Jordi Savall offre aux amateurs de baroque une fin d’année de choix avec un album consacré aux Magnificat de Bach et de Vivaldi. Deux œuvres qui lui tiennent à cœur depuis longtemps. Depuis son enfance pour le Magnificat de Bach qui a sans doute contribué à faire naitre sa vocation musicale. Joués lors d’un concert à la Chapelle Royale de Versailles, les deux Magnificat sont proposés à la fois en CD et en DVD.
Est-ce à cause du live, du fait que les musiciens travaillent ensemble depuis longtemps, est-ce le charisme de leur chef, ses options esthétiques, le fait que ces pièces sont très « inspirantes », ou sans doute un peu de tout cela ? La musique semble couler naturellement comme jouée par une seule entité. On est à la fois enveloppé et emporté. N’est-ce pas justement ce que l’on attend de la musique ? Savall dirige ici ses deux ensembles, La Capella Reial de Catalunya pour le chœur et le Concert des Nations pour les instruments. Même s’il soigne chaque détail, sa direction est tout sauf analytique et développe les œuvres comme de grandes formes, avec leurs courbes, leurs moments intenses ou apaisés et ce parti pris contribue à donner ce sentiment harmonieux et englobant. Les solistes participent également de ce bel ensemble, habitués du répertoire et familiers de Savall : Hanna Bayodi-Hirt et Johannette Zomer pour les sopranos, le contre-ténor Damien Guillon, le ténor David Munderloh et le baryton Stephan MacLeod. L’acoustique du lieu, légèrement réverbérante, et la pise de son réussie contribuent également à restituer la magie du concert.
Pour compléter le programme, Jordi Savall a choisi deux autres captations de concert. Avant le Magnificat de Vivaldi, l’album débute par le Concerto pour deux violons et viole de gambe RV 578, enregistré au Château de Cardona en Catalogne. Manfredo Kraemer et Riccardo Minasi tiennent les violons solistes et Pablo Valetti la viole de gambe. Le Magnificat de Bach est lui précédé du Concerto pour clavecin en ré mineur BWV 1052 avec Pierre Hantaï en soliste, capté lors d’un concert à Fontfroide. Le Concerto de Vivaldi agit comme une sorte de « mise en condition », alors que celui de Bach va être la transition après Vivaldi et par ailleurs un grand moment du disque. Hantaï est virtuose mais tout en sobriété et la direction de Savall est à la fois vive mais toujours empreinte d’une certaine majesté, mise, comme souvent, davantage sur la sonorité d’ensemble que sur les accents et les détails.
La présentation est « made in Alia Vox« , soignée et documentée de plusieurs textes, illustrations et photographies. Voici donc un album qui vous fera vivre (et revivre) des instants magiques, qui auraient pu être uniques et furtifs et que la technique nous permet d’immortaliser. Profitons-en !
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Jordi Savall – Magnificat de Bach et de Vivaldi, disponible en album-CD+DVD sur fnac.com
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