Deux ans après La Maison Golden, Salman Rushdie continue de décortiquer la société américaine actuelle. Dans son nouveau roman Quichotte, l’auteur des Versets sataniques relit le mythe créé par Cervantès en le transposant dans l’Amérique de Trump. Un cocktail détonnant pour un récit foisonnant.
Quichotte : un road-trip référencé signé Salman Rushdie
On connaît tous les grandes lignes de Don Quichotte de Cervantès : un seigneur sans fortune, à force de lire des romans de chevalerie, s’imagine en soldat et part guerroyer contre des moulins. Le tout accompagné de Sancho Panza, un écuyer qui tente de le raisonner.
C’est peu ou prou à partir de ce canevas que démarre Quichotte de Salman Rushdie. Sauf que l’écrivain britannique d’origine indienne y a calqué un contexte bien différent de l’Espagne médiévale. Son Quichotte est un VRP qui a remplacé les romans chevaleresques par les séries TV. Et se retrouve fasciné par une de ses starlettes pour laquelle il souhaite traverser toute l’Amérique afin de lui déclarer son amour… D’obscurs personnages et des rebondissements très contemporains vont peu à peu jalonner son parcours, dans une relecture jouissive de ce mythe éternel de la littérature mondiale.
Un roman dans la continuité
Depuis Les enfants de Minuit en 1981, Salman Rushdie a multiplié les récits métaphoriques et/ou mythologiques évoquant le réel, qu’il soit historique ou contemporain. Son regard acéré sur le monde, et sa capacité à se saisir de folklores lointains ou de figures littéraires, en font un romancier majeur.
En 2018, déjà, il avait abordé l’Amérique sous l’angle d’une comédie humaine avec La Maison Golden, dans laquelle l’actualité politique locale (dont l’élection d’Obama), la culture classique et l’histoire de l’Inde se retrouvaient mêlées. Pour l’écrivain résidant désormais aux États-Unis, Quichotte constitue donc une deuxième exploration dense de son pays d’accueil.
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Parution le 2 septembre 2020 – 432 pages