Initialement prévu dans les salles de cinéma, Raya et le Dernier Dragon a finalement été diffusé sur la plateforme Disney +. Dommage de ne pas voir Raya sur grand écran, mais on se consolera avec la sortie du DVD et du Blu-ray dès le 27 août. La nouvelle héroïne de Disney apporte du neuf dans cette nouvelle manière de considérer la figure de la princesse chez Disney : voici pourquoi.
Raya et le Dernier Dragon : de quoi ça parle ?
Dès son enfance, Raya a entendu parler des dragons qui ont sauvé son peuple en éradiquant le Drun, une force maléfique capable de pétrifier les humains en sculpture de pierre. En se sacrifiant, les dragons laissent derrière eux une gemme qui attise toutes les convoitises, entraînant la division d’un pays entier. Le film se passe 500 ans après, au pays de Kumandra où les 5 royaumes rivaux tentent de se réunir pour restaurer la paix entre les peuples sous l’impulsion du chef Benja, le père de Raya. Selon lui, Kumandra doit redevenir comme avant, une terre de prospérité et de paix. Lors de cette réunion, Raya sympathise avec l’héritière d’un clan ennemi sans se douter du pire… sitôt amies et déjà trahie. Cette trahison n’est pas juste une dispute entre copines, elle est beaucoup plus grave : Raya est alors témoin d’un incident qui changera à jamais l’équilibre du monde.
La fin de l’ère des princesses en détresse
Dernière de la lignée des princesses des studios Disney, Raya semble se placer dans la continuité de cette nouvelle manière d’envisager la figure de la princesse. Comme Vaïana, le personnage de Raya ne se laisse pas faire et ne tombe pas sous le charme d’un amoureux. Aucun prince charmant dans les parages, conformément à cette nouvelle manière de créer les personnages de princesse. Le studio s’enracine dans cette nouvelle mode de créer des personnages féminins libres et authentiquement forts ! Mais rien de finalement très nouveau car la jeune Raya s’insère dans la continuité de ce qui s’apparente à une nouvelle ère des princesses créées par Disney. L’audace du film réside ailleurs, en particulier dans l’animation, le réalisme du film et son message.
Une animation Disney spectaculaire autour de la puissance élémentaire de l’eau
Même depuis chez soi, Raya et le Dernier Dragon subjugue par la flamboyance des couleurs et des jeux de lumières. Cette qualité de l’animation est ici mise au service de l’élément matriciel du film : l’eau. On n’avait pas eu droit à une telle célébration des éléments depuis La Reine des Neiges et ses stalactites de glace ! Ici, la splendeur azurée de l’eau se matérialise à l’écran sous toutes ses formes : brumeuse, liquide et solide. Mais également partout : la cascade, la mer ou la rivière. Le domaine aquatique est omniprésent et offre les plus beaux plans en synthèse numérique. Et pour cause, l’autre personnage principal puise son esthétique dans cet univers de l’énergie aquatique. Il s’agit de Sisu (Géraldine Nakache), un dragon original inspiré des nagas, une créature mythologique longiforme présente dans l’iconographie bouddhique et hindouiste. Pas de flammes ardentes, donc. Sisu est un dragon aqueux ; il crache du blizzard ; et surtout, il vole en sautillant sur des flaques. Ainsi, Raya et Le dernier Dragon a bénéficié d’un potentiel visuel unique, en s’appuyant notamment sur un répertoire iconographique et culturel jusqu’à lors inexploré dans le cinéma d’animation.
Raya et le Dernier Dragon : un melting-pot de récits
Outre l’esthétique flamboyante des images, l’autre force majeure de ce long-métrage animé est liée aux enjeux de représentation au cinéma. L’impératif de vouloir se voir à l’écran incite les productions à créer de nouveaux personnages qu’on n’avait peu l’habitude de voir jusqu’à présent, de faire advenir de nouveaux récits à l’écran. Oui, il y a eu Mulan mais ce n’est pas pareil ! Raya et le Dernier Dragon trouve son ancrage dans le vaste sud-est de l’Asie qui comporte des pays variés avec chacun leur spécificité : le Vietnam, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie, et les Philippines. Vouloir injecter autant de pays différents dans un seul film comme dans un blender n’est pas une mince affaire ! La démarche, aussi ambitieuse soit-elle, peut avoir un côté méli-mélo, mais elle reste néanmoins salutaire et très habilement menée.
Chaque moment intègre des indices familiers, éparpillés tout au long du film (l’architecture, les costumes, le nom des personnages…). Un exemple criant : la nourriture. Les citations gastronomiques ponctuent le périple de Raya tout au long du film. Les plus gourmands reconnaîtront certainement la soupe de Tom Yum aux crevettes ou des fruits comme le jacquier ou le fruit du dragon. La prédominance de la nourriture n’est pas gratuite et participe au message principal du film : unir et pacifier. Pour ce faire, Benja (Frédéric Chau), le père de Raya, invite les autres dirigeants de Kumandra à discuter, autour d’un repas. Manger ensemble devient alors la condition fondamentale de l’unification des peuples qui permettrait de tracer un horizon possible – horizon vers lequel tendre pour obtenir un monde paisible où les peuples cohabiteraient. D’où l’importance de la nourriture.
Un beau message compassionnel, un cinéma d’animation immersif, une princesse forte et débrouillarde : la recette a beau changer un peu, elle reste la même. Mais elle fonctionne toujours aussi bien ! Avec Raya, c’est une nouvelle princesse et surtout de nouveaux territoires non-européens (tout azimut, en effet !) à avoir désormais voix au chapitre dans le catalogue de films Disney. Une sortie risquée, déjà sous le feu de quelques critiques, mais qui mérite amplement d’être regardée !