Où vont les canards quand il fait trop froid ? Telle est l’une des questions qui revient régulièrement à l’esprit de Holden Caulfield, célèbre antihéros de la littérature américaine du XXe siècle. C’est l’écrivain J.D. Salinger qui jettera sur le papier l’histoire brève et chaotique d’un adolescent en perte de repères. Un siècle après la naissance de son auteur, retour sur un livre culte qui marque encore les jeunes générations.
Un livre culte et une histoire sulfureuse…
Lorsqu’il sort aux États-Unis en 1951, The Catcher In The Rye déchaine les passions. Les jeunes aiment l’histoire de ce jeune garçon de 17 ans, racontée à la première personne avec un langage imagé, argotique et parfois vulgaire. L’Amérique bien-pensante déteste d’emblée cette littérature jugée subversive, à tel point que l’ouvrage est censuré dans certaines bibliothèques. Qu’est-ce que ce livre ? Certainement pas « une saleté d’autobiographie », assure le personnage dès les premières lignes du récit. Et pourtant, c’est toute une vie qui s’esquisse en filigrane au travers de trois jours d’errance et de naufrage intérieur. Peu à peu, The Catcher In The Rye, traduit en français par L’Attrape-cœurs, clin d’œil à L’Arrache-cœur de Boris Vian, devient culte. Son créateur, Jerome David Salinger, publie quelques recueils de nouvelles et un autre roman, Franny and Zooey, avant de disparaitre tout bonnement des radars en se retranchant peu à peu dans sa maison du New-Hampshire. Enfin, L’Attrape-cœurs a été pointé du doigt pour avoir indirectement amené Mark David Chapman à assassiner John Lennon. N’en avait-il pas un exemplaire dans sa poche au moment de commettre son forfait ? Funeste réputation et sulfureuse postérité pour un roman plusieurs fois accusé d’avoir encouragé le passage à l’acte de meurtriers.
Un roman qui résonne encore, 70 ans après
Si l’action se déroule en 1949, quelques jours avant Noël, L’Attrape-cœurs continue d’emmener les jeunes lecteurs dans le tourbillon initiatique de son histoire. Intemporel, le sujet du passage à l’âge adulte y est abordé sans fard, avec un humour féroce et un regard désabusé… sans oublier une profonde nostalgie de l’enfance, ressentie déjà par Holden Caulfield du haut de ses 17 ans. Sensation d’isolement, certitude d’être différent, incompris, inadapté : il y a lui, et il y a les autres. Un mal-être et une impossibilité d’être au monde qui transpire tout au long de l’ouvrage et qui trouve aujourd’hui encore une résonnance auprès de nombreux lecteurs. Quant au regard impitoyable porté sur une société normée et aux codes verrouillés à double-tours : difficile là aussi de ne pas esquisser le parallèle avec les schémas bien ancrés dans les sociétés occidentales. Preuve en est : en chanson, à l’écran ou dans les livres, les références à L’Attrape-cœur de Salinger se comptent par dizaines.
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Parution originale en 1951 – 256 pages
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Annie Saumont
