Décryptage

American Horror Story : anatomie de l’horreur en série

09 août 2018
Par Victor
American Horror Story : anatomie de l’horreur en série

Diffusée sur la chaîne américaine FX depuis 2011 et signée Ryan Murphy (Glee, Nip/Tuck), American Horror Story a rénové à elle seule le genre horrifique. Après sept saisons déjà disponibles, la série repart pour une huitième manche, le 12 septembre prochain. Et, à l’instar des Game of Thrones et autre The Walking Dead, elle n’est toujours pas à bout de souffle. Le secret ? On le décortique pour vous !

Une série à part

twisty le clown

La série American Horror Story est atypique pour avoir transgressé les codes de la série “classique” en bien des points.

Tout d’abord, parce que la série, afin de ne pas s’essouffler au fil des saisons comme nombre de ses consœurs, a tenté le pari d’installer un principe d’anthologie : soit une histoire par saison. À l’image de True Detective, donc, l’autre série très en vogue, American Horror Story nous narre une nouvelle histoire à chaque début de saison, afin de nous offrir un condensé de 12 ou 13 épisodes intenses. L’ambiance, elle, reste, mais (presque) tout le reste est sans cesse chamboulé.

De même, au fil des saisons, la série ne se contente pas de broder sa propre petite histoire mais fait également référence à de nombreux mythes du genre de l’horreur, que ce soit par la présence de l’Ange de la Mort dans la saison 2, d’un ado ressemblant étrangement à la créature de Frankenstein dans la saison 3, ou encore celle d’Edward Mordrake, tortionnaire légendaire du monde des freaks shows, dans la quatrième saison.

La série peut ensuite s’appuyer sur des décors soignés et des lieux de qualité (que ce soit la maison hantée ou l’asile psychiatrique) qui donnent à eux seuls une force particulière à la série.

Mais ce ne sont pas là les seules particularités de cette série horrifique : une autre caractéristique importante d’American Horror Story est de rependre la plupart de ses acteurs d’une saison à une autre. Ainsi, si les histoires changent, les acteurs restent et constituent un fil qui rattache le spectateur à la série pour ne pas le voir partir. Avec cette particularité, il est donc amusant de comparer les personnages incarnés par un même acteur au cours de différentes saisons : remarquons par exemple que Jessica Lange se retrouve tour à tour, voisine détestable et machiavélique, nonne à la tête d’un asile, sorcière suprême, ou encore gérante d’un cirque de monstres. Mais ces principes phares ne sont pas ses seules forces de la série, bien au contraire…

soeur jude   elsa mars

Des intrigues palpitantes

Si American Horror Story connait un tel succès, c’est aussi parce que les intrigues et les histoires ne s’essoufflent pas au fil de saison, et savent au contraire se réinventer chaque fois. Plus fort encore, les thèmes se suivent sans jamais se ressembler. Ainsi, dans la saison 1, c’est une histoire (vue et revue mais ici bien tournée) de maison hantée qui nous attend, la saison 2 nous fait découvrir, elle, un asile psychiatrique dirigé par des bonnes sœurs, tandis que la 3 et la 4 nous conduisent successivement dans une école de sorcières puis dans un cirque de monstres. Enfin, la saison 5 nous emmène dans un Hôtel, lieu de phénomènes étranges aussi sanglants qu’inquiétants.

Les histoires sont donc fascinantes et on a du mal à lâcher prise. D’autant que malgré son style horrifique et sombre, la série reste visible par toute personne en âge, aussi trouillarde soit-elle.

Mieux encore, à l’intérieur même des saisons, les épisodes réservent eux aussi leurs lots de drames, d’intrigues, de personnages forts et de retournements de situation. Rien que ça… Mais le succès, ça se mérite.

Notons tout de même que face au succès monstre de la série horrifique, Ryan Murphy et Brah Falchuk ont décidé d’agrandir la franchise en créant une nouvelle série : American Crime Story. Cette toute nouvelle série anthologique nous racontera de célèbres affaires de crimes : une par saison, afin de ne pas déroger à la règle. Au casting, Sarah Paulson, actrice phare d’American Horror Story, jouera les têtes d’affiche.

Une ambiance unique

american horror storyMais le point fort d’American Horror Story, c’est bien-sûr son ambiance : une ambiance glauque et dérangeante qui fait tout son charme. Que ce soit à cause d’un homme en costume de latex de sadomasochiste, d’un garçon violé par sa mère, ou encore d’une femme profitant de la faiblesse de monstres humains pour avoir un tant soit peu de pouvoir, tout est parfaitement bien tourné pour nous donner ce sentiment particulier et dérangeant qui fait qu’on adore. Et cette ambiance dérangeante est d’ailleurs grandement facilitée par les plans mis en scène par les deux réalisateurs Ryan Murphy et Brad Falchuk, mais aussi par quelques scènes de sexe (« softs » mais vraiment très dérangeantes !).

La musique a d’ailleurs elle aussi une place toute particulière dans la série, que ce soit pour un côté décalé (Dominique nic nic résonne dans nos oreilles chaque épisode de la saison 2, et contre toute attente, c’est assez démentiel !) ou au contraire pour un style horrifique, ce qui nous plonge dans un suspense digne des plus grands films du genre. Côté musique, donc, notons qu’à l’image de Glee, autre création des « papas » d’American Horror Strory, certains personnages n’hésitent pas parfois à pousser la chansonnette, reprennant par exemple quelques titres de Lana del Rey, ou encore de Stevie Nicks (laquelle est d’ailleurs justement soupçonnée d’être une sorcière dans la vraie vie… un autre clin d’œil de la part des scénaristes) ; ce, pour un côté toujours plus décalé. Musique toujours, on soulignera le générique d’ouverture, signé Richard Clouser et créé par Kyle Cooper (également à l’origine du générique de The Walking Dead), qui se réinvente lui aussi chaque saison pour un rendu toujours fascinant et bien ficelé.

On vous laisse d’ailleurs déguster avec plaisir les premières images du générique de la huitième saison, intitulée Apocalypse

… Dérangeant, hein ?

Un casting de folie

Au fil des saisons, donc, si les histoires changent, les acteurs, eux, restent. Et même si certains quittent parfois le navire, d’autres, au contraire, le rejoignent à chaque saison, nous mettant face à de nouvelles têtes pour un certain renouvellement indispensable.

Et le casting est justement l’un des autres points forts. Les acteurs sont tous de brillants comédiens campant des personnages torturés ou machiavéliques pour un rendu explosif. Aucune exception. Il faut reconnaitre que les Show Runners de la série ont un certain talent pour dégoter des artistes qui portent la série depuis quatre ans grâce à des jeux d’acteurs bluffants.

Les têtes d’affiche sont bien-sûr Jessica Lange (Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle dans Tootsie, Oscar de la meilleure actrice dans Blue Sky), Sarah Paulson (Twelve Years a Slave), Evan Peters (Lazarus Effect, X-men : Days of Future Past), Frances Conroy (Aviator), et Lily Rabe, présents lors de chacune des quatre saisons déjà diffusées. Les deux premières citées forment le noyau dur et puissant de la série, les actrices étant d’ailleurs bien souvent nommées pour le Golden Globes de la meilleure actrice dans une série (2-0 à ce jour pour Jessica Lange). Aux côtés de ces acteurs phares, nous retrouvons les tout aussi brillants Denis O’Hare (saisons 1, 3, 4 et 5), Kathy Bates (saisons 3, 4 et 5), Emma Roberts (saisons 3, 4 et 5), Angela Bassett (saisons 3, 4 et 5), Zachary Quinto (saisons 1 et 2), ou encore Dylan McDermott (saisons 1 et 2).

sarah paulson   kathy bates

evan peters

La saison 1 : Murder House

saison 1

La saison 1 débute lorsque la famille Harmon déménage à Los Angeles dans une grande bâtisse victorienne pour oublier des traumatismes passés. Mais la famille est à l’image de leur maison : ravagée de l’intérieur. Et entre le père (Dylan McDermott), un psychiatre infidèle et menteur, la mère (Connie Britton), une femme au foyer détruite par les adultères de son mari et les autres tracas que lui ont causés la vie, et leur fille (Taissa Farmiga), une ado satanique et mal dans sa peau qui souffre des problèmes de sa famille, les épreuves seront rudes pour eux qui devront faire face à quelque chose de plus grand qu’eux. Leur maison serait-elle hantée ? C’est en tout cas ce que laissent croire les esprits qui rôdent autour d’eux dans cet enfer sur Terre, bien décidés à leur en faire baver pendant 12 épisodes.

Une maison hantée pour sujet, donc. Un sujet vu maintes et maintes fois, certes, mais qui sait ici, une fois encore, se renouveler grâce au scénario parfait des deux créateurs Ryan Murphy et Brad Falchuk. Tout au long de cette première saison, que ce soit dans la cave ou au grenier, dans la chambre à coucher ou bien dans la cuisine, mais aussi grâce à la multiplication des personnages, aux intrigues, souvenirs et autres drames, cette saison 1 vous fera frissonner pour votre plus grand plaisir.

Il fallait une saison forte pour lancer la série et la mettre dans les bons rails, et le pari est réussi. Un grand bravo.

La saison 2 : Asylum

saison 2La saison 2 reprend elle aussi un sujet connu, mais le rend totalement atypique une fois encore. Car cette saison, nommée Asylum, n’a pas la seule particularité de se passer dans un asile : mieux, elle se déroule dans un asile psychiatrique (l’asile de Briarcliff ; même le nom fait déjà flipper) dirigé par des bonnes sœurs (et Jessica Lange alias Sœur Jude en tête de liste). Mais tout va être bouleversé dans ce lieu où d’étranges choses se produisent lorsqu’un serial killer dénommé « Bloody Face » fait son entrée dans l’établissement.

Sans doute la meilleure saison de la série car le récit est flippant à souhait et se déroule dans un lieu idéal pour raconter une histoire d’horreur réussie. L’ambiance est dérangeante et les intrigues se multiplient à une vitesse phénoménale au fil des épisodes. Les personnages, eux, sont tous plus tarés les uns que les autres et tous souffrent d’un passé plus ou moins houleux.

On notera la présence dans cette saison de James Cromwell (I, Robot, Spider-Man 3, The Artist), Zachary Quinto (le Spock, des Star Trek de J.J. Abrams), ou encore Chloë Sevigny, trois grands acteurs dont la notoriété n’est plus à prouver.

Cette saison se veut très (très) sombre et riche en rebondissements. Suspense et frissons garantis !

La saison 3 : Coven

saison 3La saison 3, nommée Coven, prend place, comme son nom l’indique, dans un couvent de sorcières ; ou plutôt dans une école (Harry Potter, tiens-toi bien). Ladite école, composée de seulement trois élèves s’apprête alors à accueillir Zoé (Taissa Farmiga), une jeune fille déboussolée qui vient tout juste de découvrir ses pouvoirs. À la tête de cette école, la Suprême Fiona (Jessica Lange) et sa fille (Sarah Paulson), qui feront tout pour protéger les gens de leur espèce contre leurs nombreux ennemis, avec chacune des idéaux biens différents.

Là encore, un sujet qui parait déjà bien exploité mais qui sait en réalité jouer sur différents tableaux pour se différencier de ses semblables. Cette fois-ci, nous suivrons non seulement des intrigues entre passé et présent, mais aussi des querelles entre sorcières « classiques », sorcières vaudou, chasseurs de sorcières et autres tarés déjantés.

Au programme de cette troisième saison : sortilèges, complots, alliances, trahisons, résurrections, morts et résurrections encore.

Une saison 3 peut-être moins aboutie que les précédentes mais néanmoins de haute volée elle aussi.

La saison 4 : Freak Show

saison 4La saison 4 est la dernière à avoir été diffusée en France. Celle-ci, à la différence de ses petites sœurs, prend pour intrigue un sujet peu traité en série mais en référence évidente au Freaks de Tod Browning : un Freak Show (ou « spectacle de monstres »). Cette nouvelle saison nous emmène dans les coulisses d’un cirque de monstres (des humains aux particularités physiques atypiques) mené d’une main de fer par Elsa Mars (Jessica Lange), une directrice tyrannique qui rêve de devenir chanteuse.

Pour parfaire la saison, les Show Runners ont d’ailleurs fait appel à des personnes possédant de vraies particularités physiques pour rendre le tout crédible, à l’image de Jyoti Amge, la plus petite femme du monde (63 cm).

Cette quatrième saison a totalement relancé la série en misant sur un univers encore plus sombre et encore plus glauque. La vue de ces « monstres » exploités et mis à l’écart de la société nous plonge dans une saison bien dérangeante comme on les aime, le tout saupoudré de quelques psychopathes, à l’image du clown serial killer, mieux connu sous le nom de « Twisty le clown ».

L’une des meilleures. Jubilatoire.

La saison 5 : Hotel

saison 5

Diffusée depuis le 7 octobre dernier aux Etats-Unis, la cinquième saison d’American Horror Story nous mène cette fois-ci dans un tout nouveau lieu : un hôtel ; l’Hôtel Cortez pour être plus précis, qui est un sombre lieu, sujet à d’étranges phénomènes et à d’horribles actes. Pour la petite histoire, le tournage a eu lieu dans le mythique Château Marmont, à Los Angeles ; hôtel connu pour ses nombreuses anecdotes, aussi étranges que mystérieuses, tels que des meurtres et des suicides. Comme quoi, rien n’est dût au hasard avec les deux Show Runners et créateurs de la série.

Pour cette nouvelle saison, Jessica Lange n’est plus de la partie. L’actrice phare de la série, présente depuis le tout début a en effet passé la main, et c’était la larme à l’œil qu’il nous avait fallu lui dire au revoir à la fin de la saison 4, elle, qui incarnait si bien l’esprit d’American Horror Story. L’actrice cède donc sa place, et c’est à Lady Gaga qu’incombe la lourde tâche de la remplacer. Un choix pas si bête puisque la chanteuse possède elle-même un univers assez déjanté, de quoi rendre son adaptation à la série pas trop compliquée.

Côté casting toujours, Kathy Bates (Titanic, Misery), Frances Conroy, Angela Bassett, Lily Rabe continuent l’aventure au même titre que Sarah Paulson et Evan Peters (pour ne citer qu’eux). Outre Lady Gaga, qui joue le rôle de la riche (et cruelle) propriétaire de l’hôtel, nous avons aussi le plaisir de découvrir de nouveaux visages avec les présences de Matt Bomer (Chuck, Glee), Chloë Sevigny (déjà présente dans la saison 2), Wes Bentley (Hunger Games, Interstellar) ou encore Max Greenfield (New Girl, Veronica Mars). Mais ce n’est pas tout ! La célèbre top modèle Naomi Campbell est elle-aussi de la partie !

american horror story   ange de la mort

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Article rédigé par
Victor
Victor
passionné de cinéma et de littérature, rédacteur pour Fnac.com
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