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Le Conseil national du numérique appelle à remettre les technologies au service de l’attention

13 janvier 2022
Par Kesso Diallo
Des effets néfastes liés aux pratiques des plateformes.
Des effets néfastes liés aux pratiques des plateformes. ©Pixabay

Dans un rapport, le Conseil propose des pistes pour préserver l’attention face aux pratiques des géants du numérique.

Sur Internet, les plateformes ont pour objectif d’encourager les utilisateurs à passer le temps possible sur leurs services. Plus ils y restent longtemps, plus elles se font de l’argent. C’est ce qu’on appelle l’économie de l’attention, un modèle d’affaire qui fait l’objet d’un rapport du Conseil national du numérique. Réalisé par Anne Alombert et Olga Kokshagina, deux enseignantes-chercheuses en philosophie et en management de l’innovation, il alerte sur les conséquences engendrées par les pratiques instaurées par ces sociétés pour capter l’attention.

Les dispositifs qu’elles ont mis en place ont en effet un impact sur les utilisateurs. La réception de notifications les incite, par exemple, à consulter directement leur téléphone. Ils peuvent également développer des comportements compulsifs comme le FOMO (fear of missing out). Cette forme d’anxiété sociale se caractérise par la peur constante de rater quelque chose d’important, poussant une personne à être en ligne de façon très régulière pour se débarrasser de cette crainte.

Capter l’attention au détriment de la santé

En cherchant par tous les moyens à capter l’attention, les plateformes numériques affectent ainsi la santé des individus. Ces derniers passent plus de temps sur leurs écrans, ce qui perturbe éventuellement leur sommeil, leur capacité à travailler et leurs relations sociales. L’économie de l’attention peut même étouffer la curiosité des internautes, avec la recommandation automatique de contenus. « Le logiciel ne devine pas ce que nous cherchons, il nous fait chercher autre chose », indique les deux enseignantes-chercheuses dans leur rapport.

Leur but n’est d’ailleurs pas seulement d’expliquer les conséquences des pratiques des géants du numérique, mais aussi de proposer des pistes pour y remédier, sans « condamner le numérique ou les écrans en tant que tels ni d’imposer des mécanismes d’interdiction massifs ». Elles recommandent par exemple d’obliger les plateformes à informer les utilisateurs des dispositifs de captation attentionnelle mis en place ou de sanctionner les designs abusifs et trompeurs. Elles estiment aussi nécessaire de sensibiliser le public aux enjeux psychiques et sociaux de l’économie de l’attention, à travers des campagnes sanitaires, mais aussi à l’école. Le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi) propose par exemple différents supports tels que la bande dessinée pour éduquer les familles sur les usages numériques. Ce sont des moyens qui permettront de « mettre le design au service de l’attention et non de sa monétisation », explique Olga Kokshagina.

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Kesso Diallo
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Journaliste
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