Le groove à toutes les sauces ! Plus que jamais, les ingrédients qui font du funk une musique dansante et ensoleillée depuis quarante ans servent à concocter la pop la plus actuelle. L’Impératrice, Parcels, Jungle… Nombreux sont les groupes d’aujourd’hui à en donner une relecture contemporaine. On décrypte.
Une musique ancrée dans la durée
Né de l’imagination de James Brown, Sly Stone et George Clinton, le funk prend racine dans la soul music et le jazz, tout en emmenant ces deux genres ailleurs. Il reprend certains éléments de la Great Black Music, comme le groove syncopé, les instrumentations chatoyantes (notamment la présence des cuivres) pour en faire une musique enjouée et survitaminée. Cocotte (ces notes jouées en partie étouffées) à la guitare, slap (usage percussif) de la basse et contretemps à la batterie en sont les principaux traits caractéristiques.
Au cours des années 1970, le funk a fait naître une partie du disco (avec notamment Chic) en devenant plus « carré », puis a influencé de nombreux artistes, du Bowie d’Ashes to Ashes à Michael Jackson, en passant bien sûr par Prince. Les musiciens blancs se sont appropriés sa rythmique et l’ont mélangée au rock, pour donner Gang of Four ou Spandau Ballet. Plus récemment, le langage funk a trouvé des héritiers dans le domaine du R&B, chez Justin Timberlake ou Bruno Mars. Mais aussi chez diverses formations indépendantes qui l’utilisent à l’envi.
Parcels, les revivalistes
Dans la foulée des grands moments de revivalisme funk des années 2010 (avec les tubes Get Lucky de Daft Punk et Uptown Funk de Mark Ronson), le groupe australien Parcels a posé sa pierre à l’édifice en 2016, avec Overnight. Produit par le duo french touch sur ce single, ils ont ensuite réalisé un parcours sans faute. Leur son de guitare et de basse, très caractéristique, se marie à merveille aux voix rêveuses des deux chanteurs principaux, Jules Crommelin et Patrick Hetherington.
Après un premier disque studio en 2018, ils nous livrent pour l’été un condensé de leurs meilleurs titres, réenregistrés live, en studio. Le résultat, Live Vol.1, d’une fraîcheur incomparable, prouve bien comment les groupes d’aujourd’hui peuvent s’approprier le funk : avec déférence, une touche moderne au niveau sonore, et beaucoup de rigueur instrumentale. Au résultat, on danse sans se lasser !
Un courant protéiforme
Les jeunes Parcels ne sont pas les seuls à contribuer à ce que les musiques à base de groove continuent à arriver jusqu’à nos oreilles. Entrés dans nos playlists avec Vanille Fraise et un sample parfaitement replacé de la diva disco Anita Ward, les Français de L’Impératrice ont fait des arrangements funky l’une de leur principale signature sonore. Après leur premier album Matahari, ils devraient sortir un second opus cette année, dans la foulée de leur nouveau single, Fou.
En Angleterre, mêlant les rythmiques vintage et l’electro, en passant par l’indie pop, Franc Moody représente une des meilleures sensations de ces derniers mois dans le genre. Le duo britannique a trouvé une étonnante alchimie entre les références aux sons du passé et une manière désenchantée d’incarner leurs chansons.
Au Royaume-Uni toujours, on attend avec impatience le retour en studio des revivalistes de Jungle, dont le son funk avait fait merveille sur Jungle puis For Ever. Plus anciennement, implanté, le collectif The Heavy accomplit une même œuvre, entre tradition et modernité, au service du meilleur des grooves.
On n’oubliera pas, enfin, aux Etats-Unis, le travail prolifique d’Anderson .Paak, à la fois batteur, chanteur et rappeur. Un peu comme Kamasi Washington en ce qui concerne le jazz, il contribue à ce que le funk fasse pleinement partie du son actuel de la côte Ouest en matière de musique urbaine.
