C’est l’un des ingrédients essentiels de tout bon film d’horreur qui se respecte. Le jump scare, technique cinématographique conjuguant son et image pour faire sursauter et/ou hurler les spectateurs, est inhérent au genre et permet à certains films de se démarquer. À condition de ne pas abuser des bonnes choses…
Un effet spécial à doser savamment
Difficile de dater de quand les jump scares existent vraiment. On estime que c’est depuis au moins 1942 et le film La Féline de Jacques Tourneur. On appelait alors cela l’effet-bus, avant qu’il ne prenne le nom qu’on lui connaisse avec l’essor des slasher movies et des films d’horreur devenus pour certains des classiques. Le principe est redoutablement simple : lors d’une scène de tension, par le biais de bruitages, de musique d’ambiance et de scènes souvent mal éclairées, surgit tout à coup un élément dans le cadre susceptible de faire sursauter, voire crier, les spectateurs. On ne compte plus après ça le nombre de sauts de pop-corn renversés dans les salles de cinéma. Et de rires succédant à la surprise afin d’évacuer sa peur soudaine. Le jump scare a un effet cathartique certain, d’autant plus que l’on a l’impression d’avoir passé un certain palier et que l’on peut baisser sa garde. Jusqu’au prochain…
Il y a deux types de jump scares. Les faux tout d’abord, permettant de capter l’attention du public qui sait que quelque chose de grave ou d’effrayant est susceptible d’arriver sur l’écran. Ils sont en général constitués d’un chat surgissant sans crier gare, d’un objet tombant tout à coup ou d’un coucou s’actionnant avec fracas. Les vrais de leur côté sont un passage obligé : l’action évolue subitement et violemment grâce à eux et les spectateurs en ont pour leur argent. Le tout est de savoir savamment doser ces jump scares. Trop et c’est l’assurance de ne plus être surpris du tout, de masquer une absence d’originalité et d’avoir l’impression d’évoluer dans un train fantôme où tout finit par devenir attendu. Pas assez et c’est la crainte de finir par ennuyer le spectateur. Difficile de quantifier le nombre de jump scares idéal qu’il faudrait absolument avoir, tout est une question de savoir-faire.
Les jump scares les plus réussis
Certains réalisateurs sont passés experts en la matière. William Friedkin en a créé un fameux dans L’Exorciste au moment où la jeune Regan se démet les cervicales avant de vomir et de crier des insanités. Wes Craven rend hommage aux slashers des années 1970-80 avec sa saga Scream, peu avare en jump scares trompeurs, mais dont chacun est une escalade menant au climax final de la révélation du/des tueur(s) tapi(s) derrière le masque. James Wan, nouveau maître de l’horreur des années 2010, a particulièrement bien compris le judicieux usage de cet effet sonore et visuel, que ce soit dans Indidious ou Conjuring. C’est d’ailleurs dans le premier film de cette dernière trilogie, Conjuring, les Dossiers Warren, qu’on retient un des jump scares les plus effrayants de l’histoire du cinéma. Celui d’une partie de cache-cache tournant mal où il faut retrouver les autres en leur demandant d’applaudir. Ce dont ne se priveront pas les esprits frappeurs de la maison.
Du côté des Français, si le film de genre est de plus en plus prisé, c’est Pascal Laugier qui en a saisi tous les rouages avec son thriller horrifique Ghostland, comprenant à la fois des jump scares purement gratuits et d’autres particulièrement retors, choquants et inattendus. Une chose est sûre, il est déconseillé de regarder ces films avec un seau de pop-corn entre les mains…