Pourquoi les Vikings nous fascinent-ils autant ?

Autrefois, les Vikings envahissaient l’Europe. Désormais, ils investissent le grand et le petit écran. Leur parcours a été au cœur de nombreux récits historiques. Après quoi, ce sont les scénaristes qui s’y sont intéressés. C’est le cas de Michael Hirst, créateur de la série Vikings, qui, en 2013, a donné un nouveau souffle à la culture nordique.

Celle-ci n’a d’ailleurs pas fini de s’élargir, puisque les péripéties de Ragnar Lothbrok et de sa descendance auront le droit à un spin-off intitulé Vikings: Valhalla, disponible le 25 février sur Netflix. Aujourd’hui, les Vikings occupent une place non négligeable dans la pop culture. Plusieurs facteurs ont permis d’en faire des dieux du cinéma et de la télévision. C’est d’ailleurs grâce à l’univers du divertissement que leur image s’est démocratisée, diversifiée, avant de subir plusieurs clichés. Un succès aussi tranchant que leur hache, et qui n’a pas fini de passionner.

Une admiration qui résiste au temps

Cette résistance, on la doit tout d’abord aux nombreux récits historiques, et plus particulièrement à ceux des moines traumatisés par les pillages et les raids commis entre le VIIIe et le IXe siècle. Plus tard, les textes les plus aboutis se mélangeront à la mythologie nordique, dont l’Edda (1220, Snorri Sturluson) est considéré comme un pilier de la littérature.

L’histoire, les recherches archéologiques, et les légendes forment un triptyque important dans la persistance viking à travers le temps. Il influence d’ailleurs plusieurs auteurs contemporains, de Tolkien à George R.R. Martin. Difficile de passer à côté des inspirations scandinaves lorsqu’on découvre le monumental Seigneur des Anneaux, ou encore la saga Game of Thrones. Cette adaptation a d’ailleurs relancé la popularité de ces Hommes du Nord lorsqu’elle a été mise en scène par David Benioff et D.B. Weiss.

Mais c’est véritablement la série Vikings (2013) qui scelle la fascination pour ces personnages dans la pop culture. Si la transmission de leurs traditions et leur impact sur l’heroic-fantasy sont des facteurs importants de leur succès, l’attrait pour Ragnar et les autres réside avant tout dans le fait que le public est de plus en plus passionné par les récits historiques. Par ailleurs, les séries scandinaves, notamment The Killing, et leur popularité auprès des spectateurs à la fois européens et américains, expliquent aussi ce regain d’intérêt.

La renommée des Vikings doit aussi beaucoup à ses personnages à la fois historiques et légendaires. À travers le temps, les pistes se sont brouillées et la figure imaginaire a pris le pas sur leur parcours. Ils deviennent alors des icônes, des personnages emblématiques de jeux de rôle et des figures d’action, tandis que l’imaginaire nordique et ses traditions fascinent de par leur mysticisme.

Une image fascinante mais faussée

L’univers du divertissement a souvent faussé leur image en leur collant de nombreux clichés. Par exemple, ils sont régulièrement représentés comme des personnages hyper virils, musclés et tatoués. Si le casque à cornes a disparu, tous les stéréotypes sont permis, qu’ils soient fondés ou non. Il est donc courant de les assimiler à un peuple d’une grande cruauté, hostile à la religion chrétienne ou qui pratique des sacrifices humains brutaux.

La faute aux symboles utilisés à outrance, aux raccourcis historiques employés par les productions et aux idées préconçues du public. Si ça donne la sensation d’une culture incomprise, la peur représente le premier moteur de cette admiration. Elle parvient aussi à se frayer un chemin grâce aux accomplissements des Vikings sur les routes commerciales et à leurs découvertes partout sur le globe, souvent montrés dans les adaptations.

Si ce n’est pas forcément une visite de courtoisie, force est de constater que les Vikings sont des explorateurs. De ce fait, le public a une double fascination pour ces personnages, entre rejet et identification. Comme quoi, les stéréotypes font aussi le charme de ces guerriers.

Les Vikings dans la pop culture

L’univers du divertissement a bien compris cette double fascination, au point de faire du Viking un antihéros, loin de ce qui a longtemps été produit. Les premières adaptations le représentaient comme un personnage grotesque, démoniaque, souvent associé à de la violence gratuite. Viking Women and the Sea Serpent (1958), Tarkan contre les Vikings (1971), Le Sang des Vikings (2009)… À chaque époque son nanar.

À l’inverse, des adaptations plus sombres fleurissent, à la caractérisation travaillée et nuancée. Ce fut le cas évidemment avec la série de Michael Hirst, mais aussi avec Le 13^e Guerrier ou encore grâce à La Légende de Beowulf. À partir des années 1990-2000, l’univers des Vikings se démocratise, de nombreux réalisateurs, tout comme les comédiens les plus célèbres, s’essaient au genre, lui offrant une variété de styles et de formats.

Ils investissent aussi le cinéma d’animation. Difficile de ne pas penser à la saga Dragons chez Dreamworks, ou aux clins d’œil de La Reine des Neiges. Ce n’est pas la première fois que Disney témoigne d’un certain intérêt pour cette culture, en témoigne la place qu’occupe Thor dans le MCU. S’il n’est pas aussi sanguinaire que ses camarades, les aventures du dieu d’Asgard s’inspirent largement de leurs codes et le viking est désormais un super-héros.

Enfin, plusieurs productions ont choisi de se tourner vers la comédie. On l’a vu dans Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, qui a fait des Vikings un peuple ridicule, incapable de riposter. La série Netflix Norsemen n’a pas non plus hésité à dépeindre de façon hilarante le mode de vie et les traditions de ces guerriers, en prenant le parti de l’ironie.

Leur représentation prend donc diverses formes. Les formats se multiplient et se réinventent. Cette effervescence permet de cultiver cette fascination unique. Bien qu’elle souffre de certains clichés, elle a permis à ce peuple de traverser le temps, au cinéma et dans les séries. L’arrivée sur Netflix du spin-off de Vikings est d’ailleurs la preuve que leur mythe et la culture nordique ont toujours leur place dans la pop culture actuelle. Reste à savoir si cette nouvelle saison rencontrera un succès similaire à la série mère, afin d’être accueillie dans le Valhalla du showbusiness.