Découverte avec La Nuit du renard, Grand prix de littérature policière en 1977, régulièrement classée depuis dans les meilleures ventes de livres, Mary Higgins Clark aura régné sur le roman à suspense durant quarante ans, au point de devenir une marque. Vendredi 31 janvier, la romancière s’est éteinte, à l’âge de 92 ans.
Vocation précoce, succès tardif
Deux drames auront émaillé la vie tourmentée de Mary Higgins Clark : la mort subite de son père, en 1937, alors qu’elle a dix ans, l’oblige à travailler très tôt, comme standardiste et hôtesse de l’air. Le décès, vingt-cinq ans plus tard, de son mari, la force à élever seule ses cinq enfants. Entre les deux, il y a l’écriture, en filigrane. Comme un rituel, elle rédige quotidiennement des scripts pour la radio, et son premier livre, une vulgarisation pour la jeunesse de la vie de George Washington. Après avoir repris ses études à plus de 40 ans, elle s’essaie à un autre genre, dans les années 1970. Dans la lignée des Patricia Highsmith, Boileau-Narcejac et autre Daphné Du Maurier, elle passe au roman policier à suspense, et obtient un énorme succès avec La Maison du guet puis La Nuit du renard, en 1975 et 1977. Deux thrillers, l’un sur une femme accusée d’infanticide, l’autre sur un couple confronté à un tueur en série, où elle dévoile son talent pour l’installation de climats angoissants. Entre coïncidences, coups de téléphone savamment placés, oppression des protagonistes, ces deux premiers page-turners définissent dès lors l’esthétique de ses nombreux romans à venir.
Ma petite entreprise
Titres simples, style efficace, personnages en crise, frissons garantis : les livres de Mary Higgins Clark vont par la suite conquérir des millions de lecteurs à travers le monde, grâce à ces éléments que l’on retrouve roman après roman. Un cri dans la nuit, Dors ma jolie, Tu m’appartiens… Autant d’ouvrages qui, le temps d’une saison, font frémir les voyageurs en train et les amateurs de polar populaire. L’auteure y dévoile notamment son goût pour les femmes fortes, qui relèvent la tête face à l’adversité. « Je veux que le lecteur ne lâche pas le livre, je veux qu’il passe une nuit blanche » Confiait-elle. Plus récemment, elle avait créé avec Alafair Burke une série mettant en scène une héroïne récurrente, Laurie Moran, et prouvé qu’à 80 ans passés, son savoir-faire était resté intact. Elle avait également, dans les années 2000, collaboré avec sa fille, Carol Higgins Clark, qui a publié en parallèle une quinzaine d’ouvrages « solo ». Ses deux succès, La Maison du guet et La Nuit du renard, ont été adaptés au cinéma et plusieurs autres romans en téléfilms.
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