Entretien

Le Forum des Lecteurs interview Joël Dicker

13 avril 2022
Par Anastasia
Le Forum des Lecteurs interview Joël Dicker

Cette année, Jöel Dicker sort la suite de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert avec L’Affaire Alaska Sanders. A cette occasion, il a été présent sur le Forum des Lecteurs durant le mois de mars. Une occasion pour nos membres de lui poser toutes leurs questions.

L’homme et l’écrivain

@Enies : Joël Dicker, l’écrivain, est-il si différent de Joël Dicker, l’homme ?

Joël Dicker : « L’écrivain est différent de l’homme, oui, évidemment. Mais il y a un écrivain qu’on ne rencontre jamais : c’est quand j’écris, que je suis seul dans mon bureau, seul avec moi-même. Dès que je n’y suis plus, ce n’est plus pareil. Ce n’est plus l’écrivain « dans sa tête », c’est l’écrivain « en contact avec les autres ».

@Anastasia : Dans une interview, vous dites que « la littérature, c’est une vie encore plus forte que la réalité » car elle offre des possibilités infinies. Justement, quel rapport entretenez-vous avec la réalité ?

La littérature, c’est un moyen de vivre une vie dans la vie. J’ai un rapport avec la réalité qui est d’autant plus fort que je sais ce qu’est la réalité, et que je sais aussi que la littérature permet des connexions avec cette réalité.

@Enies : Si vous ne pouviez plus écrire, quel serait votre autre métier ?

Je pense que je serais avocat, parce que c’est ma formation : j’ai étudié le droit. Ce serait le plus logique.

@Ledoz : Pour quelqu’un qui ne connaîtrait pas vos livres, lequel conseilleriez-vous en premier ?

Harry Quebert, puisque c’est le début de la trilogie Harry Quebert, et donc c’est la porte d’entrée pour un autre livre.

La-Verite-sur-l-Affaire-Harry-Quebert

@Koko : Dans tous vos romans publiés, lequel a été le plus difficile à écrire ? Pourquoi ?

Les Derniers jours de nos pères, car c’est un roman historique, donc avec un cadre historique qui me donnait beaucoup de contraintes.

Les-Derniers-Jours-de-nos-peres

Face à l’écriture

@Koko : Vous lancerez-vous un jour dans le défi d’écrire un livre de moins de 300 pages ? (blague)

J’aimerais bien. C’est ce que j’aimerais faire : arriver à écrire des livres plus denses et plus serrés. Dans mon livre préféré, Des souris et des hommes, tout est dit en moins de 200 pages.

Des-souris-et-des-hommes

@Anastasia : Avez-vous (ou avez-vous eu) un projet d’écriture que vous n’aviez pas osé entamer ?

Je n’ai pas eu encore un projet que je n’ai pas osé entamer. Il y a des sujets que j’aimerais aborder, comme la musique par exemple, mais je n’ai pas encore réussi à la raconter. Comment est-ce qu’on raconte les notes avec des mots ? Mais ce n’est pas une question de ne pas oser.

@Ledoz : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Tout ce que j’ai vécu, fait, lu, vu. C’est difficile de dire ce qui est une source, parce que tout est une source pour l’inspiration, qu’on le veuille ou non, c’est de l’inconscient.

@8289/@Ledoz : Toutes vos inspirations proviennent-elles de faits divers réels et d’affaires criminelles non résolues ?

Mes inspirations ne proviennent pas du tout de faits réels ou pas réels. Mon inspiration vient de mon envie, de ce qu’il y a en moi.

@8289 : Comment faites-vous vos propres investigations ? Auprès d’experts en criminologie ?

Non, jamais, parce que j’ai envie de pouvoir rester dans le roman tel que je l’imagine. Je trouve que dès qu’on fait intervenir des experts on perd cette liberté parce qu’on vous dit : « Ça, ça ne va pas, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas comme ça… »

@Melice : Comment une intrigue policière se construit-elle ? Avez-vous, vous-même, tous les éléments avant de commencer à écrire ?

Je construis mon intrigue sans plan. Comme c’est une enquête et qu’on découvre les choses au fur et à mesure, je me mets dans la peau de l’enquêteur qui ne sait rien, et donc j’écris sans plan.

@Koko : Selon vous, quels sont les éléments à ne pas oublier et ceux qui, au contraire, pourraient tout gâcher dans les romans à énigme ?

Ne pas oublier de laisser des indices. Il faut que le lecteur puisse comprendre et se rendre compte de la résolution, et non pas qu’à la fin du livre il se dise : « Je n’aurais jamais pu le savoir. » Le lecteur a envie de se rendre compte qu’il aurait pu le savoir.

@Tofpolar : Certains critiques littéraires définissent votre roman L’Énigme de la chambre 622 de « divertissant roman populaire », qu’en pensez-vous ?

C’est un compliment génial, ça veut dire que vous faites partie des auteurs qui sont lus et qui sont lus par tout le monde. Et ça me touche beaucoup.

L-Enigme-de-la-chambre-622

Votre maison d’édition

@Nathalie : Il y a 2 ans, nous avions parlé de Zanzibar où j’y retournais pour la troisième fois. Pour la sortie de L’Enigme de la chambre 622 chez De Fallois, quel a été le déclic intime pour te décider (je me permets le tutoiement car nous l’avons partagé) à te lancer dans l’édition ?

Le déclic, c’est la mort de Bernard de Fallois, mon éditeur. Il avait décidé que sa maison d’édition fermerait avec lui. Je me suis dit : « Qu’est-ce que je vais faire ? » Je ne me voyais pas aller chez un autre éditeur et, du coup, j’ai décidé de créer ma propre maison d’édition.

@Anatasia : Projetez-vous une ligne éditoriale précise pour votre maison d’édition « Rosie & Wolfe » ? D’ailleurs, d’où vient ce nom ?

Rosie et Wolfe, c’est Rosie, une amie de la famille qui m’a donné envie de lire, et Wolf, mon grand-père qui a écrit un livre à la fin de sa vie et m’a donné envie d’écrire. Donc pour moi R&W c’est Lire et Ecrire. Il n’y a pas de ligne éditoriale précise dans le sens où Il y aura à peu près deux titres par année qui seront publiés, ce qui veut dire que ce sera des coups de cœur et des livres que j’ai envie de partager avec mes lecteurs.

Question de la fin :

@Anastasia : Pensez-vous que le rôle d’un écrivain change selon les générations ? Quel est-il aujourd’hui ?

Oui, on a parfois l’impression, surtout maintenant, que les écrivains sont un peu en retrait, qu’ils ont été mis en retrait par rapport aux footballeurs, youtubeurs et autres. Je pense que c’est important que les écrivains reviennent sur le devant de la scène et que les écrivains soient aussi des gens qui fassent rêver et qui donnent envie de lire, parce que le rôle de la littérature c’est de permettre aux gens de sortir des difficultés l’espace de quelques pages, de vivre une autre vie que leur vie. »

Découvrez leur univers

Article rédigé par
Anastasia
Anastasia
Libraire Fnac.com
Sélection de produits