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Ce groupe a autant d’écoutes sur Spotify que Yoa, pourtant il n’existe pas

01 juillet 2025
Par Pierre Crochart
Ce groupe a autant d'écoutes sur Spotify que Yoa, pourtant il n'existe pas
©The Velvet Sundown

Nous vivons dans une époque où de faux artistes cumulent autant d’écoutes que des vrais, et c’est un énorme problème.

Le nom du groupe évoque, logiquement, celui du légendaire Velvet Underground. Pourtant, sur Spotify, taper ne serait-ce que les premières lettres du groupe fait instantanément apparaître The Velvet Sundown. Un quatuor à l’esthétique délicieusement seventies, qui sortira son deuxième album le 14 juillet prochain. Seulement, aucun de ces musiciens n’existe réellement. Tout le projet émane, vous l’avez deviné, de l’intelligence artificielle.

The Velvet Sundown n’existe pas

On ne peut pas dire que le vernis soit particulièrement tenace. Si la photo de profil du groupe, qui sent l’IA générative à des kilomètres, ne suffit pas à vous mettre la puce à l’oreille, un détour sur la page Deezer de l’album de Velvet Sundown révèle le pot aux roses. La plateforme française s’est en effet récemment dotée d’un outil de détection de musique générée par intelligence artificielle. Sans surprise, les productions du « groupe » se retrouvent épinglées comme telles.

Page deezer d'un album de Velvet Sundown.
Deezer étiquette clairement The Velvet Sundown comme un groupe généré par IA.©Capture d'écran

La biographie du groupe, également générée par IA, fait pourtant planer le doute, allant jusqu’à donner un nom et un historique à chaque membre du quatuor. Mashable s’est penché sur la question pour en avoir le cœur net : aucun n’existe. Les réseaux sociaux du groupe sont par ailleurs totalement vides, bien qu’ils existent et soient mis en avant par Spotify et les autres plateformes de streaming.

Pourquoi un groupe fictif est-il si populaire ?

Aujourd’hui, The Velvet Sundown cumule presque 555 000 auditeur·ices par mois. Yoa, jeune chanteuse française à la carrière prometteuse, les devance de peu avec 575 000 écoutes mensuelles. Comment en est-on arrivé là ?

En ligne, l’enquête s’organise. Et la journaliste de Mashable l’écrit elle-même : oui, les paroles sont passables et la production manque d’ampleur. Mais la musique de Velvet Sundown est… ok. Et cela montre à quel point les outils de génération de musique par IA ont progressé ces dernières années. Pour un auditeur peu attentif qui lance une playlist en fond, il est de plus en plus difficile de se rendre compte que ce qu’il écoute n’est peut-être pas signé d’un être humain.

Mais il ne faudrait pas prendre ce genre de phénomène à la légère. On peut raisonnablement imaginer que la personne qui a fabriqué ce groupe de toutes pièces a aussi recours à des bots pour gonfler les chiffres d’écoutes. La réalité est que ces faux artistes piochent dans le même panier à royalties que des musiciens et musiciennes légitimes, tirant mécaniquement leurs revenus vers le bas.

Si des plateformes comme Deezer s’organisent pour, a minima, empêcher les albums générés par IA de pouvoir prétendre à une rémunération, d’autres comme Spotify ou Apple Music n’ont encore rien dit de leurs plans pour endiguer le phénomène, dont The Velvet Sundown n’est que l’arbre qui cache la forêt.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste