Critique

Élévation ou évolution, telle est la question !

05 février 2018
Par Gauthier
Élévation ou évolution, telle est la question !

L’humanité n’est pas seule dans l’univers. Le contact a eu lieu quelques décennies auparavant avec des Galactiques, différentes races extraterrestres regroupées au sein d’une même civilisation. Si ce premier contact ne déboucha pas sur un conflit, il ne fut pas pour autant cordial, la plupart des peuples galactiques méprisant l’humanité parvenu à la sapience sans apparemment avoir été élevé par une autre race, contrairement à ce qu’il se fait partout ailleurs dans la galaxie.

L’humanité n’est pas seule dans l’univers. Le contact a eu lieu quelques décennies auparavant avec des Galactiques, différentes races extraterrestres regroupées au sein d’une même civilisation. Si ce premier contact ne déboucha pas sur un conflit, il ne fut pas pour autant cordial, la plupart des peuples galactiques méprisant l’humanité parvenue à la sapience sans apparemment avoir été élevée par une autre race, contrairement à ce qui se fait partout ailleurs dans la galaxie. 

Un cycle majeur

Expédition scientifique inter-espèces, bataille spatiale chaotique, survie au sein d’un monde hostile, guérilla contre des forces d’invasion… les intrigues chez David Brin sont aussi variées que captivantes. Et là, je ne survole que celles abordées dans les trois premiers romans du cycle Élévation, à savoir Jusqu’au cœur du soleil (1980), Marée Stellaire (1983, prix Hugo et Nebula) et La guerre de l’Élévation (1987), qui ont été réédités récemment chez Milady. Gageons que les trois autres romans, parus en 1995, 1996 et 1998, le seront à leur tour dans un futur proche. Le cycle d’Élévation, qu’est-ce donc ? Un space opera mâtiné de hard-science ? Plutôt de la hard-science saupoudrée de space opera, d’anticipation, de roman de guerre, d’enquête… Car oui, la science, ou plutôt les sciences, naturelles et humaines, y ont une place importante, mais sans que cela nuise jamais à la qualité du récit, au rythme ou à la narration, et encore moins à l’imaginaire, avec notamment un « bestiaire » extraterrestre varié – chaque race a ses caractéristiques propres et sa ligne de conduite, ce qui crée une situation politique plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord.

Qu’est-ce donc que l’élévation ?

Synonyme de provolution, l’élévation s’oppose à l’évolution : là où l’évolution voit une espèce parvenir à un stade de développement avancé par des évolutions naturelles, l’élévation est le processus d’amélioration d’une espèce par une autre, extraterrestre, qui lui apporte diverses caractéristiques, notamment l’intelligence, pour l’élever à un stade de développement qui lui permettra à son tour de conduire ce processus. Cette élévation se fait par manipulation génétique, mais aussi par le patronage, au sens littéral du terme. En effet, une espèce ainsi modifiée est liée contractuellement à son tuteur pour une durée déterminée. Ainsi une relation patron/client est créée, rappelant quelque peu le féodalisme. L’élévation fut mise en place deux milliards d’années auparavant par la race mythique des Progéniteurs, et a perduré depuis.

Jusqu-au-coeur-du-soleil    Maree-stellaire    La-Guerre-de-l-Elevation

Confrontation idéologique

L’intérêt majeur du cycle va se porter sur la confrontation entre les humains et leurs alliés, néo-chimpanzés, néo-dauphins, ainsi que quelques rares extraterrestres amicaux, et les Galactiques conservateurs, avec une opposition quasi-théologique entre évolution et élévation. Car l’évolution semble une aberration pour la plupart des Galactiques, tous issus de l’élévation : beaucoup ne croient pas que l’évolution soit possible, et pensent que les humains ont été abandonnés pour une raison ou une autre par leurs patrons avant que leur élévation ne soit finie. De ce fait, si les différentes races extraterrestres sont dissemblables les unes des autres, elles ont toutes été formatées par l’élévation, et suivent les enseignements engrangés dans la Bibliothèque Galactique. Ainsi, leur savoir est potentiellement immense, mais elles n’ont globalement pas de processus créatif, contrairement aux humains, qui à travers leur laborieux parcours évolutifs, ont commis beaucoup d’erreurs, aux conséquences souvent dramatiques, mais ont appris de celles-ci, et ont continué d’innover.
 

D’innombrables idées savamment orchestrées

L’autre sujet de dissension entre humains et Galactiques, c’est le statut des races clientes des humains : les néo-chimpanzés et les néo-dauphins. Alors que les races patronnes usent des races clientes sous contrat de manière parfois éhontées, allant jusqu’à une espèce de servage, les humains ont immédiatement affranchis néo-chimpanzés et néo-dauphins, les associant, de manière imparfaite, certes, aux instances dirigeantes de l’humanité. Grand nombre de Galactiques voient dans ce geste une attaque contre l’orthodoxie de leur civilisation. Ces quelques points ne sont que la surface des concepts développés au sein des romans constituant le cycle Élévation. D’autres concepts sont abordés, notamment scientifiques, ne serait-ce que la délicieuse « science probabiliste ». Ce foisonnement d’idées peut sembler indigeste à première vue, mais s’intègre parfaitement avec le rythme des récits, et donne au cycle toute sa profondeur sans jamais nuire au plaisir du lecteur.

Au fil des années, le cycle d’Élévation s’est imposé comme un classique de la science-fiction, notamment récompensé par les prix Hugo et Nebula. Aussi intelligent soit-il du fait des concepts explorés, les intrigues et la narration sont également au rendez-vous et en font une expérience de lecture formidable et un véritable chef d’œuvre !

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Article rédigé par
Gauthier
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