COMICS – Les aventures de John Constantine, alias Hellblazer, ne sont pas aussi populaires en France qu’aux États-Unis et surtout en Grande-Bretagne. Imaginé d’abord par Alan Moore dans un épisode mémorable de Swamp Thing, John Constantine fera vite l’objet d’une série dans la célèbre collection Vertigo de DC Comics, devenant même, avec les années, la plus longue et la plus populaire des séries du label.
COMICS – Les aventures de John Constantine, alias Hellblazer, ne sont pas aussi populaires en France qu’aux États-Unis et surtout en Grande-Bretagne, pays qui l’a vu naître, théâtre de son univers interlope, fait de crimes, de bas-fonds malsains et de phénomènes occultes.
John Constantine, le détective
John Constantine est le parfait anti-héros, un détective, sorte de Philip Marlowe des temps modernes avec qui il partage le même cynisme, la même vision désabusée du monde, un humour très acide et un amour immodéré pour le tabac, malgré le cancer qui lui ronge les poumons. Comme le célèbre détective de Raymond Chandler, Constantine témoigne, à travers ses enquêtes sordides, des ravages de la crise économique, pas celle des années 1930 aux États-Unis, mais bien celle qui a mis la classe ouvrière britannique à genoux sous le gouvernement de Margaret Thatcher. Imaginé d’abord par Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta) dans un épisode mémorable de Swamp Thing, John Constantine fera vite l’objet d’une série dans la célèbre collection Vertigo de DC Comics, devenant même, avec les années, la plus longue et la plus populaire des séries du label.
Sombre Warren Ellis
De nombreux scénaristes de renom, tels Jamie Delano, Garth Ennis ou Brian Azzarello, se sont succédés sur Hellblazer. Mais au crépuscule des années 1990, Warren Ellis (Transmetropolitan) va marquer la série de sa personnalité virulente et de son goût pour la provocation. Son relatif court passage sur Hellblazer, retranscrit dans ce volume de 270 planches, sera entaché par la censure. L’épisode final intitulé Tire (Shoot en VO) décrit un massacre dans un lycée. Bien que l’épisode ait été écrit et dessiné avant la tragique fusillade du lycée de Columbine, DC Comics refusa de le publier sans des révisions majeures. Warren Ellis, scénariste intègre et rebelle, claquera la porte et le fameux épisode ne sera publié que des années plus tard.
Pour le fan de comic book en général et de Hellblazer en particulier, cet album est donc un petit événement et permet de découvrir pour la première fois en français les onze épisodes écrits par Warren Ellis. Une histoire plus dense, Hanté, est également l’occasion de découvrir une facette plus discrète de notre héros. En enquêtant sur le meurtre d’une ex-petite amie, John Constantine se révèle comme trop rarement humaniste, voire sentimental, un trait de caractère qui le rend inévitablement très attachant auprès du lecteur. Des petits morceaux de douceur sont toujours bienvenus dans un univers violent, à ne pas mettre entre toutes les mains. Chaque planche est hantée par un constat social glaçant.
Aux frontières du réel
Il est également essentiel de rappeler pour qui n’est pas familier de ce comic book atypique que son héros n’est pas seulement un privé qui traîne son trench-coat dans les caniveaux de quartiers mal famés. John Constantine est un détective de l’occulte, maîtrisant certaines formes de magie qui lui permettent d’affronter des sectes maléfiques, des cas de possession ou des créatures surnaturelles. Imaginez Fox Mulder sur les affaires conduites par Hellboy !
Enfin, les qualités graphiques de cet album mettent en avant des artistes phares du label Vertigo. L’argentin Marcelo Frusin y dessine le fameux épisode Tire. Au dessin et à l’encrage de l’épisode Le Berceau : Tim Bradstreet, un artiste trop rare, reconnu comme un peintre et un illustrateur de couvertures, dont celles de Hellblazer, qui lui ont apporté de nombreux prix.
Son sens du réalisme et du détail font du Berceauun épisode à part, le bijou artistique d’un album d’ores et déjà incontournable. ssession ou des créatures surnaturelles. Imaginez Fox Mulder sur les affaires conduites par Hellboy !
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À paraître le 30 octobre 2015 – 272 pages en couleurs
Scénario Warren Ellis, dessin collectif