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Le prochain film d’Alejandro González Iñárritu atterrit chez Netflix

28 avril 2022
Par Félix Tardieu
Leonardo DiCaprio et Alejandro Gonzalez Inarritu lors de la 88e cérémonie des Oscars après le succès de "The Revenant" (2016)
Leonardo DiCaprio et Alejandro Gonzalez Inarritu lors de la 88e cérémonie des Oscars après le succès de "The Revenant" (2016) ©Tinseltown / shutterstock.com

Le cinéaste mexicain Alejandro González Iñárritu est de retour avec un nouveau film, Bardo (Or False Chronicle of a Handful of Truths), sept ans après la sortie de The Revenant. Avec cette acquisition, la plateforme de streaming américaine se positionne déjà dans la future course aux Oscars, qui l’opposera sans doute une fois de plus à Apple.  

Alejandro González Iñárritu, le réalisateur acclamé de Babel, Biutiful et 21 Grammes, n’avait plus réalisé de long-métrage depuis sept ans. Bardo (Or False Chronicle of a Handful of Truths), qui reprend cette même idée du titre à rallonge dans le style de Birdman (or The Unexpected Virtue of Ignorance), a été tourné l’année dernière à Mexico, marquant le retour du cinéaste dans sa ville natale plus de vingt ans après Amours chiennes (2000), son premier long-métrage, qui révéla notamment Gael García Bernal au grand public.

Un retour aux sources que l’on ne peut s’empêcher de mettre en miroir de Roma (2018) d’Alfonso Cuarón, autre grand réalisateur mexicain qui, après une série de francs succès à Hollywood (Harry Potter, Les Fils de l’Homme, Gravity)est également revenu poser sa caméra à Mexico. Le film, auréolé du Lion d’or à la Mostra de Venise et également distribué par Netflix, avait notamment remporté l’Oscar de la meilleure réalisation en 2019, mais s’était vu ravir celui de meilleur film par Green Book. 

Iñárritu, ce revenant 

Le nouveau long-métrage du réalisateur de Birdman, sans doute moins autobiographique que le film de son compatriote, mais tout aussi personnel, suivra un journaliste et documentariste mexicain retournant au Mexique pour se confronter à son passé, à sa famille et à la réalité politique de son pays natal. Selon Scott Stuber, responsable de la branche cinéma de Netflix, Bardo est une véritable « expérience cinématographique ». Iñárritu a notamment été épaulé sur le tournage par l’éminent chef opérateur franco-iranien Darius Khondji (Delicatessen, Se7en, The Lost City of Z). Par conséquent on peut d’ores et déjà s’attendre à une esthétique tout particulièrement soignée, appuyée par le grain du 65mm. 

Alejandro González Iñárritu et Daniel Giménez Cacho sur le tournage de Bardo ©Netflix

En 2015, le réalisateur mexicain a remporté quatre Oscars pour Birdman, dont meilleur film, meilleur scénario original et meilleur réalisateur. Alors sur le toit du monde, Alejandro G. Iñárritu n’était vraisemblablement pas en reste et ira jusqu’à réaliser l’exploit de décrocher l’Oscar du meilleur réalisateur pour la deuxième année consécutive – seuls John Ford (1941/42) et Joseph L.Mankiewicz (1950/51) y étaient déjà parvenus – grâce à The Revenant qui offrira également à Leonardo DiCaprio la première statuette de sa carrière.

Netflix versus le reste du monde

Le réalisateur n’a en revanche pas toujours été tendre avec Netflix. Interrogé par Libération en 2019 alors qu’il présidait le 72e Festival de Cannes, Iñárritu clamait son amour du grand écran et soulignait un certain opportunisme de la plateforme : « Netflix capitalise sur le manque de diversité (…) les gens n’ont pas accès à une grande majorité de films au cinéma, les multiplexes sont trustés par des films de superhéros. Netflix tire parti de cela ». Des propos nuancés quelques jours plus tard dans le New York Times, le réalisateur déclarant « soutenir Netflix à 100% » et rejetant plutôt la faute sur la frilosité des studios, rechignant à mettre autre chose sur le marché que d’imposants blockbusters. Aujourd’hui, les services de streaming semblent s’être durablement installés dans cette brèche. 

Bardo, actuellement en cours de postproduction, devrait être bouclé à l’automne, juste à temps pour une sortie en salles (du moins dans le reste du monde, la France faisant figure d’exception grâce à – ou à cause de, selon le point de vue – la chronologie des médias), en amont d’une diffusion plus large sur Netflix, afin d’être éligible aux Oscars en 2023. La plateforme de streaming aurait pu remporter l’Oscar du meilleur film cette année avec The Power of the Dog de Jane Campion si CODA, distribué par Apple TV+, n’avait pas créé la surprise en raflant finalement la mise. Or le duel pourrait de nouveau avoir lieu l’année prochaine entre les deux géants du streaming, car Killers of the Flower Moon, le prochain film de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio et Robert de Niro produit par Apple, devrait sortir à la même période.

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste