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Pourquoi TaTa, l’artiste virtuelle de Timbaland fait grincer l’industrie musicale ?

11 juin 2025
Par Sarah Dupont
Pourquoi TaTa, l'artiste virtuelle de Timbaland fait grincer l'industrie musicale ?
©Gorodenkoff/Shutterstock

Début juin, le producteur et rappeur américain Timbaland a ravivé un débat : celui de la place de l’intelligence artificielle dans la création artistique. Avec son nouveau label Stage Zero, il a dévoilé TaTa, une chanteuse entièrement générée par IA, déclenchant une vague de réactions.

Elle s’appelle TaTa, a des cheveux roses, un look de pop star et un visage… généré par ordinateur. Car TaTA n’existe pas. Ou plutôt, elle n’est pas humaine. Créée à l’aide de l’intelligence artificielle via la plateforme Suno, il s’agit de la première « artiste vivante, apprenante et autonome » du nouveau label de Timbaland, baptisé Stage Zero. Son ambition : faire émerger un nouveau genre musical, l’A-Pop, pour Artificial Pop.

Un projet ultra-controversé

Aux côtés du producteur américain, Rocky Mudaliar et Zayd Portillo pilotent ce label conçu pour mêler innovation technologique et musique. « Je ne veux plus seulement produire des morceaux, je veux créer des systèmes, des histoires et des stars à partir de rien », a expliqué Timbaland dans Billboard. Il dit être tombé sous le charme de la voix de TaTa, qu’il juge « incroyable », et se réjouit de la fluidité de leur collaboration.

Le 5 juin, la présentation officielle a immédiatement provoqué une levée de boucliers. L’ingénieur du son Young Guru, collaborateur de Beyoncé et Jay-Z, a vivement interpellé Timbaland sur Instagram : « L’expression humaine ne pourra jamais se réduire à ça !!! » Le rappeur américain Joyner Lucas a commenté « Nah » tandis que la chanteuse française Adi Oasis a dénoncé une injustice envers les artistes réels.

Un malaise plus large dans l’industrie

Au-delà du cas TaTa, c’est l’usage de l’IA dans la musique qui alarme. La plateforme Suno, utilisée par Stage Zero, fait déjà l’objet de poursuites de la part de l’RIAA (Recording Industry Association of America). En cause : son recours à des catalogues existants pour entraîner ses modèles sans consentement ni rémunération. En 2024, Billie Eilish, Damon Albarn et Kate Bush avaient déjà dénoncé une « utilisation prédatrice de leurs voix » dans une lettre ouverte.

Face aux critiques, Timbaland a tenté d’apaiser la polémique dans une série de publications sur Instagram. « Cela ne veut pas dire que je ne travaillerai plus avec de vrais artistes. […] Cela signifie simplement plus de créativité pour les créateurs », avance-t-il. Il assure également ne pas entraîner ses IA sur la musique d’autres artistes.

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Pour ses détracteurs, le concept n’est ni novateur ni inoffensif. Dans un monde musical déjà fracturé par les logiques de plateforme, la création d’une artiste entièrement générée pourrait bien être le signal d’un nouveau clivage : entre ceux qui voient dans l’IA une alliée créative, et ceux qui y perçoivent une menace existentielle.

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