Le plus célèbre des personnages de Balzac est sans doute aussi le plus ambitieux de l’histoire de la littérature française. Présent dans de nombreux tomes de La Comédie humaine, Eugène de Rastignac incarne l’envie de gravir les marches de l’échelle sociale et son nom est devenu synonyme d’arrivisme. Portrait d’un jeune homme en feu.
Qui est Eugène de Rastignac ?
« À nous deux maintenant ! ». C’est par cette phrase qu’Eugène de Rastignac, lançant son fameux défi parisien, est entré dans la postérité. À la fin du Père Goriot, Honoré de Balzac le décrit dans sa jeune vingtaine.
Le roman a permis d’introduire ses principales caractéristiques : fin observateur des milieux parisiens, cet étudiant originaire d’Angoulême est monté à la capitale pour y faire fortune et intégrer les plus hautes classes de la société. Sa quête va être le sujet d’une nouvelle se déroulant, fictivement, quelques mois plus tard, Le Bal de Sceaux, puis on le retrouvera en filigrane dans Illusions perdues.
La particularité de Rastignac y est dépeinte : il a une aptitude certaine à séduire les personnes influentes, en devenant par exemple l’amant de jeunes femmes fortunées. Au petit jeu des mondanités, le personnage apprend vite à instiller doutes et rumeurs, à jouer les entremetteurs, pour au final asseoir son pouvoir, qui va croître de livre en livre.
Les romans de Balzac avec Eugène de Rastignac
Le personnage de l’ambitieux apparaît dans La Comédie humaine avec Le Bal de Sceaux, rédigé en 1820. Balzac va ensuite développer sa saga en remployant Rastignac dans plusieurs romans, qui vont nous permettre de suivre l’évolution du personnage. Pour suivre la chronologie exacte du personnage, on lira dans l’ordre Le Père Goriot, Le Bal de Sceaux puis Illusions Perdues.
Les tomes où il apparaît le plus, ensuite, se nomment Etude de femme, L’Interdiction, La Maison Nucigen et Le Député d’Arcis.
S’il n’est pas un personnage principal, son destin y est plusieurs fois abordé, passant de dandy manipulateur à homme mature, à la tête d’une fortune confortable, et se lançant avec réussite en politique.
Rastignac et les autres personnages de la Comédie Humaine
La relation entre le Père Goriot et Rastignac naît d’une des relations sentimentales les plus célèbres de La Comédie Humaine : la fille du premier, Delphine de Nucingen, va être séduite par le second. À la pension Vauquer, où se déroule Le Père Goriot, apparaît également Vautrin, l’ancien bagnard qui vit en se cachant des autorités. Eugène de Rastignac et Vautrin vont vivre une amitié trouble, le fugitif cherchant à corrompre l’esprit ambitieux mais tout de même moral du jeune angoumois.
Le personnage de Rastignac s’impose parmi ce qu’on appelle « les jeunes loups aux dents longues », que Balzac s’est plu à dépeindre dans son œuvre immense. On trouve dans cette catégorie le conte Henri de Marsay (lui aussi amant de Delphine de Nucingen), qui est plus spécifiquement mentionné dans L’Histoire des Treize (composé de Ferragus, La Duchesse de Langeais et La Fille aux yeux d’or) et figure parmi les « roués parisiens », ces personnages intrigants qui usent de leur pouvoir sur les femmes pour gravir les échelons.
Le terme Rastignac dans la vie de tous les jours
Il n’est pas rare aujourd’hui d’employer le surnom « Rastignac » pour dépeindre une personne dont l’ambition paraît sans limite.
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