Tiger-Heli fait son retour sur Atari 7800 et 7800+ dans une édition « anniversaire » qui colle au jeu d’arcade original. Entre la technique maîtrisée, le POKEY, le défi corse, tous les ingrédients rétro sont là. Le tout sans aucune aide moderne ! Voyons ensemble ce que vaut cet objet à destination des passionnés
Tiger-Heli occupe une place particulière dans l’histoire des shoot’em up : premier titre de Toaplan, il a contribué à définir les codes du genre. Quatre décennies plus tard, Atari et Plaion le ressuscitent sur 7800 et 7800+ grâce à une édition validée officiellement par Tatsujin, détenteur actuel des droits (fondé par Masahiro Yuge, ancien de Toaplan). Pour être bien clair, Tiger-Heli n’est jamais sorti sur la 7800 du « vivant » de ces machines. Il s’agit donc ici d’un portage qui aura mis 40 ans tout rond à se faire ! Dans tous les cas, le but pour Atari et Plaion était clairement de préserver l’âme et le piquant de l’arcade, en assumant les limitations graphiques de la 8-bit Atari. Et surtout, ignorer totalement les facilités contemporaines. Pas de retour en arrière, zéro assistance ; seulement vous, des chars, des balles qui fusent… et des bombes à larguer avec discernement. Voilà pour le parti-pris vraiment rétro.
Un package soigné pour l’univers Atari
Dès l’ouverture de la boîte, la nostalgie opère. Édition cartonée, artwork rétro, notice, étui interne… Atari et Plaion misent sur le « retour vers 1985 » sans en faire des tonnes. La cartouche s’adapte à plusieurs machines. L’Atari 7800 vintage (« d’époque donc), mais également les nouvelles 7800+ et 2600+. Pratique pour ceux qui naviguent entre tube cathodique et écran moderne. Le tarif officiel demeure raisonnable pour une sortie physique, à un peu moins de 29 euros.
L’inscription « PLAION REPLAI 40th Anniversary Collection » dépasse le simple marketing. Nous avons affaire à une recréation réfléchie pour les consoles Atari passées et présentes, en format cartouche, accompagnée d’un conditionnement qui séduit l’œil autant que l’étagère du collectionneur.

Une adaptation 7800 qui revendique ses partis pris
Le 7800 n’a jamais connu le succès commercial de sa prédécesseuse, la 2600. Et on est évidemment encore plus loin de celui de la NES de Nintendo. Voir Tiger-Heli fonctionner correctement dessus, plus de quarante ans après la conception de la console (1984), mérite déjà le respect. L’adaptation exploite toute la largeur d’écran (mode horizontal), contrairement au format vertical originel ; c’est l’écart le plus flagrant, mais la lisibilité reste intacte.

Certes, l’habillage paraît plus rustique que sur borne ; néanmoins, le rythme et les motifs procurent rapidement cette sensation de jouer à l’instinct, caractéristique d’un bon shmup old-school. Détail appréciable. L’audio exploite une véritable puce POKEY embarquée dans la cartouche, luxe rare sur 7800 qui confère grain et ampleur au thème musical.
Le bilan ? Une sensation « arcade-like » étonnante au vu du support, avec l’inévitable dégradation visuelle compensée par une fidélité générale au tempo et aux exigences de l’original. Difficile d’en demander plus à une machine si ancienne sans dénaturer le propos.
Aux commandes
Piloter l’hélicoptère revient principalement à alterner entre rafales de canon et largages de bombes. Subtilité vicieuse selon l’endroit où l’ennemi percute votre appareil, une bombe en attente peut exploser, modifiant subtilement l’approche des échanges tendus. Les power-ups ne relèvent pas du gadget. Les mini-hélicoptères supplémentaires (deux variantes, tir vertical ou horizontal) révolutionnent la physionomie d’un passage, en balayant des lignes de feu qui vous déchiqueraient sinon en quelques secondes. Enfin, les bonus collectés finissent par octroyer des vies additionnelles, ce qui s’avère vite vital dès l’entrée dans les zones denses.
La prise en main se montre immédiate. Déplacements fluides, tirs nets, retour sonore qui « claque » suffisamment pour inciter à repartir après une bourde. Rien d’tape-à-l’œil, juste l’indispensable et la philosophie du portage s’y exprime à chaque instant.
Un défi à l’ancienne, mais équitable
Tiger-Heli version 7800 demeure un jeu de lecture et d’anticipation. Quatre niveaux, entre mer et terre, plus une douzaine de types d’adversaires (véhicules terrestres, aéronefs, tourelles) qui coordonnent leurs tirs pour provoquer les erreurs. Tenterez-vous l’esquive serrée ou lâcherez-vous une bombe « table rase » pour souffler ? Le système de respawn (selon la zone de chute) maintient la pression. Une vie perdue trop en avant sur un motif complexe peut coûter cher. Rien de malhonnête, mais peu de clémence ; à vous d’élever votre niveau et d’optimiser l’usage des satellites, sous peine de vous écraser contre la même péniche ennemie trois fois consécutives.
Les néophytes de l’arcade 80’s risquent de grincer des dents. Pas de ralentis salvateurs, pas de filets de sécurité numériques. C’est précisément l’intérêt de la démarche. Rejouer, sans fard, le contrat originel. Et démontrer qu’un gameplay cristallin peut traverser les décennies sans « artifices ».
7800+ : du confort moderne autour du cœur 8-bit vintage
Ajoutons que la 7800+ se branche en HDMI sur un écran actuel, permet de basculer entre 4:3/16:9, s’alimente en USB-C et accepte le jeu sans fil. L’usage devient simple. Le pad fourni avec une « pastille » vissable sur la croix améliore les diagonales ; pour un shmup, c’est loin d’être négligeable. Cette pastille se retire si vous préférez la croix native. Ce confort périphérique ne trahit pas le jeu ; il le rend simplement plus accessible au salon, sans passer par un tube cathodique.

La musique comme à l’époque
La boucle principale reste brève, mais elle tient remarquablement la distance. On se surprend à la chantonner en relançant une partie. Là aussi, pas de surenchère ; la puce POKEY accomplit sa mission en apportant un relief sonore supérieur à ce qu’on entend habituellement sur 7800. On gagne en couleurs sans transformer l’OST en autre chose.
Face aux versions « arcade perfect » ?
Soyons nets. Si votre but consiste à retrouver l’arcade au pixel près, d’autres voies existent. La compilation Toaplan Shooting Battle 1 sur PS1, Kyukyoku Tiger-Heli signé M2 sur machines modernes, ou l’Evercade Toaplan Arcade 1 garantissent une fidélité totale. Sous cet angle, la cartouche 7800 ne vise pas à les « supplanter ». Mais l’envisager ainsi reviendrait à manquer sa cible. La vraie proposition consiste à pousser un hardware Atari vintage jusqu’à sa limite, et à proposer une véritable cartouche à ceux qui chérissent cet objet.

Il faut dire que ce Tiger-Heli « 40th Anniversary » cible des profils précis. Le joueur Atari qui veut alimenter son 7800/7800+, l’amateur de shmups qui privilégie l’authenticité à la sur-modernisation, et (surtout ?) le collectionneur qui apprécie la belle boîte avec livret. Pour ces profils, l’équation se révèle limpide. Pour les autres, l’existence des éditions « arcade perfect » constitue une alternative sensée.
À l’heure du bilan
Sans renverser la table, ce Tiger-Heli pour Atari 7800 tient bien ses promesses. Un portage propre, exigeant, fidèle à l’esprit Toaplan, qui révèle le potentiel de la machine lorsqu’un développeur déterminé s’attaque à une borne culte. Oui, le rendu visuel ne concurrence pas l’arcade. Oui, les versions contemporaines signées M2 et consorts demeurent les références pour la fidélité brute. Mais ce n’est pas le propos ici. Le plaisir de jeu est bien au rendez-vous d’une part. Et surtout, c’est l’édition physique soignée qui fait prendre tout son sens à cette « re-sortie » anniversaire.
Les plus
• Beau portage 7800
• Jouabilité et challenge très proches de l’arcade
• Puce POKEY sur la cartouche pour la musique
• Packaging et compatibilité (7800, 7800+, 2600+)
• Prix correct
Les moins
• Alternatives « arcade perfect » plus pertinentes si l’on cherche la fidélité absolue
• Difficulté assez corsée et aucune option de confort moderne (rewind, etc.).