un beau travail collaboratif avec tous les différents corps de métier qui vont s’ajouter au processus pour créer le film par la suite. Et cet aspect-là est magique.

@Pyxide : Comment gérez-vous vos métiers de réalisateur, scénariste et écrivain ? Avez-vous une période de temps allouée chaque jour à chacune de ses activités ou est-ce plutôt par période, en fonction des projets, envies et/ou disponibilités ?

Ça va dépendre des projets, de leur urgence, de leur envergure. Quand j’écrivais Mamie Luger, je travaillais en parallèle sur une sitcom hybride (3D, prise de vue réelle) pour ado, en tant que scénariste. Un bon grand écart. Mais le format série permettait de travailler quelques jours et de revenir au roman, qui est de plus longue haleine.

Si je suis sur le développement d’un long-métrage, je ne peux rien faire d’autre en même temps, donc je priorise. Il faut avoir une vision à long terme – écrire un roman prend du temps -, et être flexible sur l’imprévu. Il arrive qu’on m’appelle sur un projet qui se déclenche la semaine suivante. Ça peut être un bon casse-tête, mais en général, les choses s’emboîtent plutôt bien.

@Kaem : Vu que vous connaissez bien les deux cadres, quels sont les éléments de vos romans que vous ne permettriez pas d’omettre ou de changer lors d’une adaptation cinématographique ?

Ça dépend si c’est moi qui adapte le roman. Si ce n’est pas moi, j’aurais tendance à laisser carte blanche au nouveau pilote. L’adaptation ne sera peut-être pas fidèle mais c’est la règle du jeu.

Si c’est moi qui gère, par contre, je resterai très proche de l’histoire. Par contre, il y a des aménagements qu’on peut faire. Difficile de trouver une actrice de 102 ans pour Berthe, ou un acteur de 2 mètres sur 2 pour Roy. Mais il y a moyen de tricher et aménager beaucoup de chose au cinéma sans dénaturer l’esprit du roman ou la nature des personnages.

C’est là où le processus d’adaptation devient amusant et stimulant.

@Nathalie : Dans Petiote, vous abordez de nombreux problèmes de notre époque : le divorce, la perte d’emploi, l’explosion de la cellule familiale, l’uberisation de notre société, l’immigration, la prostitution et encore bien d’autres thèmes très contemporains et réalistes. Vous qualifieriez vous d’auteur engagé ?

Oui. Pour moi, c’est l’intérêt de raconter des histoires, surtout sur le support roman noir. Parler, à travers des personnages imaginaires, des combats humains qui mettent en colère. Ça donne à la fois une matière narrative formidable – les personnages ont un vrai parcours et un combat à mener – tout en essayant de donner un point de vue sur ces problèmes. Ça ne veut pas dire être donneur de leçons, mais juste prêter à réfléchir en ancrant ces problématiques dans des personnages identifiés, qui leur donnent un corps, une humanité. C’est bien de théoriser, mais ça fait plus vibrer quand c’est incarné. C’est là que ça prend aux tripes.

@Germania63 : Mamie Luger était une vieille dame, Petiote est une petite fille … Ces deux extrémités de la vie vous paraissent-elles particulièrement intéressantes, parce que plus fragiles et soumises à bcp d’aléas ? Y a-t-il aussi davantage de « possibles  » dans ces âges ?

Tous les âges sont intéressants, il n’y a pas vraiment de règles, mais c’est vrai que j’aime aborder des personnages qu’on ne voit pas d’habitude. Une grand-mère de 102 ans, c’est pas la typologie habituelle d’une héroïne de roman. Ce qui m’intéresse surtout c’est la mise en rapport de personnages différents dans une même arène.

Émilie, la petiote, a 14 ans. Elle a une personnalité d’ado de son âge. Elle a eu un rapport compliqué à son père qui n’a pas assuré sa paternité. Jusque-là, rien de très original. Mais quand je l’enferme dans une prise d’otages avec son père, entourée d’une prostituée, d’un SDF, d’une migrante, il y a des interactions qui créent des étincelles et révèlent toutes les subtilités de sa personnalité.

Son âge fait partie de sa caractérisation, donc ça devient aussi intéressant de jouer sur les couleurs générationnelles de ton, de dialogues, de préoccupations…

@Nathalie : Une question qui me taraude à titre personnel : Mamie Luger vous a-t-elle été inspirée par une personne bien réelle ? Si c’est le cas, pourriez-vous nous en dire plus ?

Non, c’est un personnage teinté de beaucoup de références. Il y a un peu de ma grand-mère, dans sa description physique à la fin de sa vie, et dans son franc-parler. Mais sa gouaille, sa personnalité, sa vie, c’est un mélange de beaucoup de choses, c’est avant tout un personnage inventé.

Quand Berthe a commencé à s’exprimer, à travers mon clavier, sur le chapitre de Cabossé où elle apparaît, elle a tout de suite pris vie. Elle avait une personnalité hallucinante, elle a « volé » la scène, elle était immense, fascinante dès sa naissance (à 102 ans). À la fin de Cabossé, je l’avais esquissée, j’étais tellement heureux de la retrouver dans Mamie Luger pour la creuser et la faire creuser.

@Nathalie : Les couvertures de vos romans sont éclairantes et tiennent parfois du dessin d’humour engagé. Avez-vous un regard sur ces points essentiels dans la production de l’objet final, le livre ?

Oui, un regard, mais ce n’est pas moi qui les conceptualise. C’est un travail entre l’éditeur/rice, le/a directeur/rice artistique, le/a dessinateur/rice. Au cinéma, l’affiche découle de l’image du film, dans le roman, c’est plus compliqué. On part des mots.

« Au cinéma, l’affiche découle de l’image du film, dans le roman, c’est plus compliqué. On part des mots. »


Je ne sais jamais trop ce qui va m’être proposé. Les couvertures doivent donner envie de lire la quatrième de couverture, et évidemment le livre. C’est une étape primordiale de l’aspect marketing. Il est vrai que, dans le cas des miennes, l’accent a été mis sur l’humour, parce que c’est attractif. Les gens découvrent ensuite en lisant, la profondeur du propos et de l’émotion.

@Tofpolar : Quel est le plus croustillant, l’humeur ou l’humour ?

Le croustillant vient du mélange. J’ai envie d’être mielleux (j’assume) et dire qu’il faut y rajouter l’amour. Faut épicer le tout de suspens, et normalement, vous obtenez un plat riche en saveur. C’est comme le Jambalaya (je vous laisse checker ce que c’est), faut pas hésiter à mélanger des ingrédients qui vont pas forcément ensemble. L’important, c’est que ça explose les papilles. Donc les émotions.

@Nathalie : Quels sont les ingrédients essentiels à un bon polar à vos yeux ?

Je ne sais pas particulièrement pour le polar, mais pour toute histoire, les ingrédients essentiels sont les personnages. Une mécanique super huilée avec des personnages creux, et ce sera vain. L’inverse est moins vrai. L’émotion doit primer sur le frisson et le suspens. On vibre pour un personnage parce qu’on s’est attaché à lui, pas parce qu’on fait un effet de surprise ou de tension. Sinon c’est juste de la chair à canon. Des personnages, un thème fort, un point de vue d’auteur. Toutes les histoires ont été racontées, mais pas de la même façon.

@Yza29 : Quel serait pour vous le lecteur idéal ?

Il n’y a pas de lecteur/rice idéal/e. L’intérêt c’est qu’ils soient le plus divers possible. Je ne cherche pas à toucher une typologie de personne, mais le plus grand nombre. C’est très émouvant quand quelqu’un me témoigne avoir été touché, ému, par un de mes romans, alors que cette personne n’est habituellement pas familière de ces univers, ou pas sensible aux sujets abordés.

La victoire, c’est une personne très étrangère à ma personnalité d’écriture qui est touchée par l’expérience littéraire que je propose. Là, c’est gagné. Mon seul but, c’est de faire voyager, vibrer, réfléchir. Le plus grand nombre, le plus diversifié, le mieux. »

Venez lire les chroniques de nos membres du Forum des Lecteurs sur son dernier livre Petiote (Les Arènes).

Parution le 12 mai 2022 – 375 pages

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