
L’adaptation du manga de Satoru Nii poursuit sa course à l’écran. L’épisode 14, diffusé le 3 avril sur Crunchyroll, ouvre l’arc Keel et annonce une suite aussi cohérente qu’exaltante, tant sur le plan narratif que visuel.
Après le succès surprise de la première saison au printemps 2024, Wind Breaker revient ce mois-ci pour un second round. Toujours produit par le studio CloverWorks, le premier épisode de cette nouvelle salve – qui est en réalité le quatorzième de la série – a été diffusé le 3 avril sur Crunchyroll. Une suite attendue, à l’image du phénomène qu’est devenu cet anime de castagne pas tout à fait comme les autres.
Une histoire de baston… mais pas que
À première vue, Wind Breaker ne révolutionne pas le genre : bastons entre lycéens, testostérone à gogo, règlements de comptes dans des ruelles sombres… Une thématique qui a été labourée jusqu’à la corde, de Crows à l’immanquable Tokyo Revengers. Et pourtant, la première saison est parvenue à s’en extraire, en partie grâce à sa direction artistique.

Le studio CloverWorks livre une animation fluide, dynamique. Les couleurs, étonnamment pastel par moments, tranchent avec la violence affichée à l’écran et offrent une atmosphère plus nuancée qu’il n’y paraît. La série prend même le temps de respirer, de s’attarder sur les regards, les silences, les hésitations. Ce n’est pas qu’une bagarre géante entre garçons mal lunés : il y a un vrai souffle, une envie, quelque part, de dire autre chose.
Des bases scénaristiques connues
L’histoire suit Haruka Sakura, lycéen solitaire fraîchement transféré au lycée Fûrin, repère notoire de délinquants. Armé d’un look atypique (yeux et cheveux bicolores) et d’un sérieux complexe de supériorité, il espère se faire un nom à la force de ses poings.

Mais très vite, il découvre que les élèves de Fûrin, réunis sous la bannière de Bofurin (signifiant wind breaker, soit « brise-vent »), ne se battent pas pour dominer, mais pour protéger. Contre toute attente, ces durs à cuire forment une milice locale qui défend les plus vulnérables de leur quartier. De quoi bousculer les certitudes du jeune Sakura et poser les bases d’un récit initiatique plus subtil que prévu.
Un casting attachant malgré quelques regrets
Si le personnage principal peine parfois à convaincre – Sakura reste un archétype, plus « stylé » qu’émouvant –, d’autres figures parviennent à tirer leur épingle du jeu. Hayato Suô, au style posé et au sens de l’humour salvateur, ou encore Hajime Umemiya, leader rieur à la chevelure argentée et à l’autorité magnétique. Oui, ce dernier coche toutes les cases du personnage « Gojo-like », mais ça fonctionne. Le spectateur s’attache rapidement à cette bande oscillant entre loyauté et fêlures cachées.

Quelques ombres au tableau néanmoins : les antagonistes manquent souvent de nuances, réduits à des caricatures de « méchants méchants ». Et puis, difficile de ne pas remarquer l’absence quasi totale de femmes dans cet univers qui fleure bon la testostérone. Même si Fûrin est de fait un lycée pour garçons, un léger rééquilibrage serait le bienvenu, mais demeure peu probable.
Un crescendo de violence dans la saison 2
Le dernier épisode de la saison 1 annonçait la suite avec efficacité : Sakura, fraîchement nommé capitaine de classe, se voyait propulsé dans une mission de sauvetage après l’agression brutale de son camarade Anzai. Derrière cette attaque : le groupe Keel, gang rival à la violence exacerbée.

Ce second volet reprend exactement là où le premier s’était arrêté : au cœur d’un affrontement sanglant entre Keel et Fûrin. Le premier épisode, Colère, donne le ton. Un huis clos dans un hangar délabré, une lumière crue, une ambiance étouffante et une scène de combat tendue qui occupe l’intégralité de l’épisode. L’animation continue d’exceller dans le détail des mouvements, le découpage précis, les ralentis sur les regards.
Une maturité à gagner
Sakura semble avoir gagné en maturité. Il agit, décide, mais laisse encore trop souvent ses émotions guider ses poings. L’intervention musclée de Ren Kaji, étudiant de deuxième année et délégué des premières, vient le lui rappeler.
Quant aux membres de Keel, ils se distinguent par une cruauté débridée : attaques dans le dos, coups de batte en traître, sourires sadiques… Là encore, la subtilité n’est pas de mise, et certains personnages, dissimulés sous des capuches clonées, manquent de personnalité. Un choix compréhensible vu leur nombre, mais un peu regrettable.
Une suite explosive en vue
Malgré quelques effets spéciaux discutables – notamment dans les prises de vue aériennes – et un premier épisode volontairement confiné, cette suite s’annonce comme une montée en puissance. Le nouvel opening, d’une grande qualité visuelle – sans atteindre le niveau exceptionnel du premier –, suggère une évolution notable dans le ton et les enjeux.
Plus sombre, plus adulte peut-être, sans perdre ce mélange étrange et attachant de violence brute et de tendresse pudique, Wind Breaker n’a pas fini de surprendre. Il confirme, avec cette deuxième saison, qu’il est bien plus qu’un simple clone de Tokyo Revengers. Il est peut-être, tout simplement, son successeur le plus pertinent.