Une première étape vers le « free speech », la liberté d’expression à tout prix défendue par l’homme d’affaires.
Le réseau social à l’oiseau bleu avait banni en janvier 2021 l’ancien Président des États-Unis. Une mesure initialement censée être permanente. Utilisateur compulsif et particulièrement actif sur la plateforme, Donald Trump était devenu trop virulent dans ses propos. Suite à l’attaque du Capitole, dans laquelle il aurait joué un rôle d’incitateur, Twitter avait en effet considéré que l’ancien Président favorisait la violence et la haine, d’où cette suspension de compte définitive.
Elon Musk pourrait revenir sur cette décision, selon ses déclarations lors de la conférence « Future of the car », relayées par CNBC. « Les interdictions permanentes devraient être extrêmement rares et vraiment réservées aux comptes qui sont des bots, ou des escroqueries, des comptes de spam », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « Je pense qu’il n’était pas correct d’interdire Donald Trump. J’annulerais l’interdiction permanente ». Le principal intéressé, qui a depuis son éviction du réseau lancé son propre réseau social, n’a pas réagi ces propos.
Un retour de Trump sur Twitter encore hypothétique
Rappelons que le patron de Tesla, dont la fortune personnelle est estimée par Forbes à 274 milliards de dollars, a décidé en avril de s’offrir le réseau social pour 44 milliards de dollars après avoir fait pression sur le Conseil d’administration et lancé une OPA hostile.
Selon ses propres dires, Musk envisage de rétablir une liberté d’expression absolue sur la plateforme. Si cette opération de rachat est approuvée par les autorités, Twitter deviendra totalement privée. Les décisions ne reviendraient donc, en théorie, qu’à son nouveau patron.
Des contraintes européennes mais une liberté d’action aux USA
Si l’acquisition est finalisée et que Musk devient le PDG de Twitter, il pourra décider des utilisateurs qu’il autorise ou non à publier. Malgré tout, ses mains ne sont pas totalement libres, du moins à l’international, car il devra répondre aux différentes lois en vigueur et en cours de mise en place, comme le Digital Service Act en Europe. Tous les propos qui relèvent de l’incitation à la haine sont interdits sur le Vieux Continent.
Le cas américain est plus complexe, la liberté d’expression étant promulguée dans le Premier amendement de la Constitution des États-Unis. Pour le moment, le retour de Trump sur la plateforme est reportée autant que possible par les autorités américaines, qui ne pourront pas bloquer son retour sur le long terme avec l’arrivée de Musk à la tête de Twitter. Le 6 mai dernier, un tribunal californien a jugé irrecevable la plainte de l’ancien Président, désireux d’être réhabilité sur la plateforme. Le juge James Donato a toutefois nuancé ses propos en rappelant que s’agissant d’une entreprise privée, elle est en droit d’appliquer le niveau de modération qu’elle souhaite. La Cour ne pourrait intervenir sur la base du Premier amendement que si une telle décision avait été actée par l’État, ce qui n’est pas le cas dans cette affaire. Aussi, si Elon Musk devient bien le patron de Twitter, et qu’il décide de rétablir le compte de Trump sur sa plateforme, les États-Unis ne pourront pas s’y opposer.