Une version contemporaine dessinée par l’artiste Jul reprenant les textes originaux à destination d’une classe de CM2 a été supprimée.
Comme chaque année depuis 2018, l’opération Un livre pour les vacances offre aux élèves de primaire un classique de la littérature réinventé à découvrir en vacances et en famille. Cette année, le dessinateur Jul (à ne pas confondre avec le rappeur), devait livrer sa propre version de La belle et la bête dans une toute nouvelle bande dessinée, en se basant sur le texte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, datant de 1756.
Cependant, après avoir reçu la copie, l’Éducation nationale a décidé d’annuler la distribution dans les classes de CM2, estimant que le ton de la bande dessinée n’était pas adapté à un public si jeune.
Dans son itération de La belle et la bête, Jul dépeint une version contemporaine du conte. Belle prend des selfies, ses sœurs acariâtres sont accros aux réseaux, les échanges se font via zoom tandis que leur père est un marchand alcoolique se faisant livrer des contrefaçons. Si le ton contemporain n’est pas reproché par l’Éducation nationale, le second degré trop poussé et la représentation de certains éléments (dont l’alcool et les réseaux sociaux) ne conviendrait pas au public visé.
Interrogé par plusieurs médias, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a notamment indiqué sur Europe 1 : « Jul a beaucoup de talent, il manie l’ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n’est pas adapté. Mais c’est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre ». L’Éducation nationale estime, en effet, que la BD conviendrait aux élèves en fin de collège ou aux lycéens et qu’elle ne peut correspondre à l’opération Un livre pour les vacances, qui n’est pas forcément accompagnée pédagogiquement et laisse la liberté aux primaires de découvrir seuls les œuvres données.
Une décision que désapprouve l’auteur
Jul, ancien dessinateur de Charlie Hebdo, scénariste des derniers Lucky Luke et créateur de Silex and the City, regrette la décision. Sa version de La belle et la bête a été imaginée, selon lui, comme une représentation fidèle de ce que les écoliers peuvent voir chez eux.
Il déplore ainsi une forme de censure, et affirme à l’AFP selon BFM que « la seule explication semble à chercher dans le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui. Les prétextes fallacieux et pour partie mensongers invoqués pour justifier la censure ne tiennent pas la route une seconde devant l’examen du livre en question, espiègle, tendre et féerique ». Sa version de La belle et la bête devrait néanmoins bien être éditée, mais dans un autre cadre.
