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Comment la commission Bronner propose de lutter contre la désinformation en ligne

13 janvier 2022
Par Kesso Diallo
Limiter les conséquences de la désinformation.
Limiter les conséquences de la désinformation. ©McLittle Stock / Shutterstock

Le groupe de 14 experts missionné par Emmanuel Macron a rendu son rapport avec une série de recommandations pour lutter contre ce phénomène.

Désinformation, fake news, théories du complot… Plusieurs termes existent pour décrire les fausses informations circulant en ligne et susceptibles d’influencer les internautes. Lancée fin septembre par Emmanuel Macron, la commission « Les Lumières à l’ère numérique » dirigée par le sociologue Gérald Bronner a rendu un rapport ce 11 janvier où elle propose quelques pistes pour lutter contre ce phénomène. Elle reconnaît toutefois qu’il n’existe pas de « solution miracle ». Le document n’a en effet « pas vocation à se poser en juge de vérité ou à éradiquer la désinformation ou la mésinformation en ligne, mais à réfléchir aux moyens techniques, juridiques, sociétaux d’en limiter les conséquences négatives sur la vie démocratique ».

Parmi leurs recommandations, les 14 experts proposent notamment d’engager la responsabilité civile du diffuseur de mauvaise foi d’une fausse information pouvant porter préjudice à autrui, avec la création d’un délit sanctionné selon plusieurs critères comme « le niveau d’audience et de popularité numérique de son auteur ».

Limiter la désinformation sur Internet

La commission Bronner préconise en outre une modification de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse pour permettre à des associations luttant contre la désinformation de saisir les pouvoirs publics lorsque de fausses nouvelles troublent l’ordre public. Elle estime d’ailleurs que ces dernières devraient être considérées comme des contenus répréhensibles dans le Digital Services Act, le projet de loi européen sur les services numériques en cours d’adoption.

Certaines des recommandations incluses dans le rapport ne sont pas nouvelles. Les 14 experts suggèrent par exemple d’encourager les plateformes à ouvrir leurs données aux chercheurs, expliquant que les connaissances au sujet de la désinformation sont lacunaires. Ils proposent par ailleurs un développement de la formation à l’esprit critique et un renforcement de l’éducation aux médias et à l’information, afin de permettre aux adolescents et aux adultes de distinguer le vrai du faux sur Internet.

Pour la commission, il est également nécessaire de revoir le fonctionnement de réseaux sociaux, avec leurs algorithmes. Elle préconise de désactiver par défaut « l’éditorialisation algorithmique », soit le mode choisi par les plateformes pour proposer du contenu aux utilisateurs. Ces derniers pourraient alors « mieux se représenter l’état du réseau et la prévalence réelle des opinions ». Certains réseaux sociaux comme Twitter proposent déjà le choix aux utilisateurs entre un fil chronologique et un fil algorithmique, mais ce n’est pas le cas pour d’autres tels que Facebook ou Instagram, sur lesquels il est compliqué ou impossible d’avoir un classement des contenus n’étant pas effectué par les algorithmes.

À l’approche de l’élection présidentielle, les experts adressent aussi une série de recommandations pour lutter contre les ingérences numériques étrangères. Ils proposent notamment la mise en place d’un « dispositif de coopération entre plateformes, institutions et communauté académique » afin de réagir rapidement aux opérations détectées. Ces préconisations sont justifiées étant donné qu’en 2017, Emmanuel Macron a été victime d’une tentative de déstabilisation avec le piratage de son parti. Pour prévenir les ingérences numériques étrangères, le gouvernement compte d’ailleurs sur Viginum, l’agence créée en 2021 et chargée d’identifier ces menaces.

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Kesso Diallo
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Journaliste
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