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Un ancien modérateur de Facebook accuse Meta « d’esclavage moderne »

12 mai 2022
Un ancien modérateur de Facebook accuse Meta « d'esclavage moderne »
©AlexandraPopova / Shutterstock

Mardi 10 mai, Daniel Motaung a porté plainte au nom de 240 modérateurs de contenu travaillant pour l’entreprise de sous-traitance Sama à Nairobi (Kenya). Il affirme que l’offre d’emploi ne mentionnait pas ce type de tâches ni les risques psychologiques associés, et dénonce des conditions de travail indignes.

Avec l’extrême violence de certains contenus sur les réseaux sociaux, le métier de modérateur de contenu ne fait pas vraiment rêver. Ce qui peut amener des réseaux sociaux comme Meta à faire appel à des entreprises de sous-traitants, quitte à ce qu’elles ne préviennent pas les employés de ce qui les attend.

Victime de stress post-traumatique

« La première vidéo que j’ai vue, c’était une décapitation en direct », a expliqué Daniel Motaung, mardi, lors d’une conférence de presse. « Imaginez ce que ça peut faire à une personne normale si ensuite vous regardez d’autres vidéos, images et contenus similaires tous les jours. » Il a ajouté qu’il avait postulé chez Sama après l’université et qu’il voulait sortir sa famille de la pauvreté, c’est pourquoi il avait quitté l’Afrique du Sud pour rejoindre Nairobi. Selon la plainte, l’offre d’emploi ne mentionnait que des « tâches administratives ». Après seulement six mois de modération de contenus sur Facebook, il considère que sa santé physique et mentale ont été « détruites ».

En plus de l’impact psychologique de la tâche elle-même, il reproche à Meta et Sama de mal payer les modérateurs : environ 2 dollars par heure. À l’époque, il avait alors tenté de créer un syndicat avec d’autres employés, ce qui a causé son licenciement. Il souhaite donc que Meta implémente du soutien psychologique pour ces employés ainsi qu’une paie équivalente à celle des employés de Facebook à temps plein.

La modération, éternel problème des réseaux sociaux

« Nous prenons au sérieux notre responsabilité envers les personnes qui examinent les contenus pour Meta et exigeons de nos partenaires qu’ils fournissent des salaires, des avantages sociaux et un soutien parmi les meilleurs de l’industrie, a réagi un porte-parole de Meta auprès de l’AFP. Nous encourageons les modérateurs à parler des problèmes quand ils surviennent et nous menons régulièrement des audits indépendants pour nous nous assurer que nos partenaires respectent des standards élevés, conformes à nos attentes. »

La quantité astronomique de photos et de vidéos publiées en permanence sur les réseaux sociaux, comportant parfois des contenus extrêmement violents, rend le métier de modérateur de contenu insupportable. Fin mars, deux anciennes modératrices ont également porté plainte contre TikTok pour « détresse émotionnelle ». Il y a deux ans, Facebook avait déjà dû payer 52 millions de dollars à des milliers de modérateurs en guise de compensation face aux traumatismes causés par leur travail.

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