Critique

1 mois / 1 classique : Dracula de Bram Stoker

10 novembre 2017
Par Lucas
1 mois / 1 classique : Dracula de Bram Stoker
©DR

Il y a 170 ans, le 8 novembre 1847, venait au monde Bram Stoker, l’un des auteurs les plus troubles et troublants de l’époque victorienne. 50 ans plus tard, l’écrivain enfantait de sa plume celui qui deviendrait l’archétype du vampire et l’un des plus grands mythes de la littérature (et du cinéma), le comte Dracula…

Paru en librairie en 1897, Dracula est un roman épistolaire. L’histoire de Jonathan Harker, jeune clerc de notaire, qui quitte Londres pour rejoindre la Transylvanie où un client, un certain comte Dracula, l’attend pour affaire. D’abord séduit par ce pays inconnu et la bienveillance de son hôte, Harker ne tarde pas à sentir monter en lui une irrépressible angoisse. Et de réaliser alors qu’il est le prisonnier d’un homme qui n’en est pas tout à fait un…

bram stoker - draculaUn terreau favorable

Lorsque Bram Stoker entame l’écriture de Dracula, en 1888, le quartier de Whitechapel tremble au rythme des assassinats de Jack l’Éventreur. Par ailleurs, au fil de ses lectures, Bram a alors sans aucun doute déjà rencontré Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu (1871), L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson ou encore Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde. Oscar Wilde qui lui-même ne cachera pas plus tard son admiration pour le livre de Stoker, « peut-être le plus beau roman de tous les temps ». Et c’est au creux de ce terreau romantique néogothique que Bram Stoker a pensé, conçu et donné vie au plus célèbre des buveurs de sang.

Un exutoire

Près de dix ans auront été nécessaires à Bram Stoker pour coucher son histoire sur papier. Un long processus à la mesure de la complexité de son roman où se heurtent violemment vie et mort, désir érotique et ferveur religieuse, Bien et Mal… Stoker y jette toutes ses frustrations, lui le fils de bourgeois irlandais contrit dans son protestantisme victorien. Mais aussi celles de son époque. Dans le roman s’oppose ainsi deux mondes, celui du progrès et de l’avenir face à celui du passé, entre traditions et superstitions. Une opposition que figure celle, dans le livre, entre, d’un côté, le jeune Harker, le téméraire docteur Van Helsing ou la compatissante Mina, et de l’autre, Dracula, comte rusé mais usé. 

Un héritage

Au même titre qu’une Mary Shelley avec son Frankenstein, Bram Stoker compte parmi ces créateurs dépassés par leur création. Si l’écrivain irlandais souffre en effet encore aujourd’hui d’un relatif anonymat, son Dracula a su se frayer un chemin à travers les époques sans prendre la moindre ride et s’imposer comme une source d’inspiration éternelle… À l’image d’un septième art qui aura assurément et largement participé à l’entretien du mythe, que ce soit le Nosferatu de Murnau, celui d’Herzog, le Dracula de Tod Browning (avec Bela Lugosi) ou celui de Coppola (incarné par Gary Oldman), sans doute le plus proche de l’œuvre originale. Mais que cela ne vous prive surtout pas pour autant de (re)découvrir le Dracula de Bram Stoker, l’une des ombres les plus fascinantes de la littérature gothique. Alors, « entrez ici de votre plein gré et laissez-y un peu de la joie que vous y apportez… ».

Parution originale en 1897

Dracula, Bram Stoker (Flammarion), sur Fnac.com 

Aller + loin : 1 mois / 1 classique, la bibliothèque idéale

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