
La plateforme de streaming française avait déjà évoqué son inquiétude face à la prolifération de chansons fabriquées par IA, et va aujourd’hui clairement les épingler pour informer les auditeur·ices.
Deezer révèle que 18 % des nouvelles œuvres mises en ligne chaque jour sur les plateformes sont générées par intelligence artificielle, soit environ 20 000 titres. Une montagne qui, pourtant, n’accapare aujourd’hui qu’environ 0,5 % des écoutes quotidiennes. Reste que la plateforme de streaming estime que la transparence est due à ses abonné·es. Dont acte : les morceaux générés par IA seront désormais clairement labellisés comme tels sur Deezer.
Deezer va épingler les musiques faites par IA
Dans son communiqué de presse, Deezer est fier d’annoncer la mise en service d’un outil destiné à détecter la musique « 100 % générée par les modèles génératifs les plus avancés », comme Suno ou Udio. Un scanner perfectionné, qui entraînera désormais systématiquement l’apposition d’un encart « Contenu généré par IA » sur la page de l’album ou du morceau associé. Cela n’empêche pas les auditeurs et auditrices d’écouter le morceau, mais ils et elles le font en connaissance de cause.
Par ailleurs, Deezer va plus loin en indiquant « exclure les morceaux 100 % IA de ses recommandations algorithmiques et éditoriales ». Cela signifie que la plateforme n’intègre pas lesdits morceaux dans ses playlists les plus populaires, privant ainsi les « auteurs » de ces titres des revenus associés aux écoutes. Une démarche visant à préserver la rémunération des véritables artistes, dont la part des revenus est mécaniquement tirée vers le bas si des morceaux artificiels inondent le marché.
Deezer rappelle à ce titre être la seule plateforme de streaming signataire de la déclaration mondiale sur l’entraînement des IA. Une charte visant à s’engager contre l’entraînement des intelligences artificielles sur du contenu protégé par le droit d’auteur. Si cela peut paraître évident, la plateforme rappelle que plusieurs pays envisagent d’assouplir les règles du copyright afin d’y intégrer les « œuvres » conçues par l’intelligence artificielle.

Pourquoi lutter contre la prolifération de l’IA dans la musique est capital
On l’a dit, lutter contre la prolifération des morceaux générés par IA est important pour préserver les revenus (déjà maigres) que les artistes tirent de leur travail. Il faut voir la rémunération des musiciens comme un pot commun : plus il y a de morceaux, plus la part dédiée à chaque artiste en fonction de leurs écoutes est maigre. En excluant les titres artificiels du bassin de musiques éligibles, Deezer fait donc un pas important en faveur d’une rétribution plus juste de la création humaine.
D’après une étude menée par CISAC et PMP Strategy citée par Deezer, 25 % des revenus des artistes pourraient être menacés d’ici à 2028 à cause des intelligences artificielles – soit environ 4 milliards d’euros.
Par ailleurs, Deezer explique que laisser la porte ouverte aux morceaux générés par IA contribue à la saturation du catalogue des plateformes. « La majorité des morceaux générés par IA mis en ligne chaque jour ne sont jamais écoutés », souligne Deezer, et « jusqu’à 70 % des écoutes de titres entièrement générés par IA sont considérées comme frauduleuses », c’est-à-dire effectuées par des bots dans l’unique but de générer des revenus passifs au détriment de vrais artistes.
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