Cent ans que le vilain petit Canard brave la censure et distribue ses coups de bec ! Avec son encre noire et rouge, et son format rétro « quotidien », le très reconnaissable Canard enchaîné est un exemple d’endurance au sein de l’industrie menacée qu’est la presse papier. Pour fêter ce centenaire, Pascal Magnard et Didier Convard lui rendent hommage dans L’incroyable histoire du Canard enchaîné : 100 ans d’humour et de liberté.
Au début : dénoncer la guerre
Le journal naît pendant la Grande Guerre, en 1915, dans un contexte bien spécifique : la presse d’alors ne s’embarrasse pas de la censure quand les journalistes encouragent à partir au combat, en répandant l’illusion dans leurs colonnes d’une guerre facile et noble, loin de la réalité meurtrière des tranchées. C’est alors que le rédacteur Maurice Maréchal décide de fonder un journal libre, frondeur mais pacifiste, comme une réponse aux bien-pensants, qui devient Le Canard enchaîné. Après cinq numéros seulement, le journal naît véritablement en 1916 et sa distribution ne s’est plus arrêtée depuis, assurée toutes les semaines sauf durant la Seconde Guerre Mondiale.
Le secret du succès
Comment ce journal modeste a-t-il survécu pendant un siècle ? Le secret principal du Canard enchaîné est d’avoir su rester indépendant. D’abord financièrement, car il fonctionne sans publicité, et son petit prix – le même depuis 1991 – suffit à encourager les ventes. Aujourd’hui, il affiche l’une des meilleures santés financières de la presse. Autosuffisant, il demeure alors indépendant politiquement, pouvant donner libre cours à ses diverses dénonciations sur la vie politique et économique, avec ses magouilles, histoires étouffées et sots personnages.
Car, sans en avoir l’air, le petit hebdomadaire a mené l’enquête sur des affaires retentissantes qui ont parfois fait la une de l’actualité, révélant les dessous sordides du pouvoir. Malaimé des politiciens et autres notables, le Canard enchaîné n’hésite pas à se déchaîner et a toujours attaqué les membres des hautes sphères. Résultat : une exception dans la presse française, dont le ton impertinent, anticlérical et satirique reste inchangé depuis 100 ans.
Un incubateur de talents
Le journal satirique a toujours été un havre pour les journalistes à la plume acérée, mais ils demeurent discrets, mis à part quelques noms connus comme Claude Angeli, Sorj Chalandon ou Jean-Luc Porquet. Le Canard reste le plus célèbre pour les nombreux illustrateurs qui ont orné ses pages au fil des ans, dont les anciens, Martin Veyron, Lap, Zac, Jean Effel, André Escaro et Roland Moisan, ou les plus récents Wozniak, Cardon, Kerleroux, Pancho, Pétillon et le regretté Cabu.
Aujourd’hui, le dessinateur Pascal Magnat et le scénariste Didier Convard rendent hommage au Canard dans cette bande dessinée, où l’on retrouve des anecdotes et des piques en tout genre, pour continuer la dérision salutaire. L’incroyable histoire du Canard enchaîné : 100 ans d’humour et de liberté, c’est l’histoire du journal, mais aussi 100 ans de vie politique française. Toujours aussi insolent, il n’a rien perdu de sa superbe !
—
Parution le 14 septembre 2016
176 pages en couleur
Pascal Magnat (Dessin) et Didier Convard (Scénario)
L’incroyable histoire du Canard enchaîné : 100 ans d’humour et de liberté (Les Arènes) sur Fnac.com
