2025 aura offert une moisson de sorties marquantes. Pour aider à choisir le bon cadeau, voici cinq de nos coups de cœur de l’année : deux shōnens, un shōjo, un josei et un seinen, entre débuts de séries et one-shots. Une sélection variée pour trouver le titre qui conviendra à chacun.
1 Kagurabachi, l’héritage du sang
C’est l’histoire d’un Japon où la magie circule dans l’acier des lames. Chihiro Rokuhira, héritier d’un forgeron assassiné, manie aujourd’hui la dernière épée enchantée forgée par son père – une arme aussi lourde à porter que le serment de vengeance qu’il lui a lié. Kagurabachi ne cherche pas à réinventer les fondations du shōnen : il les embrasse et les aiguise, en transformant un récit initiatique classique en chasse sans retour.
Si le récit de vengeance peut sembler balisé, c’est sa mise en scène qui le fait basculer dans une autre dimension. Les ombres cisaillent les planches, avec des combats sans concession et qui n’épargne pas le sang. Hokazono accorde aux armes la même intensité qu’aux émotions : elles prolongent les blessures, la colère et le souvenir. Dès son premier tome paru aux éditions Kana – et désormais suivi de six autres en librairie –, Kagurabachi impose un univers sombre et rigoureux, confirmant l’émergence d’un nouveau nom majeur du shōnen.
2 Wild Strawberry, l’apocalypse florale
Tokyo n’est plus une ville, mais une serre carnivore. Trente-six ans plus tôt, des plantes mutantes ont déferlé sur la capitale et l’ont engloutie sous une floraison incontrôlable. Depuis, la survie est devenue un exercice permanent d’esquive face au pollen. Les « jinka », fleurs parasites, se nourrissent du corps humain, s’y greffent, l’absorbent. Dans ce monde défiguré, Kingo survit avec sa sœur adoptive Kayano, jusqu’au jour où celle-ci est contaminée.
Ire Yonemoto orchestre un chaos magnifique, avec un dessin qui alterne fulgurances et détails organiques. Les corps en transformation, les immensités végétales, les éclairs d’action composent ce shōnen qui flirte avec l’horreur. Wild Strawberry ne se contente pas d’être un récit post-apocalyptique : c’est une histoire de famille, de culpabilité et de survie. Les quatre premiers tomes sont disponibles aux éditions Crunchyroll.
3 Bloom, le printemps du premier amour
Littéralement « floraison » en anglais, Bloom est aussi une histoire de fleurs, mais avec tout le rose, la douceur et la beauté qu’on leur associe habituellement. Rintarō, lycéen imposant et timide, fait la rencontre de Kaoruko, élève du prestigieux lycée Kikyo pour filles. Leur relation se construit au milieu des réputations à défendre, de la peur du regard des autres et du désir de s’accomplir sans trahir ce que l’on est. Adapté récemment en anime et disponible sur Netflix, le manga a trouvé un nouveau public grâce à une mise en scène tout en délicatesse, fidèle à l’esprit de l’œuvre originale.
Saka Mikami livre un shōjo ancré dans les codes du genre – quotidien lycéen, hésitations, premiers émois –, mais avec un regard d’une douceur exceptionnelle. Oui, c’est un peu niais, un peu timide, mais jamais mièvre ni pesant : la gentillesse des personnages, la pudeur des émotions et la sincérité du sentiment donnent à Bloom une lumière rare. Les six premiers tomes sont disponibles en France aux éditions Nobi Nobi.
4 Sorcières, la mémoire des femmes
À travers six récits qui voyagent d’Istanbul à l’Amazonie, Sorcières dépouille la figure de la magicienne de ses clichés pour en révéler la vérité plurielle : guérisseuses, chamanes, femmes bannies, esprits de colère… Ici, la magie n’est pas un spectacle, mais une présence ancienne, inscrite dans les corps, la terre et les rites.
Igarashi explore la puissance du féminin dans toute sa complexité avec un dessin à la hauteur de son ambition. Organique, ondoyant, parfois fiévreux, il fait surgir l’invisible à la surface des planches. Lire Sorcières, c’est accepter un rythme contemplatif, offrant une atmosphère rare. Un josei mystique, magnétique, pour lecteurs en quête d’histoire plus mature. Deux tomes disponibles aux éditions Moon Light.
5 Bota Bota, l’amour sang contact
Connue pour Beastars et Sanda, Paru Itagaki troque cette fois les fables pour l’intimité humaine dans un one-shot abrasif et personnel. Son héroïne, Mako, semble mener une vie parfaitement maîtrisée… à un détail près : au moindre contact jugé impudique, sale ou déplacé, elle saigne du nez. Un handicap absurde qui agit comme métaphore d’une existence gouvernée par le contrôle, la peur du jugement et l’impossibilité de laisser quelqu’un s’approcher d’elle.
Graphiquement, Itagaki avance sur un fil entre grotesque et grâce : visages déformés par l’émotion, gestes amples, silences, humour noir… Son trait expressif épouse parfaitement l’histoire d’un corps qui refuse de se laisser aimer. Court, dérangeant, brillant, ce récit ne cherche ni la consolation, ni le drame facile : il s’inscrit dans cette zone inconfortable où l’intime devient un terrain de lutte.
