Vous ne comprenez pas pourquoi tout le monde parle de ce film ou de cette série ? Vous ne connaissez pas cette fameuse réplique ou n’avez pas vu cette incroyable scène ? Pas d’inquiétude ! Chaque mois, on vous aide à y voir plus clair et on vous explique pourquoi c’est culte. Nous vous présentons aujourd’hui le classique 12 hommes en colère de Sidney Lumet.
12 hommes en colère c’est quoi?
Douze hommes en colère est avant tout un scénario écrit en 1954 par Reginald Rose pour la 7e saison de la série d’anthologie Studio One. La réception extrêmement positive de l’épisode lui valut 3 Emmy Awards : meilleur scénario original pour Rose, meilleure réalisation pour Franklin Schaffner (La Planète des singes), meilleur acteur pour Robert Cummings. Dès l’année suivante, Reginald Rose adapte le scénario en une pièce de théâtre avec un même succès, avant son adaptation au cinéma 2 ans plus tard.
12 hommes en colère dépeint 12 jurés qui doivent décider du sort d’un adolescent accusé de meurtre. Comme toutes les preuves pointent en sa direction, ils votent tous coupable sauf un, le juré numéro 8 interprété par Henry Fonda dans le film. Il n’est pas convaincu de l’innocence de l’accusé mais ne peut se résoudre à le condamner sans être sûr à 100% de sa culpabilité. Il amène les jurés à appréhender la question avec le sérieux et la gravité que la situation mérite.
Un film captivant
Avec Reginald Rose lui-même au scénario, Sidney Lumet adapte la pièce de théâtre en 1957 dans une version cinématographique portant le même nom : 12 hommes en colère. Le film reprend l’habitude des pièces de théâtre qui respectent les règles du classicisme : un seul espace, une seule intrigue qui se résout en moins de 24h. Ce huis clos est plus difficile à tenir dans le contexte d’un film. Sidney Lumet parvient à captiver sans changer de location et par la force du jeu des 12 acteurs jouant les jurés confinés (Reginald Rose déclare que l’histoire lui fut inspiré par sa propre expérience de juré dans une affaire d’homicide). Mention honorable pour Lee J Cobb, Ed Begley et E. G. Marshall.
Un film sociologique
Chaque juré est différent et leur décision est largement dictée par leur milieu social et leur psychologie. Le juré numéro 12 (Robert Webber) travaille dans la publicité. Il change énormément d’avis car il est déterminé par le contexte ambiant. Le juré numéro 4 (E. G. Marshal) est courtier. Ce qui l’intéresse c’est la justesse et la rationalité, et il ne changera d’avis que si on parvient à lui prouver logiquement et rationnellement qu’il se peut que l’accusé soit innocent. Il y a aussi une exploration des préjugés et Lumet montre à quel point nos expériences peuvent guider nos choix. Le juré numéro 3 (Lee J. Cobb) est en conflit avec son fils. De ce fait il est particulièrement remonté contre la jeunesse. Il condamne le jeune accusé à cause de sa blessure sentimentale et parce qu’il se sent trahi par la nouvelle génération. Le film est un microcosme de la société américaine de l’époque et montre comment nos jugements, même s’ils paraissent rationnels, peuvent être guidés par d’autres facteurs.
Un conte moral
12 hommes en colère pose la question du prix de la vie humaine. Sommes nous prêt à envoyer un homme à l’échafaud même s’il y a une petite chance qu’il soit innocent ? Pour Sidney Lumet, Reginald Rose et le juré numéro 8, la vie humaine est importante et décider de la vie ou de la mort d’un homme est une chose qu’il ne faut pas prendre à la légère. Autant de thèmes que l’on retrouve dans ce film et ses remakes (on en compte au moins 4 à ce jour). Il y a aussi une réflexion sur la justice, les hommes sont-ils les plus aptes à juger les autres hommes ? Tant de questions qui sont explorés avec brio dans ce film.