L’immense exposition de la Fondation Louis Vuitton consacrée à la collection Morozov a fermé ses portes le 3 avril dernier et attiré plus d’un million de curieux. Mais les oeuvres exposées pourront-elles rejoindre la Russie, compte tenu des récents événements ?
Ces dernières semaines, de nombreuses voix se sont élevées appelant à la confiscation des oeuvres de la collection Morozov par l’État Français. L’exposition, initialement prévue de septembre 2021 à février 2022, avait été prolongée jusqu’au 3 avril et a attiré plus d’un million de visiteurs à la Fondation Louis Vuitton. Mais a priori, rien ne peut légalement retenir les quelque 200 oeuvres exposées dont le convoyage prévu vers les musées prêteurs, dont le musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), le musée des Beaux-Arts Pouchkine et la galerie nationale Tretiakov (Moscou), a, semble-t-il, d’ores et déjà démarré.
Selon le ministère de la Culture, les œuvres en question ne sont pas « concernées par les sanctions individuelles qui visent les autorités politiques russes et les oligarques proches du pouvoir ». En effet, depuis 1994, la loi française garantit l’insaisissabilité des bien culturels « prêtés par une puissance étrangère, une collectivité publique ou une institution culturelle étrangères ». Mais la France devra avant tout se coordonner avec le reste de l’Europe pour veiller à la bonne restitution des oeuvres sans risquer une saisie par un autre pays au long du trajet. « On ne peut pas prendre le risque qu’un douanier dans tel ou tel pays interprète différemment les décisions européennes », déclarait récemment dans Le Monde Jean-Paul Claverie, conseiller du Bernard Arnault, président de LVMH.
Cependant, une poignée oeuvres exposées à la Fondation Louis Vuitton sont toujours susceptibles d’être saisies, à l’instar de l’Autoportrait (1910) de Piotr Kontchalovski, propriété de l’oligarque russe Petr Aven, visé par les sanctions économiques prononcées par l’Union européenne. Mercredi dernier, la Finlande a d’ailleurs annoncé la saisie d’un important convoi d’oeuvres (dont certaines appartiennent à l’Ermitage) à la frontière russo-finlandaise, pour une valeur totale d’assurance estimée à plus de 42 millions d’euros. L’itinéraire emprunté par les quarante camions nécessaires au rapatriement de la collection Morozov reste quant à lui confidentiel.