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5 romans pour s’immerger dans la littérature marocaine

09 avril 2025
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Leïla Slimani.
Leïla Slimani. ©Francesca Mantovani/Gallimard

Ce week-end, le maroc était l’invité d’honneur du Festival du livre de Paris. L’occasion de revenir en quelques romans récents sur l’essor d’une littérature en pleine ébullition.

| Ils se sont tant aimés, de Tahar Ben Jelloun

Il est le patriarche, le pionnier, celui qui a ouvert la voie. En 1987, Tahar Ben Jelloun est le premier auteur marocain à remporter le prix Goncourt pour La nuit sacrée. À bientôt 80 ans et presque autant de romans, il continue d’impressionner par son inaltérable soif de raconter. Quelques mois seulement après Les amants de Casablanca – chronique amoureuse et fresque sociale inspirée de Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman, qui narrait la désagrégation d’un couple dans le Maroc d’aujourd’hui –, il offre une suite à un amour qu’on croyait perdu.

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Les années ont passé depuis que le mariage de Nabile et Lamia a volé en éclat. Après sa liaison avec Daniel et le divorce qu’elle a demandé, Lamia a fait l’expérience de la liberté, non sans être chahutée par une société patriarcale, réfractaire à toute idée d’émancipation féminine. Mais lorsque leur route se recroise, la flamme a vite fait de se raviver. Conscients des désaccords et des incompatibilités qui les ont fait sombrer, ils décident alors d’inventer une nouvelle façon de s’aimer.

Donnant à tour de rôle la parole à ses deux protagonistes, Tahar Ben Jelloun construit un habile roman à double fond. Derrière le marivaudage enlevé et les fragments d’un nouveau discours amoureux, Ils se sont tant aimés fait la peinture douce-amère d’un pays en pleine schizophrénie, lancé dans une course effrénée vers la modernité, mais qui traîne comme un boulet au pied une tradition corsetée.

| J’emporterai le feu, de Leïla Slimani

Alors que la prestigieuse réputation littéraire de Leïla Slimani – acquise dès son premier roman Dans le jardin de l’ogre et surtout avec le deuxième, Chanson douce, prix Goncourt 2016 – s’était forgée grâce à une écriture à l’os et des récits au cordeau dérangeants, l’écrivaine s’est lancé, il y a cinq ans, un défi à la hauteur de son talent : libérer sa plume pour peindre une grande fresque romanesque, une trilogie marocaine ample, ambitieuse, mêlant sa propre histoire familiale et la destinée moderne chahutée de son pays natal.

Après un premier tome placé sous le signe de la colonisation et librement inspiré de la vie de ses grands-parents, couple franco-marocain installé à Meknès après s’être rencontré en Alsace aux dernières lueurs de la Seconde Guerre mondiale, et un deuxième mettant en scène leurs enfants, Aïcha et Sélim, pris dans le tumulte de la décolonisation et les affres de l’Indépendance, ce troisième et dernier volet intitulé J’emporterai le feu place la focale sur la troisième génération, celle de l’autrice.

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Ses nouvelles héroïnes, Mia, double de papier non dissimulé, et Inès, sa petite sœur, sont les deux filles d’Aïcha et Mehdi Daoud. Au début des années 1980, dans un Maroc en pleine crise, balloté au gré de la mondialisation, du libéralisme à tout crin et des derniers sursauts de la guerre froide, elles embrassent les aspirations et les idéaux de la jeunesse et se prennent à rêver d’une autre vie et d’un ailleurs.

Avec elles, on parcourt le destin et on partage les questionnements de millions d’immigrés. Peut-on s’intégrer sans se renier ? Comment vivre entre deux pays et deux cultures ? Comment résoudre l’énigme du retour ? Le « grande finale » d’une épopée grandiose, érudite et émouvante. Une aventure hors du commun. Pour le lecteur, mais aussi pour l’écrivaine qui, pour célébrer cette collision entre sa vie intime et la fiction, s’affiche sur la couverture de son livre dans un sublime portrait en noir et blanc.

| Le bastion des larmes, d’Abdellah Taïa

Il y a 15 ans, Dany Laferrière remportait le prix Médicis avec un roman qui creusait les affres de sa double identité, haïtienne et québécoise, au titre évocateur, L’énigme du retour. Une expression entrée dans le langage courant pour raconter la douleur de l’exil, qui fait parfaitement écho à l’entreprise littéraire menée par le romancier marocain Abdellah Taïa. L’armée du salut, Une mélancolie arabe, Celui qui est digne d’être aimé : nombre de ses récits sont des fresques familiales mâtinées d’autofiction et mettant en scène des personnages tiraillés entre deux cultures, qui se débattent avec leurs origines, leur sexualité (il est le premier auteur de son pays à avoir revendiqué son homosexualité et à en faire le sujet de ses histoires).

Dans ses livres, une ville natale comme un personnage, Salé. Le bastion des larmes fait d’ailleurs référence à un des monuments de la cité, une forteresse érigée pour commémorer un massacre perpétré par les Espagnols en 1260 qui conduisit à l’enlèvement de milliers de prisonniers dont les familles pleurèrent, en regardant la mer, l’impossible retour.

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Youssef revient pour la première fois à Salé, 25 ans après l’avoir quittée. Sa mère vient de mourir et, avec ses six sœurs, il doit solder l’héritage familial. Plus encore que les souvenirs de famille, ce sont les fantômes qui l’assaillent. Et notamment celui de Najib, son premier amant qui, lui aussi, vient de mourir. C’est auprès de lui qu’il a véritablement pris conscience de son homosexualité, c’est à ses côtés qu’il a subi les humiliations et la violence auxquelles le Maroc d’Hassan II les condamnait. Devenu un caïd, ce dernier avait choisi d’emprunter la voie de la vengeance. Youssef lui, délaisse avec ce retour la fuite pour le pardon. Notamment envers ses sœurs, incapables de le protéger, mais héroïnes de son enfance qui irradient chacune de ses pages. C’est d’ailleurs aux sœurs d’Abdellah Taïa que le livre est dédié. Elle est si belle, la collision entre fiction et réalité.

| Souviens-toi des abeilles, de Zineb Mekouar

Publié dans la formidable pépinière de talents qu’est le label littéraire La Grenade, Zineb Mekouar avait fait sensation avec La poule et son cumin (2022), récit croisé de deux destins de femmes, l’une héritière d’une grande famille, l’autre fille de domestique, qui contenait en son sein tous les paradoxes du Maroc contemporain, pris en étau entre tradition et modernité, fracturé par les discriminations sociales et économiques, en pleine guerre des sexes. Elle continue ici à creuser son sillon littéraire avec une virée sauvage en territoire berbère, à la découverte d’un trésor méconnu, le rucher d’Inzerki, plus ancien rucher collectif du monde, perché sur les montagnes du Haut Atlas.

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C’est au milieu des abeilles qu’Anir grandit, fasciné par les richesses de la nature et bercé par les légendes de son village ; trop petit, surtout, pour voir le silence pesant qui règne autour de sa famille et de sa communauté. Souviens-toi des abeilles est un troublant mélange des genres, une fable écologique autant qu’un drame familial fiévreux où les secrets de la mère et ceux de la terre s’entrechoquent, où la nature enivrante et l’intime bafoué se fracassent dans un ballet de beauté et de douleur.

| Tout le bruit du Guéliz, de Ruben Barrouk

Dans Tout le bruit du Guéliz, le jeune écrivain, né en France, raconte le voyage initiatique qu’il a entrepris au Maroc en 2022. Inquiet pour Paulette, sa grand-mère juive séfarade, protagoniste inoubliable de cette histoire, Ruben Barrouk se rend avec sa mère à Marrakech pour s’enquérir du mal étrange dont elle prétend être atteinte. Depuis plusieurs semaines, elle se dit poursuivie jour et nuit par un bruit sourd, incessant, un barouf qu’elle seule entend. Une fois sur place en effet, aucun signe de « l’odieux tortionnaire » et, très vite, l’auteur et sa mère percent le mystère. Si Paulette est submergée par un silence assourdissant, c’est parce qu’elle dialogue avec les morts, pas avec les vivants.

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Gardienne des traditions et de la mémoire juive dans un quartier du Guéliz chargé d’histoire, mais devenu le symbole d’un Maroc qui galope à tout crin vers la modernité, cette femme bouleversante, fantasque, habitée, convoque les fantômes de sa vie pour rejouer les joies et les peines d’une époque révolue. Par amour pour elle, mais aussi pour se reconnecter à ses racines perdues, Ruben Barrouk accepte un rôle dans son petit théâtre des souvenirs.

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