Critique

1 mois / 1 classique : Le Procès de Franz Kafka

05 juin 2018
Par Melanie C.
1 mois / 1 classique : Le Procès de Franz Kafka

Chef-d’œuvre absolu de la littérature du XXe siècle, Le Procès de Franz Kafka demeure l’un des exemples les plus représentatifs de l’œuvre torturée de cet auteur pas comme les autres. Adapté au cinéma, support de nombreuses analyses théoriques depuis les années 1940, ce roman mérite toujours aujourd’hui une lecture attentive.

Une œuvre, un destin

Le procès

Deuxième des trois grands romans posthumes de Franz Kafka (le premier étant La Métamorphose, le troisième Le Château), Le Procès est peut-être l’œuvre la plus maîtrisée de cet auteur maudit. Atteint par la tuberculose, rongé par ses échecs sentimentaux successifs, marqué à vie par un père abusif, cet auteur praguois d’expression allemande a largement teinté son œuvre d’un climat névrotique et oppressant qu’il a connu lui-même dans sa vie privée. On sait, grâce au Journal tenu par l’auteur, que la genèse du Procès date ainsi des fiançailles ratées de Kafka avec Felice Bauer. À cette époque, le jeune employé de bureau et écrivain se sentait jugé et contraint au silence à chaque fois qu’il visitait sa promise.

Justice aveugle

Que nous raconte Le Procès, sinon l’absurdité et l’arbitraire de l’existence ? Un beau matin, Joseph K., jeune banquier qui fête ce jour-là ses trente ans, reçoit la visite de deux mystérieux agents, qui lui notifient son prochain procès. Le délit n’est pas spécifié, et il ne le sera pas jusqu’à l’issue du récit. D’abord sûr de son innocence, le « héros » bascule petit à petit dans une acceptation de la procédure judiciaire, et cherche par tous les moyens à obtenir son acquittement, sans aucune idée des motifs d’inculpation. Au cours de ce récit, une sorte d’autorité invisible semble empêcher Joseph K. d’échapper à sa destinée. La bureaucratie, tentaculaire et toute-puissante, soumet le personnage principal au plus profond de son âme, jusqu’à ce que la culpabilité, le doute et la paranoïa l’envahissent.

Aucune réponse, mais des questions

Le Procès est peut-être l’œuvre qui a nourri le plus d’interprétations au sein du corpus de l’auteur pragois. Influençant autant l’existentialisme de Sartre ou de Camus que les critiques du totalitarisme bureaucratique, symbole du rapport complexe de Kafka à sa judéité, ce roman fondateur est un peu la somme de tous ces éléments, mais aussi un univers à part, auto-moteur, dans lequel l’exagération et le jusqu’au-boutisme des personnages et des situations rend compte d’une forme de pathologie. Mais cette maladie mentale que dépeint le tortueux écrivain est celle dont souffre la société toute entière. Là où Le Procès atteint une portée universelle, c’est dans ce qu’il dit de l’horreur rationalisée, optimisée et bureaucratisée que le XXe siècle a incarnée. Autour d’un thème littéraire assez classique, dans une langue aussi précise qu’évocatrice, Kafka a personnifié l’angoisse et la culpabilité, mieux que quiconque, se rangeant là parmi les écrivains les plus importants de ces deux derniers siècles. 

Traduit de l’allemand par Alexandre Vialatte

Parution originale en 1933 – 384 pages

Le Procès, Franz Kafka (Folio) sur Fnac.com

Aller + loin : 1 mois / 1 classique, la bibliothèque idéale

Visuel d’illustration © Atelier Lotte Jacobi

Article rédigé par
Melanie C.
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