Décryptage

60 ans de consommation de séries en France

06 avril 2020
Par Arthur
60 ans de consommation de séries en France
©GettyImages

Des premières américaines qui nous sont parvenues avec plusieurs années de décalage au binge-watching intempestif via des plateformes de streaming, notre consommation de séries a considérablement évolué. Voici comment.

Le calme avant la tempête

Aux États-Unis, on a très tôt pris le pli de produire et regarder des séries télévisées, avec une diffusion régulière, en première partie de soirée. Et ce, dès le début des années 1950, avec la sitcom I love Lucy, tournée avec des moyens cinématographiques et qui va amener dans son sillon, une ribambelle de séries tantôt comiques, tantôt policières ou issues de l’univers du western. Trois genres prisés par le public qui en redemande. 

En France, les premières séries télévisées sont diffusées de manière plus sporadiques, sans régularité. Il faudra attendre les années 1960 avant que les premières ne soient tournées, du Chevalier de Maison Rouge à Thierry la Fronde, en passant par Les Saintes Chéries et Les Shadocks. Des séries qui subissent toutes l’autocensure et des moyens limités, du moins jusqu’aux années 1980 où un vent de liberté souffle sur la télévision. Le public découvre avec quelques années de retard les séries américaines, de Columbo à Ma Sorcière bien-aimée, en passant par La Petite Maison dans la prairie, Dallas, Dynastie et Les Feux de l’amour.

Le début de l’ère des séries

Des programmes se créent tout spécialement autour des séries télévisées, comme La Une est à vous le samedi après-midi sur TF1 où sont présentés, sans ordre établi, des épisodes de séries des années 1970 et 1980, comme Arsène Lupin, Amicalement vôtre, Flipper le dauphin, Les Mystères de l’Ouest, La Quatrième Dimension ou Marie Pervenche. Des dizaines de séries se succèdent ainsi et certaines sont rachetées par des chaînes concurrentes, afin d’être diffusées en entier. La Cinq s’en fait la spécialité, ainsi que M6, avant que TF1 ne lance de grandes sagas estivales qui popularisent le genre. C’est l’heure des Oiseaux se cachent pour mourir, des Yeux d’Hélène, de Jalna ou des Cœurs brûlés.

En parallèle, dans les années 1990, M6 dégaine l’artillerie lourde avec des samedis soir entièrement consacrés aux séries américaines du moment. Le public découvre Buffy contre les vampires, Charmed et X-Files. France 2 de son côté lance Urgences le dimanche soir et Friends en fin d’après-midi en semaine. Dès lors, le public découvre la notion de rendez-vous et de saisons pour les séries américaines. De son côté, TF1 devient la reine des séries familiales (Joséphine ange gardien) ou policières à la française (Navarro ou Julie Lescaut). Pour voir et revoir ces séries, il faut attendre leur sortie en coffrets VHS (puis DVD), plusieurs mois après leur diffusion, créant ainsi un véritable événement et une attente de plus en plus fébrile chez les fans.

Le changement numérique

Dès les années 2000, l’offre se déploie. Canal+ entre dans la danse et crée ses propres programmes à découvrir en crypté (Kaboul Kitchen, Hard, Les Revenants…), la VOD (Vidéo à la Demande) fait son apparition en 2005 et les plateformes de streaming vont changer considérablement la donne. Créée en 1997, Netflix s’exporte à travers le monde dans les années 2010 et offre des séries à gros budget dont on peut voir tous les épisodes à la suite. Le public peut choisir de regarder soit l’épisode qu’il souhaite, soit toute la série d’affilée, saison après saison, en un marathon addictif. Il n’y a donc plus aucune notion d’attente, le catalogue de la plateforme ne cessant de s’étoffer. De plus en plus de séries sont produites, éreintant l’offre des chaînes télévisées, qui se contentent de rediffusion ou qui, galvanisées, se lancent des superproductions à leur tour (comme Le Bazar de la Charité sur TF1 ou The Young Pope et Versailles sur Canal+).

Un phénomène qui n’est pas près de s’enrayer et met presque le cinéma de côté. Les séries bénéficient de plus en plus d’un budget confortable (comme les géantes Game of Thrones, The Mandalorian ou le futur Seigneur des anneaux, toutes dépassant les 100 millions de dollars de production), les plateformes se multiplient et l’offre avec elles. Des centaines de séries internationales à portée de clic. Et ce n’est que le début…

Article rédigé par
Arthur
Arthur
rédacteur série TV sur Fnac.com
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