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Où stocker ses données sans passer par les Gafam ? Les meilleures alternatives européennes

22 mai 2025
Par Florence Santrot
Où stocker ses données sans passer par les Gafam ? Les meilleures alternatives européennes
©tete_escape/Shutterstock

Confier ses fichiers à des clouds américains comme Google Drive, iCloud, Microsoft 365 ou Dropbox n’est pas une fatalité. Pour plus de confidentialité, d’indépendance (et même d’éthique), plusieurs solutions européennes émergent. Tour d’horizon.

Entre l’exploitation commerciale des données, le Cloud Act américain, les soupçons récurrents de surveillance et les discours populistes de Donald Trump et ses acolytes, la méfiance monte. À cela s’ajoutent les préoccupations écologiques : les géants du cloud installent leurs data centers là où l’énergie est bon marché, souvent au détriment du climat. Résultat : de plus en plus d’individus, entreprises ou collectivités cherchent des solutions de stockage plus locales, plus transparentes, plus respectueuses.

Clouds européens
©Regissercom/Shutterstock

Et il ne s’agit pas juste de paranoïa : même la Cnil, la Commission européenne ou des associations comme Framasoft appellent à la prudence. La souveraineté numérique n’est plus un gros mot, c’est un enjeu stratégique. D’autant plus qu’il existe des alternatives de stockage en Europe tout à fait efficaces. On fait les présentations.

Sept clouds européens qui n’ont pas à rougir

Face aux géants américains, plusieurs services européens tirent leur épingle du jeu en misant sur la transparence, la sécurité, et parfois même l’écologie. Petit tour d’horizon des plus intéressants.

Infomaniak (Suisse)

C’est l’une des solutions les plus robustes du marché européen. Infomaniak héberge ses serveurs en Suisse, pays non soumis au Cloud Act, et alimente ses data centers avec 100 % d’énergie renouvelable. L’entreprise a aussi banni les logiciels de tracking publicitaire.

  • Espace gratuit : 15 Go pour les mails et le cloud avec kDrive Free. Un calendrier, des contacts et des outils de bureautique sont inclus.
  • Bonus : synchronisation multiplateforme et chiffrement des données en transit.

pCloud (Suisse)

Ce service basé à Lausanne est populaire pour son interface moderne et ses options de chiffrement côté client (notamment l’option pCloud Crypto). Il propose aussi une formule « paiement à vie », qui séduit ceux qui veulent sortir du modèle par abonnement.

  • Espace gratuit : 10 Go (avec 500 Mo de base, puis des paliers à débloquer grâce à quelques actions comme installer l’appli ou inviter des amis) avec pCloud basiques.
  • Bonus : possibilité de sauvegarder automatiquement ses photos, vidéos et documents depuis son smartphone.

Nextcloud/Framadrive (Allemagne/France)

Ce n’est pas un service grand public à proprement parler, mais une solution open source que vous pouvez installer vous-même (ou faire héberger par un prestataire). C’est la référence pour les adeptes de souveraineté numérique.

  • Espace gratuit : dépend entièrement de l’hébergeur choisi. Framasoft propose par exemple Framadrive avec 2 Go gratuit (dans la limite des places disponibles).
  • Bonus : hautement personnalisable, outils collaboratifs puissants.
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Scaleway (France)

Filiale d’Iliad (Free), Scaleway est surtout pensée pour les développeurs et les entreprises, mais elle propose des solutions accessibles techniquement. Son vrai atout : ses data centers écoconçus, avec une politique de transparence poussée sur l’empreinte carbone.

  • Espace gratuit : pas d’offre cloud gratuite à proprement parler pour les particuliers, mais un Free Tier pour tester certains services de stockage objet et d’hébergement.
  • Bonus : technologie française de bout en bout, déploiement rapide.

Synology C2 (Allemagne)

Moins connu du grand public, Synology C2 est la solution cloud du constructeur taïwanais Synology, avec des données hébergées en Europe (Francfort) et une forte orientation sécurité et confidentialité.

  • Espace gratuit : pas d’offre cloud gratuite, mais un essai gratuit de 30 jours. Ensuite, comptez à partir de 11,99 €/mois pour 2 To de stockage (une offre de 500 Gb existe aussi).
  • Bonus : chiffrement côté client, compatibilité avec les NAS Synology et support de services européens (2FA, SSO, etc.).

Leviia (France)

Fondé en 2020, Leviia est un acteur 100 % français du cloud éthique. Ses serveurs sont hébergés exclusivement en France (via la société OVH) et alimentés en électricité verte. L’entreprise met en avant la sobriété numérique, le chiffrement des données et un engagement transparent sur la sécurité.

  • Espace gratuit : il n’existe pas d’offre gratuite, mais il est possible de tester pendant 30 jours et de se faire rembourser si le service ne correspond pas à vos attentes. Tarifs : comptez 64,80 € TTC/an pour 1 To (ou 6 € par mois).
  • Bonus : cryptage AES-256, sauvegarde automatique des fichiers, possibilité de collaboration (partage, commentaires), suite bureautique intégrée et une charte éthique publique.
  • Coup de cœur : Leviia reverse 1 % de son chiffre d’affaires à des associations environnementales et promet une politique sans exploitation des données.

Zaclys (France)

Basée en Bourgogne, l’association Zaclys propose depuis 2008 une suite cloud libre et sécurisée, baptisée Zaclys Suite ou ZSuite. C’est l’un des rares services vraiment militants : pas de profilage, pas de publicité et des serveurs situés exclusivement en France. L’interface est sobre, mais fonctionnelle, avec tous les outils essentiels : fichiers, photos, mail, agenda, contacts, etc.

  • Espace gratuit : 1 Go dans l’offre de base, sans pub, extensible avec une adhésion à partir de 10 €/an.
  • Bonus : solution basée sur Nextcloud, chiffrement SSL, hébergement 100 % français et support humain.
  • Particularité : structure associative à but non lucratif, héberge aussi des alternatives à Google Photos ou Gmail.

Deux bonus pour les pros : Oodrive et Indie Hosters

Si vous êtes une entreprise, une collectivité ou que vous manipulez des données hautement confidentielles, des acteurs comme Oodrive (certifié SecNumCloud) offrent des solutions de stockage 100 % françaises, conformes aux exigences de sécurité les plus élevées. Mais attention : pas d’offre gratuite ici et un positionnement clairement professionnel !

Autre piste à explorer : IndieHosters. Basé en Bretagne, IndieHosters propose un hébergement de services libres (dont Nextcloud) dans une logique coopérative et décentralisée. Pas de Gafam à l’horizon, des données stockées en France et un modèle éthique basé sur la transparence et l’autonomie numérique. Idéal pour les utilisateurs avertis qui veulent allier liberté, sobriété et entraide. À réserver aux profils engagés ou un peu geeks.

Clouds européens
©LALAKA / Shutterstock

Pourquoi c’est une bonne idée de changer

Outre les arguments de souveraineté ou de confidentialité, opter pour un service européen peut aussi être un choix éthique et écologique. Certains services garantissent l’usage d’énergies renouvelables, une traçabilité claire et un support client… qui vous répond sans copier-coller du texte en anglais.

Autre point fort : la conformité avec le RGPD, ce règlement européen sur la protection des données que les services américains ont parfois tendance à contourner. Et puis, choisir une alternative, c’est soutenir un modèle différent, moins axé sur la revente de vos comportements et plus respectueux des libertés numériques.

5 questions à se poser pour bien choisir

Avant de quitter Google Drive ou OneDrive, quelques points à vérifier :

  • Où sont localisés les serveurs ? L’idéal : en Europe (Union européenne ou Suisse).
  • Qui possède les clés de chiffrement ? Vous, ou le fournisseur ?
  • Le service est-il compatible avec vos appareils (ordinateur, mobile, tablette) ? Existe-t-il une suite bureautique intégrée si vous voulez aussi quitter la suite Office de Microsoft, par exemple ?
  • Peut-on facilement collaborer (partage de fichiers, commentaires, etc.) ?
  • Le modèle économique est-il transparent ?

Changer de cloud demande, certes, un petit effort, mais présente beaucoup de bénéfices à long terme. Plus de contrôle, moins de surveillance, et souvent un service tout aussi efficace. Et si vous n’êtes pas encore prêt·e à tout quitter, pourquoi ne pas commencer par stocker vos photos ou vos documents administratifs sur un service alternatif ? Histoire de tester, sans se jeter dans le vide.

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