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Mort de Valéry Giscard D’Estaing : le départ d’un homme de culture

03 décembre 2020
Par Melanie C.
Mort de Valéry Giscard D’Estaing : le départ d’un homme de culture

Bachelier à 15 ans et demi, polytechnicien et amateur de grec ancien, Valéry Giscard D’Estaing fait partie de ces hommes politiques dont l’ambition étatique se mêle à un goût prononcé pour la culture. Durant sa longue existence, il a notamment écrit des essais, une uchronie et des textes érotiques.

Une ascension fulgurante

Le-Pouvoir-et-la-vieÉlève précoce, Valéry Giscard d’Estaing a franchi rapidement les étapes qui mènent les jeunes ambitieux aux portes du pouvoir. Après l’École Polytechnique, il fait ses classes à l’ENA, et entre dans le corps d’état préféré des futurs dignitaires : l’inspection des finances. À 30 ans à peine, en 1956, il devient député du Puy-De-Dôme, puis secrétaire d’État et ministre au début de la Ve République.

Ministre des Finances de 1962 à 1966, il ressuscite le centrisme libéral pro-européen à une époque dominée par la droite sociale des barons du gaullisme. Sous Pompidou, il continue d’incarner un courant moderniste, inspiré des pères fondateurs de la CEE, en tant que ministre de l’Économie et des Finances. En 1974, sa ligne sociétale progressiste fait mouche, et il devient Président de la République à 48 ans. Sous son septennat unique, la majorité passe à 18 ans, l’IVG est légalisée, le divorce simplifié.

Socialement, les crises pétrolières, la montée du chômage et le début de la mondialisation pèsent sur son mandat. Échouant à se faire réélire face à François Mitterrand, il retrouve des postes régionaux (on lui doit notamment Vulcania, le parc à thème auvergnat) et figure parmi les bâtisseurs de l’Union européenne, notamment par ses contributions, à Bruxelles, à la fondation de l’Euro et au passage d’une communauté économique à une entité supranationale politique, telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Un littéraire à l’Elysée

1974Si l’on associe Valéry Giscard d’Estaing à des images assez folkloriques, notamment ses prestations télévisées à l’accordéon, l’homme a nourri des ambitions littéraires en parallèle de sa carrière politique. Outre ses livres-programme au moment des élections, il a publié pour la première fois un roman, en 1994, Le Passage. Parfois tancé pour ses inclinations à l’érotisme, dont témoigne La Princesse et le Président, dans lequel il fantasmait une relation avec la Princesse Diana, il rentre malgré tout à l’Académie Française en 2003. Deux romans apaisés, ces dernières années, lui permette de faire la une de l’actualité littéraire : Mathilda et Loin du bruit du monde, qui rappellent sa connaissance du continent africain.

Son meilleur livre, La Victoire de la Grande Armée, où il imagine un Napoléon victorieux rester au pouvoir après 1815, ainsi que ses mémoires Le Pouvoir et la Vie, demeurent les œuvres les plus importantes de cet admirateur de Maupassant.

Longtemps invisible, le documentaire 1974, une partie de campagne de Raymond Depardon permet enfin de découvrir le visage privé de ce personnage historique et constitue un exemple de cinéma direct particulièrement intéressant.

Photo : Roland Godefroy / Creative Commons Attribution 3.0

Article rédigé par
Melanie C.
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