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Les Années d’Annie Ernaux finaliste du prix international Man-Booker

07 mai 2019
Par Sébastien Thomas-Calleja
Les Années d’Annie Ernaux finaliste du prix international Man-Booker

Le prestigieux prix international Man-Booker récompense un écrivain pour l’ensemble de son œuvre, à la seule condition qu’elle soit traduite en anglais. Les Années d’Annie Ernaux figure dans la sélection finale, honneur pour l’auteure française à l’écriture à la fois personnelle et collective. Le lauréat sera annoncé le 21 mai.

Une femme dans le siècle

« Toutes les images disparaîtront », c’est la première phrase des Années, roman paru en France chez Gallimard en 2008, et traduit en langue anglaise en 2018 par Alison Strayer, aux éditions Fitzcarraldo. C’est cette traduction tardive qui lui vaut cette nomination pour le prix international Man-Book. 

« La mémoire ne s’arrête jamais. Elle apparie les morts aux vivants, les êtres réels aux imaginaires, le rêve à l’histoire ». Ça commence par une photo, suivie de onze autres. Douze images, douze souvenirs qui reviennent à la surface, et plonge le lecteur à chaque fois un peu loin dans la vie de cette femme. Ces images ne seront pas montrées, mais « elle » les décrira, car il n’y a pas de « je » dans ce récit à la troisième personne du singulier. 

Des années 40 à la veille de l’élection de Nicolas Sarkozy, c’est un pan de l’Histoire qui défile sous les yeux du lecteur. Des images de la société sont transmises à travers le passé personnel de cette femme qui n’est autre qu’Annie Ernaux elle-même. Intime, sociale, politique ou culturelle, d’événements en bouleversements, Annie Ernaux restitue notre histoire commune. Son style froid et distancié ne met l’individu en exergue que pour mettre en avant sa place dans la société. Car dans l’histoire et l’œuvre de cette écrivaine, la place que l’on occupe socialement est une question centrale. C’est d’ailleurs le titre d’un de ses plus beaux romans, La Place, paru en 1984, qui lie la biographie de son père ouvrier puis commerçant à son propre rapport avec ses origines, elle qui est devenue professeure, écrivaine et donc intellectuelle, et a donc changé de classe sociale. 

En embrassant soixante ans d’histoire intime et collective, l’auteure atteint là une sorte d’aboutissement, même si son œuvre est loin d’être terminée. Son dernier livre en date, Mémoire de fille, explore sa mémoire intime de femme à travers la perte de sa virginité, pour la restituer dans un contexte global, en dénoncer les conditionnements et tenter de réparer les injustices. 

« Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais » : c’est la dernière phrase de ces Années, que certains considèrent comme son chef d’œuvre, et que cette nomination prestigieuse donne l’occasion de découvrir, ou de relire ! 

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Une sélection féminine

Parmi les six titres de la « short list » du prix Man-Booker, cinq sont écrits par des femmes : 

Drive your Plow Over the Bones of the Dead, d’Olga Tokarczuk, traduite par Antonia Lloyd-Jones, aux Éditions Fitzcarraldo. 

The years (Les Années), d’Annie Ernaux, traduit par Alison Strayer (Fitzcarraldo). 

Celestial Bodies, de Jokha Alharti, traduit de l’arabe par Marylin Booth (Sandstone Press). 

The Remainder, d’Alia Trabucco Zoran, traduit par Sophie Hughes (And others stories). 

The Pine Islands, de Marion Poschmann traduit par Jen Calleja (Serpent’s Tail). 

The Shape of the Ruins, de Juan Gabriel Vasquez, traduit par Anne MacLean (MacLehose Press). 

Si Annie Ernaux était choisie comme lauréate, elle rejoindrait des noms comme Kazuo Ishiguro, Nadine Gordimer, William Golding ou encore Julian Barnes et Philip Roth dans son palmarès. 

Réponse le 21 mai 2019. 

Paru poche le 14 janvier 2010 – 253 pages

Article rédigé par
Sébastien Thomas-Calleja
Sébastien Thomas-Calleja
Libraire à Fnac Bercy
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