Tout comme dans la bande-dessinée européenne, l’onomatopée occupe dans le manga une place de premier ordre. Retour sur une caractéristique qui est devenue, au fil du temps, la marque de fabrique du 9ème Art.
Deuxième étape dans notre approche « technique » du manga, l’utilisation de l’onomatopée se révèle toute particulière et d’une importance capitale pour la lecture.
En premier lieu, rappelons ce qu’est une onomatopée : il s’agit d’un mot dont la sonorité rappelle ce que l’on désigne, comme « glou glou » pour l’action de boire ou « BOOM » lorsqu’explose la bombe.
Très utilisées dans la bande-dessinée européenne depuis ces débuts, leurs formes évoluent beaucoup au fil des années et les auteurs prennent beaucoup de liberté avec leur emploi. D’une façon simple, on peut dire que l’onomatopée, c’est le bruit de la BD, une façon de la rendre plus vivante et plus prenante encore.
Dans le manga, leurs utilisations changent un peu de l’usage occidental et nécessitent quelques éclaircissements.
Il faut savoir qu’au Japon, il n’est pas rare d’entendre, dans une conversation courante, des onomatopées.
Tout comme les acronymes ou l’argot, ils font partie du langage courant. A ce sujet, il existe deux petits bouquins très sympas : il s’agit de petits dictionnaires illustrés des onomatopées japonaises, dont voici deux exemples. Ils forment un très bon complément à une méthode de japonais classique.
Bon mais revenons à nos manga…
A la différence de la bande dessinée européenne où l’onomatopée se pose sur le dessin, avec le manga il fait partie intégrante de ce dessin, le complète et s’insère dans une dynamique voulue par l’auteur.
Plus qu’un simple bruit, il constitue une véritable expression graphique. L’exemple de cette planche du shônen One Piece est très parlant et assez représentatif de l’utilisation du procédé.
La difficulté pour nous européens qui ne parlons pas couramment le japonais, c’est de lire cette onomatopée. Au départ, les éditeurs ont tenté de les traduire, mais ils ont vite arrêté tant ils font partie intégrante de la planche et de sa dynamique. La traduire suppose une remise en forme de l’onomatopée voire de la case, pour aboutir à une trop forte modification du travail original de l’auteur.
Au final, pour nous lecteur, le contexte suffit en général à comprendre l’onomatopée utilisée et à s’immerger dans la scène, même si, parfois, il devient plus difficile à deviner. A noter que « Silence » est aussi une onomatopée utilisée dans le manga… je trouve cela assez amusant.