
Nos usages numériques ont un coût bien réel pour la planète. Bonne nouvelle : il est possible d’en prendre conscience… et d’agir. En commençant par un petit test.
Pas de fumée apparente, pas de moteur qui vrombit ni de plastique qu’on jette à la mer. Et pourtant, votre smartphone, votre ordinateur, vos séries ou votre boîte mail participent, eux aussi, au réchauffement climatique. On parle ici d’empreinte numérique carbone, un terme qui désigne l’ensemble des gaz à effet de serre émis à cause de nos activités numériques. Le streaming, les visioconférences, les recherches sur Google, le cloud, les objets connectés… Tout cela repose sur des serveurs, des câbles et des infrastructures physiques qu’il faut fabriquer, alimenter, refroidir.
Selon le Shift Project, le numérique représenterait déjà plus de 2,5 % des émissions françaises de gaz à effet de serre. C’est un peu plus que le secteur des déchets (2 %). Et la tendance ne va pas s’inverser, avec la 5G, l’IA générative ou les scrolls infinis sur les réseaux sociaux. En France, un rapport du Sénat de 2020 estimait que le numérique pourrait atteindre 7 % des émissions d’ici 2040. Il consomme déjà 11 % de l’électricité de l’Hexagone. Or, nous avons encore du mal à évaluer notre responsabilité individuelle dans cette pollution.

Quel est votre score carbone numérique ?
Pour savoir où vous en êtes, il existe quelques outils simples et gratuits permettant de faire le bilan de son empreinte carbone numérique. On peut par exemple citer le simulateur du site Agir pour la transition, développé par l’Ademe, l’agence de la transition écologique. En quelques minutes, il vous permet d’estimer votre empreinte carbone annuelle liée à votre utilisation du numérique. Le test pose des questions sur vos équipements (nombre d’écrans, durée d’utilisation), vos pratiques (streaming, stockage en ligne, mails, visioconférences) et vos habitudes de renouvellement.
Résultat : un score exprimé en kilos de CO₂ par an, accompagné d’une visualisation simple de la répartition entre équipements, services numériques, réseaux et data centers. L’idée n’est pas de pointer du doigt, mais d’éclairer. On découvre souvent que ce sont nos appareils eux-mêmes – leur fabrication, leur transport, leur fin de vie – qui pèsent le plus lourd dans la balance.
Un autre outil permet aussi de calculer son empreinte numérique au travail. L’occasion de faire le point sur ses pratiques professionnelles : https://myimpact.isit-europe.org/fr/
Cinq gestes simples pour alléger sa facture carbone
Pas besoin de vivre déconnecté·e ou de revenir au Nokia 3310 (même si ça aiderait) pour réduire son impact. Quelques ajustements dans nos usages suffisent à faire la différence :
1. Garder ses appareils plus longtemps
Chaque année gagnée sur la durée de vie d’un smartphone permet de baisser drastiquement son empreinte. En moyenne, un téléphone devrait être conservé au moins quatre à cinq ans pour amortir son coût écologique. Et pourquoi ne pas opter pour du reconditionné lors du prochain achat ?
2. Trier ses mails et désactiver les newsletters inutiles
Oui, votre boîte mail consomme de l’énergie. Pas tant à cause du stockage que du trafic généré par les notifications, les envois multiples ou les pièces jointes. Un bon ménage numérique est aussi bénéfique pour votre concentration que pour la planète.
3. Streamer en qualité standard
Inutile de lancer une série en 4K sur un écran de 6 pouces. La qualité HD classique consomme trois fois moins de bande passante – donc moins d’électricité dans les data centers. Et si vous le pouvez, privilégiez le téléchargement hors ligne.
4. Choisir des services plus sobres
Certains moteurs de recherche comme Ecosia ou Lilo financent des projets environnementaux. Des hébergeurs comme Infomaniak ou Ikoula s’engagent à utiliser des énergies renouvelables. C’est une manière concrète de voter avec son clic !
5. Réduire le recours au cloud
Les services de stockage en ligne sont pratiques, mais énergivores. Pensez à désactiver les sauvegardes automatiques si elles ne sont pas nécessaires, ou à privilégier un disque dur externe pour vos archives.
Passer à l’action, sans devenir un ermite numérique
Le numérique n’est pas l’ennemi. Il a même un rôle crucial à jouer dans la transition écologique, que ce soit pour optimiser des réseaux de transport, démocratiser la connaissance ou suivre l’évolution climatique. Mais il faut apprendre à l’utiliser avec discernement. Cela signifie configurer son smartphone en mode éco, activer le mode sombre, désactiver les applications en arrière-plan ou encore… poser son téléphone plus souvent pour aller lire un livre.
Envie d’aller plus loin ? Des ressources comme le site GreenIT.fr, les rapports du Shift Project ou le livre Tendre vers la sobriété numérique de Frédéric Bordage permettent de creuser le sujet sans jargon. Car dans ce domaine, chaque geste compte. Et la prise de conscience commence souvent par un simple test.