Alors que le dernier tome est sorti fin 2021, l’année commence avec la diffusion de l’ultime saison de son adaptation animée, qui tient toutes ses promesses.
L’Attaque des Titans est au manga ce que Game of Thrones est à l’heroic fantasy. Un phénomène interplanétaire qui sort du cercle (déjà large) des initiés pour toucher le plus grand nombre et devenir un objet de pop culture. Outre le coup de projecteur dont l’anime a bénéficié pendant le confinement grâce à sa diffusion sur Netflix, la résonance de son intrigue avec la période trouble que traverse le monde participe à son succès. Ce qu’il reste de l’humanité vit retranché derrière des murs qui la séparent d’un danger mortel : des géants mangeurs d’hommes. Remplacez les gigantesques prédateurs par un virus, et vous obtenez un parallèle visionnaire avec l’actualité. L’aventure ayant débuté 11 ans plus tôt, il serait réducteur et fallacieux de réduire les raisons de l’engouement à cette analogie évidente et facile.
Les ingrédients d’un chef-d’œuvre
Les qualités de l’œuvre de Hajime Isayama sont pléthore. Une fois qu’on accepte d’entrer dans son univers fantastique qui décrit un monde imaginaire, on ne peut que se délecter de ses rouages huilés à l’extrême et guetter les nombreuses références qui s’y cachent. Picturales (la peinture de Goya compte parmi les influences pour le design des Titans), architecturales (une ville allemande entourée d’un mur a servi de modèle à celle des Eldiens), historiques (on pense fatalement au début du XXe siècle et à la Première Guerre mondiale avec les vêtements, les trains blindés et la technologie militaire, et certains personnages renvoient à des figures historiques comme Hitler et Rommel), ou encore mythologiques.
Évidemment, comme pour toute œuvre réussie, le charisme des personnages joue son rôle. On s’attache à Eren, Mikasa et Armin, les amis d’enfance entraînés dans une guerre totale, mais pas que. Les personnages secondaires trouvent leur place dans le cœur du lecteur/spectateur, adversaires inclus. Car dans SNK (acronyme du titre original), le manichéisme est un leurre et l’ennemi n’est jamais vraiment celui qu’on croit.
Des révélations qui invitent à la réflexion
L’écriture du récit, tant sur papier qu’à l’écran, ne laisse rien au hasard. Chaque détail anodin compte et a du sens, quand un des nombreux twists l’éclaire sous un autre jour. À chaque nouveau chapitre, chaque nouvelle saison, les connaissances des personnages à propos de leurs adversaires et de leur monde s’enrichissent et, partant, ce sont les nombreux mystères qui les entourent que nous découvrons en même temps, non sans une jouissive hébétude. Isayama est un auteur construisant son récit de façon à manipuler son public… qui en redemande.
La cohérence des révélations qui mènent au dénouement relève du génie. Au fur et à mesure que l’on s’en approche, les réponses aux nombreuses questions invitent à la réflexion sur des thèmes universels comme le devoir de mémoire, le cycle des erreurs de l’histoire qui entretiennent la haine de l’autre et son corollaire : la guerre. Le tout, mis en scène avec intelligence. Outre la lisibilité des combats acrobatiques et spectaculaires, on en vient à interpréter le moindre geste, le moindre regard, la moindre parole. Et comme tout chef-d’œuvre se doit de réussir son final, l’ultime saison s’emploie à nous le démontrer.
Un démarrage en fanfare pour l’ultime saison
La première partie de la quatrième et dernière saison s’était achevée sur un massacre en règle orchestré par Eren, au cœur du territoire ennemi. Une victoire qui cache un plan bien plus sombre que celui d’éradiquer l’adversaire. Le premier épisode de la seconde partie (épisode 17) s’ouvre sur le désastre dudit plan : si Eren a réussi son coup d’État, l’infiltration d’éléments ennemis suivie d’une attaque de représailles le pousse à la confrontation. Face à son adversaire de toujours : Reiner, le titan cuirassé. Cet épisode apporte un éclaircissement de taille, puisqu’il dévoile le véritable plan d’Eren, qu’on ne vous divulgâchera pas ici. Mais on comprend que sa mise en œuvre rencontrera moult embûches.
À chaque réponse, de nouveaux mystères. Que deviennent Livaï, presque laissé pour mort, et Hanji, qui l’entraîne dans une rivière pour échapper à une exécution sommaire ? L’ennemi fond sur la ville depuis les airs, Eren se retrouve en mauvaise posture face à plusieurs titans ennemis, et c’est ainsi que s’achève l’épisode. Il promet une escalade de batailles épiques menant à un dénouement qu’on devine funeste pour nombre de nos héros. On peut suivre la suite de la saison, chaque semaine, sur les plateformes Wakanim et Crunchyroll.