Produire sa propre énergie solaire, c’est bien. Mais pouvoir la consommer, c’est mieux. Les batteries, qui permettent de stocker l’électricité produite pour l’utiliser plus tard, offrent de nouvelles perspectives.
En espérant faire baisser leurs factures d’électricité et être moins dépendants des fluctuations des prix de l’énergie, certains Français ont fait le choix d’installer des panneaux solaires photovoltaïques. Toutefois, l’autoconsommation présente certaines limites. Notamment parce qu’il faut consommer un maximum d’énergie aux horaires où on la produit, c’est-à-dire en journée. Mais, selon les habitudes de vie et les équipements dont on dispose, ça n’est pas toujours possible.

Une baisse conséquente du prix de rachat de l’électricité
Le surplus qui n’est pas consommé en temps réel est injecté dans le réseau. En l’occurrence, cette option a perdu de son intérêt depuis le mois de mars dernier, où un arrêté (décret S21) modifie les conditions de rachat de l’électricité. L’obligation de rachat demeure, mais les tarifs changent pour les installations d’une puissance inférieure à 50 kWc (celles qu’on trouve chez les particuliers). Le tarif de rachat de l’électricité pour les « petites » installations inférieures à 9 kWc, l’énergie qui n’est pas immédiatement utilisée est désormais rachetée à quatre centimes d’euros par kWh au lieu de 12,69 centimes auparavant – un tarif divisé par trois, en somme !
Stocker pour consommer ultérieurement
Déjà avant cette baisse tarifaire, autoconsommer l’électricité que l’on produisait sur place et en temps réel était la solution la plus pertinente et la plus rentable. C’est ce qui était conseillé pour couvrir une partie des factures d’électricité sans trop réinjecter dans le réseau. Avec la baisse du prix de rachat –accompagnée d’une baisse des aides – c’est plus vrai que jamais.
La solution qui apparaît évidemment tentante consiste à stocker le surplus chez soi pour le consommer quand on en a besoin. Aux heures d’ensoleillement, celles pendant lesquelles on produit le plus, si tout n’est pas consommé, on stocke les précieux kWh restants pour les utiliser en soirée ou la nuit. De cette manière, on peut utiliser l’intégralité de l’énergie produite. Un rapide calcul suffit à comprendre que revendre le surplus est loin d’être idéal : on revend à EDF OA 0,04 euro le kWh. En l’absence de solution de stockage, si on le tire sur le réseau en soirée, on le paie un peu plus de 20 centimes/kWh, d’après les tarifs EDF à date, voire 24 centimes pour l’offre d’électricité verte.

Mais il y a encore quelques années, les batteries coûtaient vraiment cher. Elles tendent à se généraliser puisque les fabricants sont de plus en plus nombreux à en proposer et plus seulement à travers des solutions installées via des professionnels. Certaines marques s’adressent directement au grand public comme Beem Energy, Sunology, Huawei, Anker Solix, EcoFlow, Zendure ou encore Enphase par exemple.
Des prix qui se démocratisent
En même temps que les offres se multiplient, les tarifs deviennent aussi plus accessibles – même si le budget reste conséquent. Le site spécialisé Eco Infos Energies renouvelables estime qu’en trois ans, la baisse de prix est proche de 30% : « une batterie de 5 kWh, qui valait environ 3045 € en novembre 2021, ne coûtait plus que 2195 € en décembre 2024, soit une réduction de 28% ».

Voici quelques exemples de prix publics conseillés pour se faire une idée : en septembre 2024, Zendure a lancé sa batterie solaire SolarFlow Hyper 2000, présentée comme une solution plug and play avec un prix d’entrée de 1399 euros (en ce moment soldée à 1000 euros). La Storey de Sunology constitue elle aussi une option plug and play : la batterie principale (dite « batterie maître ») est disponible à partir de 1390 euros (2200 Wh).
Quant à Anker Solix, spécialiste de ce type de solutions, l’entreprise propose des batteries (gamme Solarbank 3) à partir de 1500 euros (et 700 euros pour les batteries additionnelles). Mais on trouve aussi des batteries moins chères que cela (moins de 500 euros) ainsi qu’à l’autre bout du spectre, des modèles bien plus onéreux coûtant près de 6000 euros. Par exemple, Beem propose sa Beem Battery à partir de 5390 euros. L’expert de la rénovation énergétique Effy évoque des tarifs pouvant s’étendre de 100 €/kWh stocké à 1300 €/kWh selon les types de batteries.
En effet, les prix varient selon un certain nombre de critères, notamment la technologie de la batterie (il en existe plusieurs : lithium-ion, au gel, au plomb…), sa capacité de stockage, sa capacité de charge/décharge et son rendement. Le nombre de recharges qu’elle peut encaisser, qui a donc une incidence sur la durée de vie, fluctue aussi. Enfin, toutes ne sont pas compatibles avec tous les types d’installations solaires (stations, panneaux sur le toit, kits…).

Signe que les batteries se démocratisent, les offres d’installations solaires qui en incluent sont en voie de développement ; elles sont même largement mises en avant, que ce soit chez EDF solutions solaires, Engie My Power, etc.
Quelle rentabilité ?
Étant donné que chaque kWh produit est consommé, les solutions intégrant une batterie sont attrayantes, mais elles sont aussi plus chères. Alors combien de temps faut-il pour les amortir et sont-elles au final rentables ? Pour le savoir, il faut se livrer à de savants calculs, car cela dépend de nombreux critères dont le taux d’ensoleillement, le prix d’achat de la batterie (très variable), l’économie annuelle réalisée grâce à l’autoconsommation… Zendure, par exemple, affirme qu’une centrale sur un balcon avec des panneaux solaires de 2000 W et un micro-onduleur de 1200 W produit jusqu’à 6,14 kWh par jour, permettant ainsi d’économiser jusqu’à 896 € par an (combinaison Hyper 2000 + deux batteries AB2000), sur la base d’un tarif d’électricité de 0,4 €/kWh.
Quant à Beem Energy, malgré le tarif élevé de sa batterie (le coût total de l’installation avec démarre à 15 000 euros vs 9500 euros sans), la marque parle d’un retour sur investissement en 3 à 4 ans seulement. Pour un foyer de quatre personnes à Nantes équipé d’une Beem Battery, le fabricant a pu observer :
« – une baisse de 70% sur la facture d’électricité contre 30% sans Beem Battery
– 39 697€ d’économies sur 20 ans contre 20 513€ sans Beem Battery
– 24 697€ de gains nets sur 20 ans contre 11 013€ sans Beem Battery ».

Sur son blog, Otovo France (ex In Sun We Trust, spécialiste du solaire résidentiel) livre des chiffres semblables, estimant que grâce à des panneaux solaires et une batterie, on peut économiser jusqu’à 70% sur sa facture d’électricité.
De son côté, l’Ademe avance avec précaution sur le sujet. Dans son avis sur « l’autoconsommation individuelle d’origine photovoltaïque » datant de janvier 2025, l’Agence de la Transition écologique « préconise de rester prudent sur ce choix, la pertinence environnementale de cette maximisation de l’autoconsommation pouvant être questionnée, car ces batteries ont des impacts environnementaux non négligeables, par exemple sur les ressources minérales et métalliques (lithium et graphite notamment) nécessaires à leur fabrication ». Elle suggère plutôt de s’intéresser aux véhicules électriques adossés à un pilotage intelligent. Quant aux offres de stockage virtuel, l’Ademe émet quelques réserves indiquant qu’elles « entraînent automatiquement la perte de plusieurs subventions (prime à l’autoconsommation, obligation d’achat), l’apparition de nouveaux coûts (taxes, forfait d’abonnement selon la quantité d’électricité « stockée » virtuellement, frais supplémentaires…) et peuvent obliger à changer de fournisseur afin de pouvoir souscrire à une offre ».