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Un implant doublé d’IA permet à des personnes paralysées de remarcher

11 février 2022
Par Kesso Diallo
Des personnes paralysées capables de remarcher.
Des personnes paralysées capables de remarcher. ©Jimmy Ravier

Trois patients souffrant d’une lésion de la moelle épinière ont pu se lever, marcher et pratiquer des activités comme le vélo ou la natation.

En Suisse, trois personnes en situation de handicap sont parvenues à marcher. Cet exploit a été rendu possible par un logiciel intégrant de l’intelligence artificielle et un implant développé par des scientifiques de l’École polytechnique de Lausanne (EPFL). Ce dispositif a été spécifiquement conçu pour contrôler le mouvement en imitant les signaux que le bas du corps reçoit habituellement du cerveau et de la partie supérieure de la moelle épinière. Il stimule la région de la moelle épinière contrôlant les muscles du tronc et des jambes.

Les patients ont ainsi été capables d’élever ou d’abaisser chaque jambe à l’aide de boutons et d’une tablette permettant de contrôler le schéma de stimulation électrique. « En une seule journée après l’activation de leur implant, nos trois patients pouvaient se lever, marcher, pédaler, nager et contrôler des mouvements du tronc. Ceci grâce à des programmes de stimulation spécifiques à chaque type d’activité, qui peuvent être sélectionnés à la demande sur la tablette », a indiqué Grégoire Courtine, neuroscientifique et professeur à l’EPFL.

Retrouver des fonctions perdues à la suite d’une blessure

Bien évidemment, les personnes ayant bénéficié de l’implant n’ont pas réussi à remarcher sans efforts. L’EPFL précise qu’un entraînement poussé a été nécessaire pour leur permettre de gagner en mobilité. « Aussi impressionnants que soient les résultats immédiats, c’est toutefois après quelques mois d’entraînement que les progrès se sont révélés les plus spectaculaires », indique-t-elle. Non seulement les patients ont repris de la masse musculaire et augmenté leur autonomie de mouvement, mais ils ont aussi pu renouer avec certaines activités sociales comme le partage d’une boisson debout à un bar.

L’équipe de l’EPFL espère désormais parvenir à simplifier sa technologie pour qu’un utilisateur puisse la contrôler avec son smartphone. Elle a déjà obtenu l’approbation de la Food and Drug Administration – l’organisme américain chargé d’autoriser la commercialisation des médicaments – pour tester son système dans un essai clinique aux États-Unis. Pour celui-ci, les scientifiques prévoient de se concentrer sur les personnes récemment blessées. Des tests réalisés sur des rongeurs auraient en effet montré que les animaux ont tendance à se réapproprier plus de mouvements avec une stimulation commençant immédiatement après leur blessure. Les scientifiques expérimentent également un implant cérébral capable d’acheminer directement les instructions mentales vers le mécanisme de stimulation de la moelle épinière. Pour eux, cela permettrait de restaurer d’autres fonctions perdues à la suite d’une lésion de la moelle épinière, comme le contrôle de la vessie et la fonction sexuelle.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste