Entretien

On la trouvait plutôt jolie : rencontre avec Michel Bussi

19 octobre 2017
Par Mathilde1

Art du suspense, maîtrise des codes du polar, personnages attachants et décor bien planté : voici les clés du succès de celui qui s’impose dans le top 3 des écrivains préférés des Français. Michel Bussi revient avec On la trouvait plutôt jolie, et nous présente en vidéo son dernier-né.

On-la-trouvait-plutot-jolie

Quel est le sujet de votre dernier roman ? 

Michel Bussi : « On la trouvait plutôt jolie, mon dernier roman, c’est un roman policier, à suspense, mais aussi un roman sur un secret de famille. Il raconte la trajectoire de mon héroïne, Leyli, une mère de famille de trois enfants, d’origine malienne, arrivée en France de façon clandestine. Elle cache un secret… qu’on va découvrir… C’est un récit de faux-semblants, de rebondissements. »

Un sortilège semble imprégner la famille de Leyli…

« Ce que j’aime faire dans mes romans, c’est mettre une touche de fantastique ou d’irrationnel, mais finir toujours par une explication rationnelle. J’aime que mes personnages soient confrontés à quelque chose qui ne semble pas possible, un tour de magie, mais finalement tout s’explique à la fin. Le lecteur lui-même doit être dans cette situation et se dire « Comment ça va se terminer ? » »

Vous montrez la pauvreté de quartiers défavorisés et abordez les difficultés liées à l’immigration : avez-vous écrit un roman politique ou engagé ?

« Ce n’est pas un roman politique, c’est plus un roman humaniste. Mon récit va parler de gens qui habitent dans des quartiers défavorisés, de migrants qui risquent leur vie. Mes héros sont des héros ordinaires qui se battent au quotidien, mais ce n’est pas un roman politique : je ne défends pas une thèse particulière. Il y a une tradition des romans humanistes, on peut remonter à Zola et Victor Hugo. Il y a un lien entre le romanesque d’une histoire et une dimension sociale forte où il y a une émotion, une empathie pour des gens qui se battent pour survivre. C’était le but de ce roman, essayer de ne pas faire un roman misérabiliste, mais au contraire un roman d’espoir avec des héros positifs. J’espère que ça donne la force de ce roman. »

Maman a tort

Pourquoi choisissez-vous des personnages très éloignés de vous ?

« Quand on est écrivain, c’est le grand plaisir : je raconte des histoires, je ne fais pas d’autofiction, je ne parle pas de moi dans mes romans. Le grand plaisir c’est d’inventer des personnages, de se glisser dans leur peau, de penser et de parler comme eux. Plus le challenge est difficile, plus c’est intéressant d’un point de vue littéraire. Je me suis glissé dans la peau d’un enfant de trois ans dans Maman a tort, d’une ado de quinze ans dans Le temps est assassin. Ici j’avais envie de me glisser dans la peau d’une femme malienne et de son parcours et de la faire parler à la première personne pour raconter sa vie. J’emmène mes lecteurs, dans une chambre d’hôtel de la région parisienne ou dans le désert… »

Votre roman est minuté, chronométré. Comment vous organisez-vous quand vous écrivez ?

« Souvent, le minutage et la précision viennent à la fin. C’est une façon d’organiser le roman, mais pas forcément au moment des phases d’écriture. Ce roman est un puzzle, où il y a beaucoup de personnages qui entrent en interaction. Pour s’y retrouver, le déroulé chronologique permet d’avoir des repères et de savoir quand les actions se déroulent de façon simultanée. C’est avant tout une aide pour le lecteur dans cette organisation de puzzles. J’aime que mes romans soient des kaléidoscopes, qui partent dans tous les sens, mais qu’il y ait aussi une lecture très linéaire. Avec le minutage on a envie de voir l’histoire progresser, tout en sachant de façon très claire qui est qui, qui fait quoi, qui est où. Les lecteurs sont habitués à ces types de découpage dans les séries TV. Pour que ce soit bien fait, il faut que cela soit extrêmement précis. »

Quelle est cette culture populaire que vous défendez ?

« Il y a beaucoup de culture populaire dans mes romans. Le titre du roman fait référence à la chanson Lily de Pierre Perret : c’est une des définitions de la culture populaire, c’est une chanson transgénérationnelle, même si c’est une vieille chanson, beaucoup l’ont apprise à l’école, elle trotte dans les têtes : ça, c’est la culture populaire. Tout le monde peut se l’approprier, quel que soit son âge, sa classe sociale. J’aime bien mettre dans mes romans des éléments de culture populaire : du cinéma, de la littérature. Cette culture ne s’adresse pas seulement à une élite intellectuelle et c’est parfois plus difficile finalement de réaliser une œuvre qui entre dans la culture populaire plutôt que quelque chose de ciblé. La culture populaire c’est essayer, si possible, d’atteindre tout le monde et pour ça il faut toucher à quelque chose d’universel. C’est difficile et très intéressant quand on est artiste d’arriver à produire de l’universel : l’amour, la mort, des sentiments de ce type, qui vont permettre que chacun soit touché. Ce n’est pas quelque chose de consensuel, mais quelque chose de tellement simple que ça devient évident. Une chanson de Renaud, de Cabrel, de Goldman ou Lily de Pierre Perret, ça devient quelque chose d’immédiatement identifiable par tout le monde. Certains films ont cette qualité-là et j’espère que certains de mes romans aussi… »

Vous publiez un livre par an. D’où vient votre inspiration ?

« Il paraît environ un livre par an, mais j’ai été édité relativement tard. J’ai des histoires qui sont dans mes tiroirs que je peux aller chercher, année après année. J’ai des envies et dès que j’ai fini un livre, je peux développer une idée que j’avais depuis longtemps, c’est ce qui nourrit l’inspiration. L’écriture, ça prend beaucoup de temps, mais une fois qu’on a une très bonne idée de départ, un bon scénario, c’est une question de temps, ce n’est plus une question d’inspiration. »

Qu’est-ce qui est le plus réjouissant : être prof de géographie, ou faire partie des trois écrivains les plus lus en France ?

« Ce n’est pas du tout le même statut ! Être professeur de géographie, c’est mon métier depuis longtemps, ma vie s’est construite autour de ce métier, qui est un métier de passion. Être écrivain ça relève du rêve, c’est un peu incroyable. Si on m’avait dit un jour que je ferais partie des trois auteurs français qui vendent le plus de livres, je ne l’aurais pas cru, mais j’aurais accepté ! C’est un privilège, comme gagner au loto. Bien sûr, c’est un petit miracle que je n’aurais jamais cru pouvoir s’accomplir ! »

Parution le 12 octobre 2017 – 464 pages

On la trouvait plutôt jolie, Michel Bussi (Presses de la cité), sur Fnac.com

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