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Après sa grande exposition, le retour de la collection Morozov en Russie interroge 

09 avril 2022
Par Félix Tardieu
Valentin Sérov, Portrait d'Ivan Abramovitch Morozov, Moscou, 1910
Valentin Sérov, Portrait d'Ivan Abramovitch Morozov, Moscou, 1910 ©Galerie nationale Trétiakov, Moscou

L’immense exposition de la Fondation Louis Vuitton consacrée à la collection Morozov a fermé ses portes le 3 avril dernier et attiré plus d’un million de curieux. Mais les oeuvres exposées pourront-elles rejoindre la Russie, compte tenu des récents événements ?

Ces dernières semaines, de nombreuses voix se sont élevées appelant à la confiscation des oeuvres de la collection Morozov par l’État Français. L’exposition, initialement prévue de septembre 2021 à février 2022, avait été prolongée jusqu’au 3 avril et a attiré plus d’un million de visiteurs à la Fondation Louis Vuitton. Mais a priori, rien ne peut légalement retenir les quelque 200 oeuvres exposées dont le convoyage prévu vers les musées prêteurs, dont le musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), le musée des Beaux-Arts Pouchkine et la galerie nationale Tretiakov (Moscou), a, semble-t-il, d’ores et déjà démarré. 

Auguste Renoir, Portrait de Jeanne Samary. Rêverie, Paris, 1877 ©Musée d’Etat des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou

Selon le ministère de la Culture, les œuvres en question ne sont pas « concernées par les sanctions individuelles qui visent les autorités politiques russes et les oligarques proches du pouvoir ». En effet, depuis 1994, la loi française garantit l’insaisissabilité des bien culturels « prêtés par une puissance étrangère, une collectivité publique ou une institution culturelle étrangères ». Mais la France devra avant tout se coordonner avec le reste de l’Europe pour veiller à la bonne restitution des oeuvres sans risquer une saisie par un autre pays au long du trajet. « On ne peut pas prendre le risque qu’un douanier dans tel ou tel pays interprète différemment les décisions européennes », déclarait récemment dans Le Monde Jean-Paul Claverie, conseiller du Bernard Arnault, président de LVMH.

Cependant, une poignée oeuvres exposées à la Fondation Louis Vuitton sont toujours susceptibles d’être saisies, à l’instar de l’Autoportrait (1910) de Piotr Kontchalovski, propriété de l’oligarque russe Petr Aven, visé par les sanctions économiques prononcées par l’Union européenne. Mercredi dernier, la Finlande a d’ailleurs annoncé la saisie d’un important convoi d’oeuvres (dont certaines appartiennent à l’Ermitage) à la frontière russo-finlandaise, pour une valeur totale d’assurance estimée à plus de 42 millions d’euros. L’itinéraire emprunté par les quarante camions nécessaires au rapatriement de la collection Morozov reste quant à lui confidentiel.  

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste