Décryptage

Technique manga 1ère partie – La planche et sa construction

05 août 2011
Par Khalo
Technique manga 1ère partie - La planche et sa construction
©DR

Le lecture du manga peut sembler déroutante pour un lecteur novice et il serait dommage de se priver d’un tel univers parce qu’on ne sait pas comment l’aborder. Les spécificités du manga en font un art graphique à part entière, et je vous propose quelques pistes de lecture pour vous immerger dans ce monde fabuleux.

De prime abord, le manga semble déroutant. Pour un lecteur non averti ou même habitué à la lecture de la bande dessinée européenne, une planche japonaise présente des particularités qui peuvent rebuter. Pourtant, il existe une véritable technique, ce qui implique une petite connaissance pour décrypter les codes utilisés et comprendre le travail et la volonté du mangaka.

Il n’est pas question ici de définir ce qu’est le manga, ni d’en faire une analyse historique ou sociale, mais de donner des pistes pour décrypter et comprendre comment se construit le manga. Loin d’être un docteur ès manga, je me propose simplement d’étudier certaines techniques récurrentes pour prendre plaisir à lire le manga.

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Première étape de cette série, la planche et sa construction.

A première vue, comme dans la BD européenne, il y a des cases et des bulles. Jusque là, tout va bien. Mais en regardant de plus près, on note rapidement des différences importantes, qui influent directement sur la lecture.

Ce qui saute aux yeux, c’est d’abord le découpage. Rarement régulier, à l’opposé d’une planche d’Hergé, il fait partie intégrante de la lecture graphique et donne son rythme au récit. Arrangé en fonction des actions des personnages, il permet une lecture rapide, dynamique qui correspond au format feuilleton du manga.

En effet, la parution hebdomadaire des chapitres obligent les auteurs à structurer différemment leur récit. Ils se doivent de tenir leur lectorat en haleine, et, de ce fait, chacune de leur parution doit répondre à des critères précis : prenant, rapide à lire, efficace. Là où nos albums européens peuvent se permettre d’être plus lent et de s’accorder quelques cases sur des détails, le manga se doit d’aller à l’essentiel.

Cette construction particulière décourage certains lecteurs qui y voient tout de suite une planche fouillis, plein de bazar et qui ne comprennent pas ce besoin. Ajoutons à cela le sens de lecture original, qui lui aussi contribue à rendre ce médium un peu « élitiste ».

Pour tenter d’illustrer cet idée, j’aime beaucoup cette planche extraite de Bride Stories, que je trouve très expressive. Une simple scène de chasse, mais présenté avec un découpage audacieux, par des cases aux bords fuyants qui soulignent la vitesse, à la fois des personnages, mais aussi de l’événement. Ce genre de travail influence de plus en plus la BD européenne et il n’est pas rare de voir des planche travaillée dans ce mode de représentation.

Ensuite, en plus de ces découpages typiques, le manga présente une autre caractéristique essentielle dans le travail de la planche. En effet, il n’est pas rare de voir les auteurs se servir des bords de leur case comme un élément de décor, prenant une place à part entière dans l’histoire. Les personnages s’appuient parfois sur le bord, ou se cachent derrière. Certains auteurs les font carrément exploser !

Voici deux exemples pour tenter d’illustrer cette pratique :

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Dans les deux cas, le but est de faire ressortir le personnage principal en donnant une impression de perspective. Ici, le bord n’explose pas, mais il est utilisé comme élément graphique à part entière pour valoriser le dessin. J’ai volontairement pris deux exemples de Tezuka, car c’est un spécialiste accompli de l’utilisation de ces techniques.

D’une manière générale, on peut noter que les mangakas prennent une plus grande liberté avec l’utilisation des codes graphiques et dans la construction de leurs planches. Il en résulte un plus grande diversité de manga. Là où la BD franc-belge se caractérise par des aspects très codifiés, le manga, lui, exploite toutes les ressources graphiques à sa disposition.

Voilà, fin de ce premier chapitre consacré à la lecture du manga. Je continuerai avec un rapide aperçu de l’utilisation et l’apport des onomatopées dans le manga.

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