Si, lorsqu’on vous parle des Hauts de Hurlevent, vous repensez avec découragement au programme de français de 4e, cette chronique est faite pour vous. Quelques lignes pour vous donner envie de redécouvrir ce grand classique de la littérature anglaise et sa sauvageonne d’auteure, Emily Brontë. Un classique aux thèmes intemporels et une postérité remarquable.
Une auteure (vraiment) pas comme les autres
Emily Brontë grandit dans un presbytère anglais (son père est pasteur), et avec son frère Branwell et ses sœurs Charlotte et Anne, elle invente des pays et des mondes imaginaires qui nourrissent de nombreux poèmes. La jeune Emily a peu de contacts avec l’extérieur, ce qui n’est pas pour lui déplaire. À la compagnie des hommes, elle préfère celle des animaux et affectionne les longues balades dans les moors anglais. Cependant, et c’est remarquable pour l’époque, Emily se construit une solide éducation : elle s’appuie d’ailleurs sur ses connaissances du latin et des tragiques grecs pour penser son époque avec une certaine modernité. Lorsqu’elle démarre l’écriture de son premier (et dernier) roman, Les Hauts de Hurlevent, Emily vit très isolée du monde, et utilise surtout ses connaissances encyclopédiques et la chronique villageoise pour donner corps à son histoire et à ses personnages. Le roman, Wuthering Heights en langue originale, est publié en 1847 sous le pseudonyme masculin d’Ellis Bell. La sortie passe presque inaperçue, éclipsée par la publication concomitante de Jane Eyre de Charlotte Brontë, grande sœur d’Emily.
Noir c’est noir
Et pourtant, le roman Les Hauts de Hurlevent est lui aussi un bijou de la littérature britannique. Sur plusieurs décennies, l’on y découvre une sombre histoire de famille(s) autour de la lugubre maison des Hauts de Hurlevent, un manoir battu par les vents dans lequel on s’imagine difficilement passer une soirée cocooning. Au cœur de l’intrigue, l’ombrageux Heathcliff, un jeune garçon recueilli par la famille Earnshaw, se pose en rival de son demi-frère en même temps qu’il s’éprend de Catherine. Et c’est ainsi que le roman raconte le ressentiment que les personnages éprouvent les uns envers les autres, les intrigues, les plans de vengeances… Amour, haine, désir de revanche : finalement, les thèmes centraux du livre sont intemporels et peu d’auteurs auront su dépeindre les noirceurs de l’âme humaine avec autant de précision.
Fans de…
Si la reconnaissance pour les qualités littéraires des Hauts de Hurlevent est survenue après le décès prématuré de son auteure (Emily Brontë décède de la tuberculose à seulement 30 ans), la postérité de l’œuvre est immense. Parmi les nombreux films ayant porté les amours tumultueuses de Catherine et Heathcliff à l’écran : la version aux 8 Oscar de 1939 réalisée par William Wyler, ou celle plus récente de Kosminsky sortie en 1992 avec Juliette Binoche et Ralph Fiennes. Quant à la version de 1970, on y note la contribution musicale du grand Michel Legrand, récemment disparu. Opéras, ballets, bandes dessinées : les adaptations de l’œuvre sont multiples. On citera enfin la passion de Bella et Edward, couple vedette de la saga Twilight, pour le roman. Des milliers d’adolescents se sont d’ailleurs précipités sur le livre de Brontë suite à la parution des livres de Stephenie Meyer : preuve que la littérature peut être universelle et intemporelle.
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Paru originale en 1847 – 416 pages
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Delebecque